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Une exclusion programmée
Publié dans La Gazette du Maroc le 10 - 03 - 2003


Entretien avec le Docteur Malika Naciri
Médecin spécialiste, leader d'opinion dans son domaine professionnel, présente sur le champ politique depuis l'université, membre fondateur du FFD, fondatrice et coordinatrice nationale du secteur féminin, Malika Naciri a également été candidate aux élections municipales de 1992 et 1997 et législative directes et indirecte de 1993 et 1997. Malgré un CV aussi brillant, elle a été écartée de la tête de liste nationale.
La Gazette du Maroc : que s'est-il passé au juste ? Pourquoi le choix de la tête de liste a été porté sur Bouchra Khyari ?
Malika Naciri : ainsi en a décidé une partie de la direction du FFD et parce que Bouchra Khyari porte un nom populaire selon ses propres affirmations.
Je saisis l'occasion pour me prononcer, avec 5 mois de recul sur une prise de position arbitraire qui, qu'on le veuille ou non, a secoué le FFD et indigné l'opinion. Je me dois de dire la vérité d'abord à nos militants et à toutes les femmes qui se sont battues pour un droit de cité dans l'espace politique. Je le dois aussi à tous ceux qui, en ces moments difficiles, m'ont témoigné par dizaines leur soutien et leur solidarité.
Je dois rappeler que dans tous les partis politiques, il n'y a jamais de consensus sur tout. Il existe au sein de la direction du FFD un courant conservateur qui a accueilli avec beaucoup de résistance la présence des femmes dans une proportion assez honorable, surtout lors du 1er congrès. Dès lors, il fallait à tout prix abattre celles qui étaient responsables de cette mutation.
A partir de ce moment-là a commencé une véritable chasse aux sorcières menée par une coalition décidée à couper toutes têtes qui dépassent et étouffer toutes les voix contestataires. Aussi, j'ai été dès lors interdite d'activité locale, interdite de tribune, dépouillée de responsabilité nationale et toutes les manifestations qui portaient ma signature étaient sabotées et boycottées. Certains d'entre eux m'ont ouvertement menacée de ne pas figurer sur la liste nationale dès que l'option du quota s'est répandue. On te cassera, m'a dit l'un d'eux.
Je dois rappeler que ce sont les femmes de ma génération, et toutes celles qui ont investi très tôt le champ politique, bravé toutes les résistances, et affronté un électorat, qui n'est pas toujours acquis ni à la politique ni à la cause des femmes. Nous avons donc défendu le principe du quota pour briser les résistances et permettre aux militantes d'arriver enfin à concrétiser leur rêve.
Quel bilan faites-vous de l'application du système du quota lors des dernières législatives ?
Même si le quota n'est qu'une mesurette pour pallier la discrimination, il n'en demeure pas moins une revendication militante, une avancée considérable, un acquis historique qu'aucun dirigeant n'a le droit de dévoyer ni de détourner à quelque fin que ce soit.
En ce qui me concerne, je n'ai malheureusement pas pu faire valoir les critères objectifs de choix de tête de liste tels qu'ils sont mentionnés dans le pacte d'honneur signé par les partis politiques. Je dois avouer également qu'au sein du FFD, aucun appel à candidature n'a été lancé, aucun recensement des compétences nationales n'a été fait et il n'était pas question d'instituer une commission habilitée à statuer objectivement sur la composition de la liste. J'étais la seule candidate à avoir remis un CV à chacun des membres du bureau exécutif, démarche qui a été très mal accueillie. A ma grande surprise, l'idée de passer d'emblée au vote a été avancée fin août par le secrétaire national lui-même au cas où, a-t-il dit, les femmes du bureau exécutif ne parvenaient pas à un accord entre elles. A mon insu, et depuis longtemps, une campagne de dénigrement était menée contre moi. De politique, il n'était point question.
Le 23 août, le bureau exécutif, réuni à la moitié de ses membres, pressé d'en découdre, a réglé en 30 minutes un problème national. Le secrétaire national n'a pas pris position, n'a pas participé au vote étant donné que sa propre sœur était candidate. Mais je dois le remercier d'être courageusement sorti de sa neutralité pour empêcher que le massacre ne continue et que je sois reléguée au énième rang. N'ayant obtenu que 2 voix, j'ai décidé de me retirer de la liste avant les élections, considérant qu'un profil comme le mien ne méritait de siéger ni au bureau exécutif ni au parlement.
Il est inadmissible qu'un manquement aussi grave à la politique et à l'éthique soit livré à l'opinion publique dans un emballage démocratique et justifié auprès de mes proches par un certain comportement relationnel. Je dois dire que la démocratie est comme la loi. Tout dépend entre quelles mains de juges vous la remettez.
A la fin de cette petite séance de démocratie, le meneur de ce jeu de massacre m'a conseillé de retenir la leçon qui m'a été administrée ce soir-là.
Quelle est donc cette leçon ?
Sans doute, la leçon qu'il voulait me donner est qu'une femme en politique ne doit jamais aspirer à dépasser le but fixé pour elle par les hommes. J'ai surtout retenu qu'il ne faut pas avoir raison avant les autres et qu'au lieu de convaincre, une femme doit surtout savoir faire aussi du lobbying et de jouer la séduction, surtout lorsqu'on est bien placé dans un parti politique. Moi, je vous avouerai que mon éducation et mes principes ne m'autoriseront jamais à user de ces pratiques. De mon côté et avec le recul, je donnerais un conseil utile à mes amis du FFD : il ne faut jamais s'écarter des principes, ni perdre de vue les objectifs politiques lointains, et que la loyauté et la fidélité sont des qualités essentielles dans la politique comme ailleurs.
Le plus burlesque dans cette affaire, c'est qu'une bonne partie de ceux qui m'ont combattue, n'ayant pas récolté les bénéfices secondaires de leur vote d'allégeance, sont allés tenter leur chance ailleurs, abandonnant derrière eux leur égérie d'hier. Les uns après les autres m'ont présenté leurs excuses.
Quels sont vos projets après avoir vécu une si dure épreuve ?
Il n'est pas toujours nécessaire d'ouvrir un registre de commerce pour s'exprimer ou pour militer. Je reste convaincue, malgré ma profession qui demande beaucoup d'énergie et de disponibilité que je saurai toujours me rendre utile. J'ai toujours pensé que les politiques doivent accompagner le discours d'action de proximité et que les citoyens attendent d'eux des améliorations dans leur quotidien. Ceci m'a confortée dans ma détermination à poursuivre nos activités dans le domaine associatif et humanitaire. Dans cette commune, où je réside et où je travaille, j'ai tissé depuis dix ans des liens de proximité très étroits avec beaucoup de composantes de la société civile que ce soit dans le domaine éducatif, dans le domaine de la lutte contre la pauvreté ou de la préservation du patrimoine et de l'environnement.


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