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Robert Lassus/ Transporteur en retraite: une vie sur les routes du Maroc
Publié dans La Gazette du Maroc le 24 - 04 - 2009

Il a connu le Maroc des cartes postales de collection en noir et blanc. Robert Lassus aime à remonter le temps. 80 ans de souvenirs, de joies et de peines. Parti «de moins que rien» comme il le dit lui-même, il profite d'une agréable retraite dans la Palmeraie de Marrakech.
Il est sans doute l'un des plus anciens Français de Marrakech. Robert Lassus, jeune arrière grand-père de 80 ans est né à Safi en 1928. La famille s'installe à Marrakech en 1930. Robert n'a plus jamais quitté la ville ocre. En réalité l'arrivée de la famille Lassus au Maroc tient à une drôle d'histoire : Albert, le père de Robert, débarque à Safi en 1920 après une sombre affaire de vendetta. L'homme était compagnon charpentier à Bordeaux, et fabriquait des cercueils au moment des ravages de la grippe espagnole qui décima une importante partie de la population. Son destin va changer quand son frère fut attaqué et qu'il décida de le venger. C'est donc pour fuir la police qu'il s'embarque à bord du premier navire en partance, destination Safi. Fraîchement débarqué, Albert fait la connaissance d'une jeune Espagnole, Maria de la Luz qu'il épouse. Une nouvelle vie commence. Albert est un bosseur. Il travaille à la douane, et construit même deux maisons au dessus du port. Mais le climat côtier ne lui est guère favorable et sa santé est fragile depuis qu'il avait été gazé à Verdun au cours de la 1ère guerre mondiale. Le couple décide donc de s'installer avec leurs deux enfants à Marrakech. Et c'est bien à Marrakech que remontent les premiers souvenirs de Robert, il y a plus de 70 ans. Une enfance pas tout à fait comme les autres puisque le jeune garçon souffre de l'autorité et du caractère irascible de son père. «J'étais au lycée Mangin, raconte t-il, et contrairement à mes petits camarades, je n'avais pas droit aux vacances. Mon père me forçait à travailler et me casait dans des entreprises. J'ai dû faire plein de petits boulots et je n'ai pratiquement pas de souvenirs de vacances. Finalement, je ne regrette pas, parce qu'à 20 ans, j'étais déjà un homme, un dur à cuire». Malgré cela, Robert aime raconter sa jeunesse. «Le Marrakech de ma jeunesse était extraordinaire. Si j'ai appris l'arabe littéraire à l'école, c'est le dialectal que j'ai appris dans la rue, et ça m'a rendu bien des services de pouvoir parler la langue du pays. J'ai été élevé au sirop de la rue, à cette époque il y avait très peu de voitures et notre terrain de jeux c'était la rue. Nous inventions des jeux avec des noyaux en guise de billes, nous jouions au foot toute la journée et nous formions des équipes de quartier…» Sa passion pour le foot le mènera même jusqu'à l'ASM Marrakech. Brevet élémentaire, puis brevet industriel en poche, Robert entre à 20 ans dans une usine de plastique avant de s'engager au service militaire qu'il effectuera au 2ème régiment des tirailleurs marocains. C'est à cette époque qu'il rencontrera sa première épouse, une jeune veuve dont il adoptera les deux enfants, et avec laquelle il aura une fille. Robert est chauffeur routier. Pour nourrir la petite famille installée modestement dans la médina, il roule jour et nuit pour transporter différents minerais. «J'ai dû dormir pendant cinq ans dans le camion, poursuit Albert. Je mangeais du pain, des olives et du raisin et avec les sous que je gagnais je faisais des courses dans les souks pour que les enfants ne manquent de rien». Un jour, il achète un camion, pour se mettre à son compte. «Je m'en souviens comme si c'était hier, dit-il en riant. C'était une vieille ferraille, un Diamant T. Je peux vous dire que je connais par cœur les mines du sud, de Fint à Saghro, les routes, les pistes de la vallée du Dadès, celles autour de Ouarzazate…» Mais la vie ne lui fait pas de cadeaux : il perd sa femme et deux de ses enfants. Comme il n'est pas du genre à se laisser abattre, il se réfugie dans le travail. Ce sera payant : la compagnie minière d'Agadir remarque son courage et son honnêteté. Elle lui confie sa flotte de camions. Deux autres exploitants miniers feront la même chose, la société Farnos et l'Union Minière de l'Atlas Occidental. Le voilà à la tête d'une entreprise qui commence à prospérer. Jusqu'à la rencontre avec un certain M. Zaïd avec lequel il va s'associer pour créer les Transports Menara. Contrats fructueux, construction de l'aéroport et du port d'Agadir, travail avec le promoteur français Bouygues. Entre temps, Robert a refait sa vie. Il a épousé Nicole, une Alsacienne qui l'a suivi au Maroc et qui veille sur la très belle maison qu'ils ont achetée dans la Palmeraie où ils reçoivent les cinq petits enfants et les quatre arrière petits enfants. Ses moments de loisirs, il les consacre à la course automobile, une passion qui lui a fait décrocher des titres et coupes -2ème au championnat du Maroc sur racer, 3ème en 1966, champion du Maroc en 67, champion formule 3 à Monaco en 68 sous les couleurs marocaines, champion du monde de karting…- D'ailleurs il s'inscrirait bien au Grand Prix de Marrakech qui commence dans quelques jours. Jamais Robert Lassus n'a pensé quitté le Maroc, même au moment de la fin du Protectorat qui a vu les Français partir en masse, ni même au moment de sa retraite en 1967. Même s'il déplore la métamorphose qu'a subi Marrakech depuis plusieurs années. «Ça n'a plus rien à voir avec le Marrakech de mon enfance, regrette t-il, vous vous rendez compte que j'ai connu la Renaissance qui n'était qu'une baraque en tôle où l'on servait des sardines grillées, et le vieux marché de Guéliz qu'ils ont fait disparaître… Je suis Français, précise t-il, mais je suis né ici. J'y ai mes amis, je suis parti de zéro pour pouvoir vivre aujourd'hui décemment à force de travail et de volonté. J'aime ce pays, j'y suis chez moi et j'y resterai jusqu'à la fin de ma vie. Inch Allah !». n

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