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L'Islamisme élitiste
Publié dans La Gazette du Maroc le 07 - 07 - 2003


Al Badil Al Hadari et le Mouvement pour la Oumma
Si l'islamisme populaire s'exprime, par des nuances, à travers le mouvement de la Chabiba islamiya et l'association d'Al Adl Wal Ihsane, au Maroc, l'islamisme élitiste est représenté par deux autres mouvements: Al Badil Al Hadari et le Mouvement pour la Oumma.
Ces deux mouvements sont issus de la scission provoquée au sein de la Chabiba islamiya, mais sont dépourvus d'un large prolongement populaire. Cet islamisme élitiste s'illustre par la reproduction du discours de la gauche islamisée telle que la Tunisie l'a connu.
De même que son apport idéologique dépasse de loin son apport politique et son discours s'approche beaucoup plus de celui du courant laïc démocratique.
Al Badil Al Hadari
Le Mouvement Al Badil Al Hadari (Alternative civilisationnelle) a été créé à Fès le 22 octobre 1995 et s'est tracé les objectifs suivants:
• Contribuer au développement social et civilisationnel de la société marocaine.
• S'intéresser à toutes les questions qui touchent à la société marocaine.
• Ouvrir le dialogue avec toutes les composantes nationales en vue de coopérer et résoudre les questions d'intérêt commun.
• Contribuer à résoudre les problèmes qui entravent le développement de la société marocaine.
• Contribuer à l'amorce du dialogue entre les peuples et les civilisations.
La grande majorité des membres d'Al Badil Al Hadari est issue de la Chabiba Islamiya et a désigné Kamal Ibrahim, naguère numéro deux de la Chabiba, en tant que père spirituel. Ce mouvement édite une publication intitulée "Al Jisr" (Le pont) qui reflète ses positions officielles.
Devant les difficultés qui entravent l'unité de l'organisation, Al Badil Al Hadari en appelle à mieux investir l'opportunité du pluralisme islamiste susceptible de mieux encadrer les larges couches de la population pour qu'elles exercent leur foi selon leurs besoins et attentes. Cependant, pour ce mouvement, il est nécessaire d'immuniser ce pluralisme par trois conditions:
• Améliorer la communication entre les différentes composantes afin d'éviter
les amalgames, les incompréhensions débouchant sur des confrontations et de mieux utiliser les expériences mutuelles.
• Elaborer une charte d'honneur qui doit comporter un certain nombre de règles morales respectées par toutes les composantes islamistes et selon laquelle chaque organisation doit considérer que les différences constituent une matière pour l'encouragement de l'Ijtihad.
• Coordonner les actions en vue d'aplanir les différences, de démanteler les barrières psychologiques entre les militants des différentes composantes et prospecter les compétences afin de mener des actions de formation de proximité.
Comme on peut le constater, le Mouvement Al Badil Al Hadari, qui est dirigé par Moustapha Almouatassim, se veut un courant islamiste moderniste qui tend à concurrencer les courants de la gauche marocaine à travers quatre niveaux: analyse de la réalité, définitions des outils de résorption de la crise, élaboration de la tactique politique et définition des objectifs du changement.
En ce qui concerne l'analyse de la réalité, Al Badil Al Hadari estime que la volonté populaire a été de tout temps bafouée, notamment par le truquage des différentes consultations électorales et considère que les disparités de classes ont sérieusement paupérisé la grande majorité de la population tout en octroyant à une infime minorité la part du lion des richesses nationales.
Pour ce qui est des outils de résorption de la crise, Al Badil Al Hadari revendique, à l'instar de la gauche, la réforme politique à travers une révision constitutionnelle basée sur la séparation des pouvoirs en vue d'édifier une nouvelle Monarchie constitutionnelle qui supplante le Makhzen traditionnel. Ce processus devrait conduire à instaurer une véritable démocratie où seront garanties les libertés d'expression et d'association et l'égalité entre les citoyens. Dans le domaine économique, Al Badil prône la libération de l'économie nationale de l'emprise des institutions financières internationales et revendique l'élaboration d'un projet de développement qui s'appuie sur les potentialités et les richesses nationales. Dans ce cadre, le capital national devrait recevoir tout l'appui nécessaire pour une meilleure compétitivité.
Dans le domaine des droits de l'Homme, le mouvement revendique le droit d'association, la clôture définitive des dossiers des ex-prisonniers politiques, exilés et disparus et prône le respect du principe de l'égalité de chance pour tous les citoyens. Enfin, dans le domaine social, le mouvement revendique la mise en place d'un système de solidarité sociale pour améliorer le rendement des secteurs sociaux vitaux tels la santé, l'éducation et l'emploi.
D'autre part et en ce qui concerne la tactique politique, le mouvement se rapproche de près de la vision de la gauche puisqu'il rejette le changement en dehors du système soit au nom de la violence révolutionnaire, soit au nom du Jihad. Il prône, en effet, le changement à travers l'alternance politique.
Au niveau des objectifs pour le changement, Al Badil Al Hadari, à l'instar de la gauche, revendique l''édification d'un Etat de droit, des libertés, de démocratie et de justice.
Cependant, il faut noter à propos de ce dernier point, que l'édification de cet Etat constitue pour la gauche un choix stratégique, alors que pour cet islamisme moderniste, c'est un choix tactique. Cela relève beaucoup plus du marchandage politique.
Le Mouvement pour la Oumma
Le Mouvement pour la Oumma a été créé en novembre 1998 par Mohamed Ben M'barek El Marouani qui avait clairement défini sa position par rapport au pluralisme. En effet, El Marouani considère que l'Islam n'est la propriété de personne et que l'action islamiste n'est l'apanage de personne. A partir de là, le pluralisme islamiste est une question naturelle puisqu'elle repose sur l'Ijtihad et donc la différence d'appréciation et d'interprétation des textes et de la réalité. Et pour que le pluralisme soit sain et constructif, il doit reposer sur certaines règles dont :
• La fraternité islamique, la coopération et la saine émulation.
• La recherche des points de convergence et ceux qui consacrent la différence pour bien gérer le dialogue entre les différentes composantes.
En ce qui concerne la question du pluralisme, El Marouani définit trois catégories d'origines :
• La nécessité de distinguer entre deux éléments qui sont le référentiel islamique et l'appartenance civilisationnelle. Or, il n'y a aucune contradiction entre ces deux éléments puisque le référentiel est commun et l'appartenance à la Oumma est, elle aussi, commune.
• Les divergences ne peuvent se situer qu'au niveau de l'Ijtihad autour des questions politiques et culturelles. Pour dépasser ces divergences, un dialogue entre les Islamistes est nécessaire, mais à défaut, il faut bannir toutes les formes d'animosité pour assurer un pluralisme sain en attendant la maturation des conditions objectives de l'union.
• La deuxième catégorie concerne deux questions qui sont d'abord le degré de compréhension du texte qui aplanit les divergences puisque le référentiel est commun et ensuite le degré d'appréciation de la réalité qui peut être source de divergences autour du pouvoir politique et ce qui en découle comme différences de comportement et leurs conséquences.
Par conséquent, c'est conscient de la nécessité du pluralisme que le Mouvement pour la Oumma a vu le jour. Celui-ci a défini, à ce sujet, trois raisons majeures :
• La première a trait à l'unité organisationnelle qui doit, avant tout, comporter un contenu puisque à défaut de plate-forme minimale, il n'y aurait aucune raison pour entamer l'action.
• La deuxième raison a trait à la nécessité de contribuer à l'encadrement de la renaissance islamique. A cet effet, le Mouvement pour la Oumma veut contribuer à l'encadrement de larges couches de la population qui n'ont pas été visées par les autres organisations islamistes. En effet, cette renaissance islamique est un grand chantier
qui nécessite plus d'organisations et d'encadrants.
• La troisième raison souligne la nécessité pour le Maroc de franchir une nouvelle étape politique. A cet effet, les membres du Mouvement doivent être des acteurs actifs pour que le changement préconisé soit mis à l'abri des dérapages et des manipulations.
Quelle est donc la valeur ajoutée de ce mouvement?
Tout d'abord, celle-ci se situe au niveau de son appellation qui fait référence à l'idée que la Oumma n'a pas encore recouvré son pouvoir et demeure prisonnière de l'hégémonie des gouvernants qui ne respectent pas les règles et les constitutions qu'ils ont élaborées. C'est pour cela que le mouvement essaie de répondre à une question centrale à savoir comment faire pour restituer à la Oumma son pouvoir ?
En effet, cette restitution est un préalable à la réconciliation entre l'Etat et la Oumma, pour que l'Etat puisse s'identifier au projet global de la Oumma. Or, d'après El Marouani, cette question n'a jamais figuré à l'ordre du jour des autres organisations islamistes. Et pour aboutir à la concrétisation de cet objectif, le Mouvement a défini trois priorités :
• Etablir des rapports avec toutes les composantes qui partagent la vision du Mouvement et ses objectifs transitoires.
• Renforcer la présence du Mouvement au sein du collectif associatif en vue de renforcer l'immunité de la société, notamment en s'activant davantage dans les milieux politiques, culturels et de défense des droits de l'homme.
A signaler toutefois que la quasi majorité des membres fondateurs du Mouvement pour la Oumma est issue, à l'instar d'Al Badil Al Hadari, de la Chabiba Islamiya
et édite un organe périodique appelé "Annabaâ" ( L'information).


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