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Le PJD sur la corde raide
Publié dans La Gazette du Maroc le 12 - 04 - 2004


Après son Vème Congrès
Le 5ème congrès du PJD consacre-t-il la “normalisation” de ce parti au sein du système politique ou préfigure-t-il les clivages et les contradictions que ses ambiguïtés idéologico-politiques peuvent encore susciter ?
Avec le départ de Abdelkrim El Khatib, le 5ème congrès du parti de la justice et du développement (PJD) marque-t-il une intégration, arrivée à maturité, au sein du système politique ou bien ouvre-t-il la voie à une lente exacerbation des contradictions internes de cette formation?
A priori, la préparation du congrès, avec ses rapports et ses procédures faisant la part belle aux cooptations, semble entériner le long processus de “khatibisation” commencé un dimanche 2 juin 1996 par l'admission des membres de l'association Al Islah wa Tajdid, animée par Abdelilah Benkirane, au sein du minuscule MPDC de El Khatib. C'était là un gage d'assimilation de cette aile devenue légaliste de l'islamisme marocain, dont les origines remontent cependant à l'organisation “Chabiba Al Islamya” qui prônait déjà au début des années 70 le jihâd et s'illustra par l'assassinat en décembre 1975 du leader socialiste Omar Benjelloun.
Sous l'œil vigilant de Abdelkim El Khatib, le PJD a été progressivement apprivoisé et c'est en tant que parti “tout à fait comme les autres” qu'il a réuni ses assises, durant ce week end, au complexe sportif Moulay Abdallah à Rabat .
Ce parcours n'a, cependant, pas permis de lever les ambiguïtés qui, telle
une hérédité, collent à ce parti. Il y a tout d'abord la nature de ce qu'il revendique comme “référentiel islamique”. Compte tenu du fait que la mouvance islamiste est extrêmement hétérogène et contradictoire, le PJD, à l'instar de son association-mère, le MUR (Mouvement de l'Unité et de la Réforme), s'est d'emblée distingué par un discours à la fois conservateur rigoriste et ouvert à un certain pragmatisme opportuniste. C'est ainsi que pouvaient s'y côtoyer des censeurs dogmatiques et intolérants et des doctrinaires plus soucieux de compromis et d'adaptation aux nécessités mouvantes du réel vécu. Souvent le pragmatisme était compensé par de la surenchère rigoriste. C'est ainsi que l'on a pu assister à des dérapages au niveau du discours et du comportement chez des modérés comme Abdelilah Benkirane et que dans la presse du MUR un Zemzami pouvait s'adonner régulièrement à ses outrances intolérantes.
Intégration au système
La stratégie d'intégration au système politique et à sa culture traînait comme une ombre une sorte d'atavisme islamiste, avec sa part d'agressivité et de fermeture. Selon les individus et les parcours des différentes composantes, l'expression s'en fait plus nuancée ou plus brutale.
Selon les circonstances aussi : au lendemain des élections législatives de 1997, après une brève phase de “soutien critique” au premier gouvernement Youssoufi, le PJD s'est mobilisé, sans retenue, contre le plan d'intégration de la femme au développement. Manœuvre politique pour occuper le terrain de l'opposition, cette surenchère où se mêlaient conservatisme et populisme, donna libre cours à des attitudes sectaires et violemment passéistes. En janvier 2004, le PJD dut ravaler toutes ses objections et accepter le nouveau Code de la famille agréé par l'arbitrage royal.
La justification de ce retournement se fit par des contorsions rhétoriques où les réformes, jadis combattues, avaient désormais l'onction de “la référence islamique”. Cet exercice dicté par un pragmatisme obligé dans les rapports avec le pouvoir est caractéristique des contradictions et ambivalences que le PJD n'arrive pas à surmonter tout à fait. La condamnation par le PJD du terrorisme après les attentats du 16 mai à Casablanca (et du 11 mars à Madrid) s'est déroulée dans un contexte où ce parti n'a pu échapper à “sa mise en cause morale” dans de larges secteurs du pays et dans les médias. La tragique découverte du danger terroriste, nourri de l'idéologie jihadiste, a mis la mouvance islamiste face au potentiel de dérive extrémiste qu'elle peut engendrer. Si, par la force des choses, le discours et le ton du PJD se sont faits plus prudents et plus soucieux de nuances pour se démarquer du spectre extrémiste, il n'en reste pas moins que l'autocritique et la clarification de la relation entre religion et politique demeurent pour ce parti un exercice malaisé. Les documents du congrès le montrent assez, partagés qu'ils sont entre dogmatisme et accommodations de la doctrine, entre principes proclamés et compromis pratiques.
La référence à la religion
Choses somme toute habituelles chez tous les partis à forte connotation idéologique (comme c'est ou ce fut le cas dans les formations de gauche). Ce qui reste problématique, avec le PJD, c'est l'ambiguïté de la référence à la religion dont s'autorise aussi bien la modération affichée par la nouvelle direction que les attitudes plus dures d'un courant contestataire.
Alors que, un moment, lors de la préparation des nouveaux statuts et du rapport doctrinal, on avait songé à supprimer la définition “islamique” du parti, celle-ci est maintenue sous une forme édulcorée (en prévision aussi de la future loi sur les partis qui sera restrictive en la matière). Il s'agit à la fois de subvenir au besoin identitaire de la base et de faire bonne figure en tant que partenaire politique “normalisé”.
On peut donc prévoir que la nouvelle direction s'efforcera de tenir un rôle où la prédication “islamique” sera davantage modérée au profit d'un surcroît de pragmatisme. C'est à cette aune que seront évalués les différents acteurs de cette direction et leurs capacités intrinsèques à participer aux jeux d'équilibre du système politique. À commencer par leur capacité à canaliser les pressions d'une base ou d'un électorat dont les attentes, sociales notamment, ne peuvent êtres satisfaites du jour au lendemain malgré les promesses et les incantations. On attend là encore le PJD sur ses programmes concrets et pas seulement sur ses vœux pieux.
À mesure que le parti sera conduit à se structurer et à assumer des responsabilités (à l'échelle locale ou nationale), il s'y opérera des différenciations entre tendances et des régulations où la démocratie affichée sera mise à l'épreuve. “C'est le résultat de ce qu'on pourrait appeler un effet de système”, précise le politologue Mohamed Tozy, en mettant l'accent sur cette évolution organique courante dans les partis d'origine fortement idéologique.
Toutefois la référence idéologico-religieuse peut être, à tout moment, revendiquée à nouveau à des fins de contestation ou
de surenchère. La publication dans l'hebdomadaire “Assahifa” à la veille du congrès d'un article de Mostafa Ramid est significative à cet égard.
Cet ex-président du groupe parlementaire du PJD qui s'est toujours voulu contestataire, (malgré la bonne entente qui l'avait lié à Driss Basri) s'est distingué dans cet article par la revendication d'une réforme constitutionnelle où le Roi Commandeur des croyants aurait un rôle d'arbitre au pouvoir essentiellement religieux et non absolu et délèguerait le pouvoir exécutif à des majorités élues qui, démocratiquement, seraient comptables devant le peuple des électeurs. Le trinôme religion -monarchie- démocratie serait ainsi le noyau du nouveau système proposé avec cependant, une inconnue : qui définira l'orthodoxie à laquelle le roi et la majorité doivent obéir ? Est-ce une variante du modèle iranien ?
En se plaçant ainsi en flèche, Ramid cherchait-il à perturber la
“normalisation” que le congrès devait consacrer alors que le parti est encore sur la corde raide ? Rivalités au sein de la hiérarchie du PJD ou amorce d'un débat à propos duquel les leaders modérés, El Othmani (favori à la tête de la nouvelle direction) et Benkirane, se sont empressés de souligner qu'il n'était pas du tout à l'ordre du jour ?
La démarche assez matoise de Ramid est en tout cas la démonstration
du maquillage “moderne” et “démocratique” d'une conception essentiellement théocratique du pouvoir, ouvrant la voie à un “remake” des vieux despotismes.
Sous couvert de récupération de la revendication démocratique, des courants qui sympathisent plus ou moins ouvertement avec l'intégrisme peuvent ainsi se ressourcer, en attendant que vienne leur heure.
C'est l'une des ambiguïtés que le PJD est voué à colporter tant que le recours à une pensée plus soucieuse aussi de rationalité scientifique, de relativisme historique et d'humanisme ne s'imposera pas.


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