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Entre la réconciliation et l'autocritique
Publié dans La Gazette du Maroc le 16 - 06 - 2003


Chabiba Islamiya, nouvelle version
Le mouvement de la Chabiba Islamiya avait assurément besoin de plus de temps pour mieux analyser la réalité de la société marocaine afin d'élaborer de nouvelles méthodes d'action. Pour ce faire, l'occasion du décès de feu S.M Hassan II devait constituer une nouvelle étape durant laquelle l'organisation a commencé à réfléchir sur une autre stratégie allant de la réconciliation avec le pouvoir à la nécessité de faire son autocritique.
La quête de la réconciliation
A l'annonce du décès de feu Hassan II, le mouvement de la Chabiba Islamiya s'est orienté vers la proclamation de sa renaissance. Ce nouveau positionnement devrait s'effectuer selon les règles de "l'ère nouvelle". Cela s'est traduit par deux positions claires: l'attachement à la continuité et le rejet de l'idéologie de la violence.
La continuité
La continuité du mouvement de la Chabiba Islamiya doit s'effectuer à travers deux mécanismes: la restructuration et la dénonciation de toute tentative d'absorption du mouvement.
En ce qui concerne le premier mécanisme, la Chabiba a entamé sa restructuration dans le sens d'une nette distinction entre l'organisation et son fondateur Abdelkrim Moutiï. Ainsi, ce dernier deviendra Mourchid amm ( guide spirituel), Hassan Abderrahmane-trésorier, et Mouhcine Bennasser- adjoint du secrétaire général et porte-parole officiel.
Pour le deuxième mécanisme, la Chabiba a dénoncé vigoureusement les tentatives d'absorption lancées par le mouvement Al Badil Al Hadari. Cette dénonciation s'est effectuée à travers deux niveaux:
• Le rejet de la thèse d'Al Badil Al Hadari affirmant son droit, en tant que fondateur, à écrire l'histoire de l'expérience du mouvement de la Chabiba.
• La rupture totale avec Kamal Ibrahim, naguère le deuxième homme du mouvement, qui a rallié par la suite Al Badil Al Hadari dont il deviendra un guide spirituel.
Kamal Ibrahim devait expliquer que son adhésion à Al Badil Al Hadari était le résultat d'une profonde réflexion qui s'est étalée sur trois ans. Dès la création d'Al Badil Al Hadari, plusieurs de ses disciples l'ont contacté pour le convaincre de les rejoindre. Ces militants, selon lui, s'étaient illustrés par leur fidélité à l'esprit du mouvement de la Chabiba, mais tout en opérant leur autocritique de l'action menée en son sein. Pour lui, Al Badil Al Hadari a réussi à édifier une pensée propre qui a contribué à instaurer un équilibre entre l'opposition aux orientations du pouvoir sans pour autant tomber dans le piège de l'appel à la violence.
La rupture de la Chabiba avec Kamal Ibrahim a été telle qu'il a été accusé de servir d'agent des services de sécurité. C'est dire le fossé qui les a séparées définitivement.
Le rejet de l'idéologie de la violence
Le mouvement de la Chabiba Islamiya a confirmé son rejet de l'idéologie de la violence. Ainsi, il s'est disculpé de l'assassinat d'Omar Benjelloun considérant que certains actes terroristes ont servi de prétexte pour ternir l'image de la Chabiba et l'évincer du champ politique. La Chabiba devait, dans ce contexte, s'attacher à une ligne médiane islamique authentique qui rejette la violence et l'excommunication. Le mouvement a même adopté une position à l'égard de la question féminine considérant que la femme subit la discrimination, l'exploitation et l'esclavage. La Chabiba a même dénoncé dans ce domaine l'approche de deux courants. Le premier est constitué d'associations féministes qui ne distinguent pas, selon la Chabiba, entre le droit et le devoir. Le deuxième est constitué de mouvements excommunicateurs et s'adonnent à une propagande stérile.
Depuis le décès de S.M. Hassan II, tous les communiqués de la Chabiba Islamiya étaient empreints d'un esprit conciliateur. Ce mouvement explique ses positions par la nécessité pour le Maroc d'unifier ses rangs en vue de défendre son intégrité territoriale. Il prône l'ouverture d'un dialogue serein avec les autorités pour jeter les bases d'une confiance mutuelle. Il a même revendiqué la levée du blocus imposé à Abdesslam Yassine et la libération de tous les prisonniers politiques ainsi que le retour des exilés.
L'autocritique
En l'an 2000, Abdelkrim Moutiï publie un ouvrage intitulé "Fikh Al Ahkam Assoultaniya" (jurisprudence du pouvoir) . Cet ouvrage constitue, à coup sûr, une autocritique déclarée quant à l'action et l'expérience de la Chabiba Islamiya et du mouvement islamiste en général. En fait, Moutiï critique sa propre expérience et considère que le mouvement islamiste a besoin d'une "boussole" théorique qui puisse orienter son action. Pour lui, depuis le début, il fallait répondre à une interrogation essentielle: "entre un gouvernant et un régime, que devrions-nous choisir en priorité?". "Devrions-nous choisir un Khalife ou un Khilafat ? Devrions-nous choisir un gestionnaire des affaires de la jamaâ ( nation) ou un mode de gestion ?". Moutiï estime que le point faible du mouvement islamiste contemporain se situe au niveau de son appel à l'instauration d'un système politique ambigu. Son analyse le conduit à critiquer sévèrement toutes les approches des théoriciens de l'islamisme notamment Al Moudoudi et Sayyed Qotb. Pour lui, toutes ces approches sont restées prisonnières de la pensée traditionnaliste axée sur un gouvernant et un gouverné, alors que l'essentiel, pour lui, est d'élaborer une nouvelle approche qui institue un régime politique islamique basé sur la "Choura" et non pas sur la démocratie. Mais Abdelkrim Moutiï tient à clarifier ses positions à ce niveau, notamment en soulignant que les islamistes ne sont pas contre la démocratie en s'alignant sur le despotisme. Ils sont contre l'esprit despotique et de prééminence du pouvoir engendrés par la démocratie. Pour lui, la démocratie occidentale avait réussi à réduire le despotisme sans pour autant l'éradiquer. D'où vient la nécessité d'instaurer le système islamique de la Choura qui met fin à toutes les formes du despotisme et assure l'égalité entre tous les citoyens. "Il n'y a ni gouvernant ni gouverné. C'est un système qui distribue les services à tous les niveaux".
Cependant comment Moutiï conçoit-il un système basé sur la Choura coranique? Pour instaurer ce système, Moutiï estime qu'il est nécessaire de se doter de mécanismes de changement, d'outils d'édification et d'une structure sociale, économique, politique et culturelle qui puisse garantir la pérennité.
Les mécanismes de changement consistent, selon lui, à élaborer une vision politique claire du régime islamique qui bannit tout penchant vers le despotisme et l'humiliation. Par conséquent, il est nécessaire d'insérer cette vision dans un processus de rééducation mené par des hommes capables de le traduire dans la réalité. Le premier jalon de l'édification institutionnelle et sociale pour la pérennité du projet est l'instauration du système de l'authentique Choura qui doit s'étendre à tous les niveaux et toucher les foyers, l'école et la société entière.
Donc, cet ouvrage de Moutiï démontre toute la métamorphose de sa pensée. Moutiï n'est plus l'activiste qui voulait changer le régime par la force. Il se transforme en théoricien qui essaie d'élaborer une nouvelle vision politique islamique. En fin de compte, sommes-nous devant la fin du mouvement de la Chabiba islamiya ou devant une renaissance de cette organisation? L'avenir le dira.


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