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Religion et politique dans le système de la Monarchie constitutionnelle marocaine
Publié dans La Gazette du Maroc le 26 - 07 - 2004


En marge du discours Royal
Parmi les nombreuses questions qui se sont imposées au lendemain des attentats terroristes du 16 mai 2003, figure celle de la relation entre religion et politique dans l'expérience marocaine. Depuis cette date, analyses et lectures ont fait florés autour de la nature de cette relation.
Dans ce contexte, le discours du Trône du 30 juillet 2003 a constitué une étape importante en appelant à éviter l'instrumentalisation de la religion dans l'action partisane. Quant au dernier discours du Trône du 30 juillet de cette année, il a essayé de passer du niveau particulier au niveau général au sujet de la question de la relation entre religion et politique dans l'expérience de la Monarchie constitutionnelle marocaine dans la mesure où l'on peut distinguer dans les deux discours royaux entre d'une part les niveaux de la relation et de la nature de cette dernière d'autre part.
Les niveaux de la relation : le discours du 30 juillet 2003
Nous faisons la distinction ici entre deux niveaux. Il s'agit du niveau de la relation entre la religion et l'Etat et de celle de la religion avec la politique. Concernant le premier niveau, nous parlons de l'Etat en tant qu'institution. Et comme l'Etat est constitué de l'autorité et de la société et dans le cadre de la poursuite de la consolidation de ses fondements, l'Etat définit son identité à partir d'un système de valeur et de culture.
A ce niveau, on ne peut absolument pas parler de la possibilité de la séparation entre l'Etat marocain et son identité religieuse tirée essentiellement de l'Islam.
D'ailleurs, la Constitution marocaine a mis l'accent sur cette donnée aussi bien dans son préambule qui stipule que le Maroc est un Etat musulman que dans son article VI qui stipule que l'Islam est la religion officielle de l'Etat. Au deuxième niveau, nous parlons de la politique comme une pratique. Et comme la politique est une action au service de la gestion de la chose publique, c'est-à-dire trouver des solutions aux problèmes économiques et sociaux des citoyens et comme il faut trancher la question de la nature de l'Etat en place, la politique n'a pas besoin de référence religieuse mais plutôt d'une philosophie politique à l'instar de la philosophie libérale ou socialiste ou celle de la troisième voie et autres philosophies politiques qu'on arrive à dégager dans le cadre de réflexions tenant compte des expériences vécues.
La distinction entre le niveau de la relation entre la religion et la politique en tant qu'institution et celui de la relation entre la religion et la politique en tant que pratique, nous incite à parler de la question des “constantes” de l'Etat et des “variables” de l'action partisane considérée comme la pratique politique par excellence. A ce propos, une question se pose et s'impose : peut-on permettre à un parti politique de fonder la légitimité de son existence sur l'une des constantes de l'Etat ?
Il existe au Maroc une unanimité autour de trois constantes à savoir : l'Islam, la Monarchie constitutionnelle et l'intégrité territoriale. De même qu'il n'est pas raisonnable qu'un parti politique fonde son existence sur la défense de l'Islam pour la simple raison que l'Islam, la Monarchie constitutionnelle et l'intégrité territoriale constituent le domaine du “commun” entre toutes les Marocaines et tous les Marocains qui militent soit au sein des partis politiques en place ou en dehors. Pour cette raison, nombreuses sont les lois régissant l'action partisane dans de nombreux pays qui ont tenu à mettre l'accent sur la nécessité de s'abstenir de l'exploitation politique des constantes de l'Etat. La distinction entre le niveau de la relation de la religion avec l'Etat et celui de la religion avec la politique a constitué l'axe du discours du Trône du 30 juillet 2003. Ainsi donc et s'agissant du premier niveau, il y a eu la définition de l'expérience de la Monarchie marocaine essentiellement par l'Islam. Un Islam fondé sur la doctrine Achârite et le rite Malekite. Au deuxième niveau, il y avait eu l'appel lancé aux partis politiques de s'abstenir de l'instrumentalisation politicienne de la religion.
La nature de la relation : le discours du 30 juillet 2004
Quelle est la nature de la relation entre la religion et la politique dans l'expérience constitutionnelle de la Monarchie marocaine. Est-elle une relation de distinction ou bien d'interférence ?
Le discours du 30 juillet 2004 fait la distinction entre les deux domaines : celui des pratiques du Roi en sa qualité de Commandeur des croyants et celui des pratiques des autres acteurs. Dans le premier domaine, il n'existe pas de séparation entre la religion et la politique. En sa qualité de Commandeur des croyants, le Roi a la possibilité d'être présent dans le champ religieux. Et en sa qualité de chef d'un Etat moderne, il a la possibilité d'être présent dans le champ politique.
Le passage du champ religieux au champ politique et inversement sans l'existence de frontières de séparation l'exige en fait le statut particulier du Roi qui cumule seul sans le reste des acteurs la légitimité religieuse et politique. Les pratiques “royales” depuis l'indépendance vont dans le sens de la confirmation de ce passage. C'est ainsi qu'en 1981, lorsque les députés de l'opposition usfépiste avaient décidé de se retirer du Parlement pour leur refus de prolonger le mandat du conseil pour deux années supplémentaires, le Roi Hassan II a considéré ce retrait comme une sorte de “dissidence” prouvant par là la possibilité du passage du Roi du champ politique au champ religieux.
De son côté, le Roi Mohammed VI a donné l'exemple de la possibilité du passage du champ religieux au champ politique lorsqu'il a décidé de présenter au Parlement en octobre 2003 le projet de la Moudawana (Code du statut de la famille) dont les dispositions s'inscrivent dans le cadre de ses prérogatives en sa qualité de Commandeur des croyants. Le Souverain a même tenu à connaître les positions des partis politiques quant à leurs propositions au sujet de l'amendement du Code du statut personnel alors que Hassan II excluait les partis politiques et estimait que la Moudawana faisait partie de ses prérogatives en sa qualité de Commandeur des croyants à côté des Oulémas. Dans le deuxième domaine, celui des pratiques des autres acteurs, on tient à séparer la religion de la politique. Les acteurs religieux tels que les Oulémas avec leurs prolongements organisationnels comme le haut Conseil des Oulémas ou les conseils scientifiques locaux ou la Ligue des Oulémas du Maroc qui porte désormais le nom de la Ligue de Mohammadia des Oulémas d'une part et les associations religieuses d'autre part, doivent demeurer en dehors des manœuvres du champ politique. De même que les acteurs politiques tels que les partis politiques et les associations à caractère politique doivent rester loin du champ religieux. La séparation entre la religion et la politique dans les pratiques des acteurs qu'ils soient religieux ou politiques trouve sa légitimité dans la différence de la nature du champ religieux et du champ politique. Le champ religieux est le domaine de la quête de l'unité, l'unité de la Oumma (la nation) au niveau de la doctrine et du rite. Et pour cette considération, il faut avoir présent à l'esprit le principe de l'unanimité.
Quant au champ politique, il relève du domaine du désaccord démocratique. Pour cette raison, on met l'accent sur le principe du multipartisme.


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