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Histoire d'une relation dangereuse
Publié dans La Gazette du Maroc le 21 - 04 - 2003


Le syndicat et la politique
“Noubir Amaoui est la seule personne capable de préserver l'équilibre”. Ironie du sort, Taïeb Mounchid qui a lancé, à travers notre journal daté du 17 juin 2002, ce dernier appel au secrétaire général de la CDT, vient lui-même d'accéder à la tête de la nouvelle centrale syndicale, la Fédération démocratique du Travail.
Née le week-end dernier, après une longue mésentente avec les proches d'Amaoui, la FDT est venue justement pour contrer l'appétit toujours grandissant du mastodonte qui a fini par faire l'OPA sur la centrale ouvrière, proche de l'USFP en particulier et de la gauche en général. Ainsi prend fin un cycle politico-syndical et un autre commence.
L'histoire tumultueuse du rapport syndicat-parti est aussi vieille que celle de la politique au Maroc. C'est presque une constante nationale : les syndicats marocains dépendent des partis politiques. Signe de l'évolution sociale et historique ou émanation de la nature de l'Etat, le syndicalisme marocain a toujours pesé sur l'échiquier politique. D'où la relation de l'USFP et du syndicat. Elle a, effectivement, toujours été au cœur du parcours du parti socialiste marocain. Depuis la direction bicéphale de l'Union nationale des forces populaires (UNFP), l'ancêtre de l'USFP, dans les années soixante jusqu'au Vème congrès du parti en mars 89.
Retour en arrière. Mai 1955. La classe ouvrière marocaine, ses cadres et ses responsables, créent la centrale syndicale l'UMT. Deux vieux routiers de la lutte sociale prétendent au secrétariat général : Taïeb Ben Bouazza et Mahjoub Benseddik. Les congressistes dans leur grande majorité choisissent Ben Bouazza. L'autre candidat se rebiffe et décide de déclarer la scission au cas où on valide les résultats du vote. En fait, Mahjoub Benseddik table sur deux atouts. Le premier : la centrale naissante ne peut souffrir une scission qui aura pour répercussion la démocratisation des troupes ouvrières; le deuxième : le soutien politique des leaders du parti de l'Istiqlal à l'époque. Avec Mehdi Ben Barka à leur tête. Tactique réussie, elle aboutira à l'élection de ce natif de Meknès. Quatre années plus tard, feu Abderrahim Bouabid et l'aile politique déclarent la création, en janvier 59, de l'Union nationale (UNFP). Une occasion pour le SG de l'UMT de rappeler que “ l'UNFP est née dans les locaux de l'UMT, créée par les cadres de l'UMT et un journal est imprimé par l'imprimerie de l'UMT ”. En clair, le syndicat a créé le parti, une conviction qui aura une incidence beaucoup plus concrète lors du 2ème congrès de l'UNFP en 1962.
Révision de la stratégie
L'UMT qui tenait à l'époque le haut du pavé, y a pesé lourd et su, par son poids et les manœuvres de ses partisans, Benseddiq à leur tête, imposer ses hommes à la direction. Une situation qui finira par “hypothéquer” l'action du parti, entre autres. S'ensuit un long processus qui a conduit les jeunes cadres du parti à revoir leur stratégie et les modalités du travail. Ils ont trouvé dans Omar Benjelloun l'idéologue (au sens noble du terme) et l'homme du terrain qui a su donner un coup de barre plus à gauche à l'UNFP. Résultat : au milieu des années 70, l'UNFP devient l'USFP. Du coup, d'un parti d'opposition “terminale ” et plutôt au gré des vagues contestataires, naquit un parti aux contours politiques et organisationnels plus définis. Cela a un nom : stratégie de lutte démocratique. C'est la première clarification idéologique qui, après un parcours du combattant très nourri, rompt avec le populisme, le putschisme et le verbe révolutionnaire lénifiant.
Sur le terrain, ladite stratégie s'est traduite par la création en 1978, de la CDT.
Noubir Amaoui, à l'époque militant de la base, est choisi à sa tête. Au fil du temps et de la lutte politique, la CDT gagne du terrain, elle devient le bras séculaire de l'USFP. Elle est même perçue par ses inconditionnels, incontournable dans l'équation politico-syndicale au Maroc. La centrale va bien à Amaoui et il compte l'utiliser dans la “guerre des clans ” qui commençait à faire parler d'elle au sein de l'USFP. La confrontation est dans l'air, elle éclatera un beau jour de mars 1989, date du Vème congrès. A l'époque, le tonitruant chef de file de l'aile dite syndicale prend le parti en otage. L'histoire raconte que feu Abderrahim Bouabid, s'est contenté de dire : “le destin veut que nous verrons deux fois la même chose”. Allusion au IIème congrès de l'UNFP et … à Mahjoub Benseddiq !
Dénouement : Amaoui est élu, à côté du plus fidèle de ses lieutenants, Abdelmjid Bouzoubaâ, membre du Bureau politique.
S'ensuivent douze années de fluctuations et de guerres de tranchées. La suite fait désormais partie de l'histoire contemporaine du pays. Les annales politiques retiennent de ses hauts et ses bats un sigle : CNI, le Conseil national ittihadi, le parti-syndicat que N. Amaoui appelait de ses vœux. La boucle est bouclée. L'histoire, comme le prédisait feu Bouabid se répète : Benseddik croyait avoir créé l'UNFP, Amaoui a créé l'USFP. La direction de la CDT a cru même faire et défaire les élites : du parti et du pouvoir. Ce qui faisait dire au leader syndical : “c'est -nous la CDT- qui avons apporté l'alternance”.
Pour la direction de l'USFP, issue du VIème congrès, l'analyse est faite sous un autre angle. Héritière d'une longue tradition politique Bouabidienne, la plus haute instance du parti a opté pour “ un syndicat indépendant, non un syndicat qui soit intégré dans nos structures de la même manière que l'est le parti travailliste britannique où l'adhésion se fait par l'intermédiaire d'un syndicat qui adhère directement au parti ”. Ce choix a maintenant un nom : la FDT. Il a aussi une culture : la primauté du politique sur le syndical. Là aussi c'est une clarification idéologique, la deuxième en son genre dans l'histoire du parti qui a dicté, et donc programmé le divorce entre deux options. Celle social-démocratique, et celle ouvriériste. Plus concrètement : très à cheval sur sa culture protestataire, la CDT est devenue un facteur politique inhibiteur, dans ce sens qu'elle n'a pas pu s'adapter aux exigences de la transition démocratique.
En d'autres termes, la nouvelle construction politique requiert un nouveau syndicat, où il est question de rapport non organique entre parti et syndicat. A retenir surtout que “ c'est la démocratie interne qui a fait éclater au grand jour la crise de la CDT ” commente T. Mouchid qui ajoute : “ la CDT était réduite à un simple appareil sclérosé ramené à revoir les calculs politiques du bureau exécutif ”.
La fédération est là pour redresser la barre, et donc, faire de l'indépendance syndicale une réalité bien marocaine. Pour ses militants “ les nouveaux statuts internes constituent des garde-fous efficaces contre tout dérapage ”. Seront-ils suffisants ? L'avenir jugera. Mais une chose est sûre : les temps ont changé, la culture syndicale aussi. Personne n'a droit à l'erreur.


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