Maroc : Après les fuites de Jabaroot, Benkirane exige la démission du ministre de la Justice    Officiel : Neil El Aynaoui rejoint l'AS Roma    Polisario: Los opositores denuncian el veto de Brahim Ghali para un congreso extraordinario    Argentina invites economic leaders to join trade mission in Casablanca    Polisario leadership rift deepens as Brahim Ghali blocks extraordinary congress    Aéronautique : Boeing conclut un pacte industriel avec Alphavest pour cinq centres d'excellence    Polisario : Les opposants dénoncent le véto de Brahim Ghali pour un congrès extraordinaire    Argentine : Une mission commerciale attendue au Maroc    Gaza : Troisième phase de la campagne marocaine d'aide humanitaire    Afrique du sud : Le parti de Cyril Ramaphosa réagit à la visite de Zuma au Maroc    Chypre: Erdogan insiste sur une solution à deux Etats pour l'île divisée    Le régime algérien incendie délibérément la Kabylie, encore une fois    Nouvel investissement chinois renforçant le positionnement du Maroc comme hub industriel régional dans l'industrie automobile    Basket/Division Excellence hommes : L'AS Salé rejoint le FUS Rabat en finale    Les droits de douane américains risquent de repousser à 2027 la croissance au Mexique, selon JP Morgan    Produit haineux de Boukharrouba , Chengriha et Tebboune, le « Nouvel homme algérien »    MadfooatCom conclut un accord stratégique avec Attijariwafa Bank pour déployer des solutions de paiement électronique    Les autorités marocaines contiennent un incendie forestier aux abords de Tétouan    Superman de nouveau en tête du box-office nord-américain    C'est officiel : Neil El Aynaoui rejoint l'AS Roma avec un contrat jusqu'en 2030    Secteur minier : Le Maroc au cœur de la sécurité alimentaire mondiale    Massad Boulos bientôt au Maroc et au Maghreb dans le cadre d'une tournée régionale    Le Maroc se positionne comme un « marché stratégique » pour l'Argentine    Le Maroc, un « marché stratégique », selon le ministère argentin des AE    Sahara : Face à l'implacable réalité, Abdelmadjid Tebboune n'a d'autre choix que le déni !    Basket / DEX(h) : Le FUS surclasse le MAS pour une place en finale des play-offs    Basket / Finale .Première division : Aujourd'hui , ''CODM - Rabita'' pour le sacre dès 18h00 à Salé    Justice, corruption et polémique : Ouahbi se confie en exclusivité à Hespress    Des milliers de Marocains dans les rues de Rabat en soutien à Gaza    Brahim Díaz à Malaga pour la 2ème édition de son campus « Mentalidad Brahim »    Foot: La sélection marocaine des joueurs locaux s'impose face au Burkina Faso    Deux puissants séismes au large de l'Extrême-orient russe, alerte au tsunami    La France interdit l'usage du téléphone portable dans les collèges dès la prochaine rentrée scolaire    Torre Pacheco, Espagne : Quand l'extrême droite sème la haine et cible les Marocains    Le Maroc s'affirme, grâce à la Vision Royale éclairée, comme « le pays phare » en Afrique    Températures prévues pour le lundi 21 juillet 2025    Brice Soccol sur CNews salue l'essor diplomatique du Maroc grâce au roi Mohammed VI et déplore l'isolement algérien régional    Accident mortel à Casablanca : La Justice dément le vol d'organes de la victime    MAGAZINE - Souheil Ben Barka : fluide planséquence    Diaspo #398 : De la Belgique au Maroc, Sarra El Massaoudi célèbre Nos Héritages migratoires    CAN de rugby à XV (Ouganda-2025) : le Maroc termine à la 6è place    Le temps qu'il fera ce dimanche 20 juillet 2025    Une mère accuse le vol d'organes de son fils décédé : le parquet de Casablanca dément et rétablit les faits    Cinéma : Voici les projets admis à l'avance sur recettes au titre de la 2e session de 2025    Cinéma: La Commission d'aide dévoile sa liste    Le Maroc et l'UNESCO annoncent une nouvelle alliance pour promouvoir le développement en Afrique par l'éducation, la science et la culture    Pose de la première pierre du projet de valorisation du site archéologique de Sejilmassa    Festival : Jazzablanca, un final éclatant de stars et de jeunes talents    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La nouvelle ligne de démarcation
Publié dans La Gazette du Maroc le 09 - 02 - 2004


Après la réforme du Code de la famille
La réforme de la Moudawana, entrée en vigueur après son adoption au parlement, constitue une avancée considérable. Elle trace une frontière entre une évolution démocratique pluraliste de la société et un passéisme voué à l'extrémisme. Beaucoup dépendra des moyens et de la mobilisation au service de son application efficiente.
L'adoption par le parlement du nouveau Code de la famille et la réaffirmation par le Souverain de sa détermination à en assurer la mise en œuvre, sont la conclusion d'une décennie de luttes des mouvements d'émancipation de la femme et de résistances conservatrices. Devant l'ampleur de ces dernières, la réforme de la Moudawana constitue une avancée qui semblait des plus improbables.
Basée sur une interprétation souple du malékisme avec des emprunts à la jurisprudence hanéfite, la nouvelle Moudawana est en nette rupture avec le statut d'infériorité réservé de manière anachronique aux femmes. Le Maroc figure désormais parmi les très rares pays musulmans ayant enregistré un tel progrès.
La nouvelle phase qui s'ouvre sera dominée par les modalités et la pratique réelle liées à l'application de cette nouvelle loi. Le poids des pesanteurs mentales et sociales sur lequel les tenants du conservatisme s'appuient de façon plus ou moins ouverte, constitue un obstacle non négligeable. La présence suffisante et l'efficience des juridictions dont relève l'application de cette loi seront déterminantes. Il est évident que l'enjeu politique sous-jacent aux confrontations sur la Moudawana n'en reste pas moins présent sous le voile du consensus affiché sur la réforme adoptée.
Au cours des travaux au parlement sur les aspects civils et procéduraux de la Moudawana, les amendements proposés par le groupe du PJD ont, pour la plupart, visé à atténuer, sinon à escamoter l'acquis principal de la réforme, à savoir l'égalité des droits et des obligations entre hommes et femmes. A propos de la tutelle, la position de ce groupe allait nettement à l'encontre du principe majeur conférant à la femme le droit de contracter mariage elle-même ou d'en charger librement un membre de sa famille. La résistance à cette disposition a conduit les députés du PJD à s'abstenir de voter l'article 25 consacrant ce droit. La même réticence fut manifestée pour s'opposer au caractère exceptionnel de la polygamie et à un partage équitable entre les divorcés des biens accumulés après le mariage. Au total, les députés du PJD se sont abstenus de voter quelque 21 articles même si, en fin de compte, ils ont participé au vote à l'unanimité sur l'ensemble de la Moudawana.
Réticences d'arrière-garde
Gênés aux encoignures, les porte-parole du PJD font valoir que celle-ci est restée dans “le cadre du référentiel islamique” et qu'elle n'a pas aboli la polygamie ni la tutelle, ni la répudiation ni même la prééminence (qawâma) de l'homme puisque celui-ci a la charge de subvenir aux aliments après le divorce.
Le “plan d'intégration de la femme” préparé par le gouvernement Youssoufi est, par contre, l'objet du défoulement des rancœurs accumulées : il est encore voué aux gémonies sous prétexte qu'il serait d'inspiration étrangère et qu'il avait été préparé sans la participation des Foqahas et des organisations islamistes. Ce qui fait dire aux détracteurs de ces dernières que “en vérité, la question du référentiel islamique est un faux prétexte car jamais celui-ci n'a été mis en cause par personne, la preuve en est que la réforme actuelle a permis d'avancer dans le sens des revendications concernant l'émancipation des femmes”.
Au cours de la campagne virulente menée, depuis 2000, par le PJD, rejoint par Al Adl wal Ihsane qui ne voulait pas être débordé sur son propre terrain, aucun des points de la réforme actuelle n'avait été revendiqué par ces organisations, pas même dans le cadre du “référentiel islamique”. Leur attitude virulente visait uniquement à maintenir inchangé le statut de la femme dans la famille et la société alors même que les réalités avaient sensiblement évolué.
Plus surprenante est l'attitude affichée par les représentants de Al Adl wal Ihsane. C'est du bout des lèvres que certains concèdent que la réforme est, en principe, acceptable. La plupart cependant s'en tiennent à une attitude plutôt négative, en répétant que sans un changement de l'ensemble des structures de la société et sans une rééducation morale de tous et de chacun, aucune réforme partielle ne saurait être effective. Etrange maximalisme qui refuse tout allègement des injustices et abus endurés par les femmes dans la réalité actuelle, tant que l'utopie adliste n'aura pas été instituée. En réalité, sous ce radicalisme sans propositions concrètes se perpétue le même conservatisme de traditions que l'on veut surcharger idéologiquement.
Membre du secrétariat de l'instance politique de ce mouvement, Mouna Lekhlifi s'en prend surtout au fait que des “anomalies” ont parsemé le parcours de la réforme de la Moudawana. Elle conteste le recours à l'arbitrage royal puis la création par le Roi d'une commission de révision, et enfin la supervision et l'amendement par une commission du Cabinet royal du texte du rapport final. (N° spécial de “Attajdid” de février 2004).
Position inconfortable
Ainsi ni le “plan” préparé par le gouvernement Youssoufi, ni le principe de l'arbitrage, ni la réforme adoptée grâce à ce dernier, malgré les résistances qui ont longtemps paralysé la commission de révision, ne sont au goût de Al Adl wal Ihsane qui concède, cependant, que “la solution doit être recherchée par l'ensemble des tendances du pays dans le cadre d'une charte qui les unirait sur la base de l'Islam”.
Les incohérences que révèlent les réactions tant du PJD que de Al Adl où le souci d'un conservatisme dogmatique se voile sous un pragmatisme consensuel pour le premier et un radicalisme quasi-anarchiste pour le second, sont assez significatives.
Ces mouvements ne peuvent s'opposer ouvertement à la réforme adoptée. Même si celle-ci suscite des réserves, il faut, selon Ahmed Raïssouni, du Mouvement Unité et Réforme, convenir avec une tradition ancienne des Ulamas que “la sentence du Souverain lève le différend” tant qu'elle n'est pas en opposition avec les textes religieux fondamentaux.
De même pour Al Adl, il ne faut pas s'enfermer dans une confrontation qui, dans le contexte de l'après-16 mai, pourrait s'avérer dangereuse.
Cependant, en renonçant aux positions sur lesquelles ils ont mobilisé leurs bases, ces mouvements sont conduits de facto à reconnaître que ces questions sont relatives et non pas sacrées. La remise en cause du statut traditionnel de la femme ne peut plus être assimilée à une remise en cause des fondements religieux. Il y a là une marge d'incertitude qui ne manquera pas d'affecter la perception des adeptes de ces mouvements. La dimension politique variable des attitudes vis-à-vis des dogmes, auparavant objet de surenchères, aujourd'hui matière à concessions et compromis rhétoriques, ne peut plus être masquée. On entre ainsi dans l'ère des vérités sociales et politiques relatives que l'on ne peut plus sacraliser même si on veut toujours se parer du “référentiel islamique” (celui-ci du reste apparaîtra de plus en plus comme étant pluriel et non pas unique).
Il est évident que les attitudes les plus figées n'auront plus pour expression que celle des tendances extrémistes, takfiristes, plus ou moins engagées dans la filière terroriste.
Les mouvements islamistes conservateurs “modérés” se retrouvent ainsi pris entre une déflation de leur discours rigide sur la femme (composante essentielle de leur univers idéologique) et l'extrémisme.
Le regain d'activisme militant d'Al Adl dans les universités et au cours de l'Aïd Al Adha (des campagnes de collecte de peaux de mouton “pour financer les actions de bienfaisance” auraient été signalées dans plusieurs villes) cherche-t-il à compenser cette situation inconfortable ?
La mise en œuvre de la Moudawana réformée marque, en tout cas, une nouvelle ligne de démarcation. Les partisans du conservatisme ou plutôt du passéisme autistique seront en deça de cette ligne plus ou moins tentés par l'extrémisme takfiriste. Les autres devront accepter davantage les principes d'évolution et de pluralisme, y compris en matière d'interprétation de “la référence islamique”.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.