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L'imam marocain qui était aussi flic
Publié dans La Gazette du Maroc le 25 - 10 - 2004


Qui est le témoin protégé de Garzon ?
Il a servi à infiltrer les groupes islamistes et tous ceux qui avaient des affinités avec les ultra-radicalistes. Il a fréquenté et donné des noms que le juge Garzon a fait pister puis arrêter. Il était le relais direct entre la police, les services secrets et les Marocains affidés à l'islamisme radical. Il était surtout imam prodiguant la bonne parole. C'est lui qui a aidé le juge Garzon à démanteler la nouvelle cellule qui voulait faire exploser l'Audience nationale, la plus haute Cour espagnole. Il touchait 300 euros par mois et on lui avait promis sa protection et celle de sa famille. Son nom de code est “Cartagena”.
L'histoire commençait après l'opération Datil, ce grand coup de filet qui a permis au juge Baltazar Garzon de mettre sous les verrous pas moins de 64 activistes de la cellule espagnole dite d'Abou Dahdah. C'était en novembre 2001. Quelques mois plus tard, le même juge met la main sur un imam qui devient le confident et la taupe de la police espagnole dans les milieux islamistes. Le choix n'était pas fortuit non plus. Depuis que la police espagnole enquête sur le terrorisme islamiste, des centaines de noms marocains ont défilé sur ses dossiers.
Il était donc évident que l'indic devait être lui aussi marocain. La collaboration s'avère très vite fructueuse puisque à peine quelques semaines après son embauche, moyennant 300 euros par mois, il donne le nom de Abdelmajid Ferkhat Serhane, “le Tunisien” et celui d'Osman Mohamed Sayed, “l'Egyptien”. Plus de deux ans avant les attentats de Madrid, les noms des deux grosses têtes des attentats de Madrid figurent sur les listes des grands suspects mais aucune approche n'est encore faite. La même année et après la déroute du juge Garzon et la commission rogatoire du juge Bruguière en relation avec le cas David Courtailler, le nom de Jamal Zougam refait surface grâce aux services rendus par l'imam marocain. Les noms pleuvent, mais personne ne tombe dans les filets de la police faute de preuves ou d'action décisive pour rendre substantiel un dossier d'instruction. Ce qu'on doit retenir de tout cela, c'est que le jeu d'infiltration à plusieurs niveaux avait pris corps au moins trois ans avant les attaques de Madrid avec au centre des investigations sur des noms qui vont ressortir après les attentats. Pourquoi ne les a-t-on pas écroués? Pourquoi le juge Garzon n'a pas refait le même coup que celui de l'opération Datil où il a raflé tout ce qu'il pouvait même en cas de simple suspicion?
L'imam des services secrets
En 2002 quand l'approche est faite et le travail entamé, l'imam marocain, dont on cache le nom avait déclaré aux services de sécurité espagnols qu'il était un agent des services secrets marocains et qu'il a préféré tourné la page. Vrai ou faux ? On ne le saura jamais. Ce qui est sûr par contre c'est qu'il fait le tour des mosquées du sud de Madrid passant d'un quartier à l'autre pour présider les prières et repérer les radicaux en puissance. Son rôle était de suivre de près les membres de la “salafiya jihadiya en mouvement en Espagne”. On pourrait se poser de nombreuses questions sur le rôle joué par l'imam dans la traque des Marocains qui ont fait le pont entre les salafistes locaux et leurs collègues d'Espagne, les infiltrations des services de sécurité marocains sur le territoire espagnol sachant que la police marocaine avait depuis très longtemps tracé le chemin des va-et-vient des activistes ex-jihadistes ou fraîchement débarqués des camps afghans. On pourrait même supposer que l'imam qui se disait agent marocain ait été lui aussi enrôlé sur les camps du jihad réussissant une conversion pour le moins inédite.
Quoi qu'il en soit, et pour confirmer sinon la pertinence des interrogations du moins leurs liens avérés avec les deux attentats, ceux de Casablanca et de Madrid, il faut rappeler que le grand bien fait par cet imam a été de mettre la main sur Mustapha Maymouni (dont l'histoire a été révélée par la Gazette du Maroc en 2003). Maymouni qui purge une lourde peine au Maroc pour son rôle joué dans les attentats du 16 mai était selon l'imam la tête idéologique qui dirigeait tout le groupe de Madrid.
Maymouni, le Tunisien et les autres
Ce qu'il faut savoir, c'est que les deux compères sont gendres. Serhane Ferkhat qui a épousé la soeur du Marocain était un habitué des rencontres que présidait Maymouni. Les thèmes étaient invariables : jihad, guerre sainte et obligations religieuses pour tout musulman de combattre le mal et d'autres variations sur le thème de la haine de l'autre. La grosse prise que l'Espagne n'a pas pu avoir et qui était non seulement l'ami du Tunisien suicidé à Leganès mais aussi un sérieux acolyte des frères Benyaïch, d'Amer Azizi, de Driss Chebli, de Saïd Cheddadi, de Hicham Tamsamani Jad et du Français Pierre Robert.
Cartagena, l'imam-agent secret a aussi donné le nom de Mohamed Larbi Ben Sellam. C'est ce personnage qui a servi de messager à Osman Mohamed Sayed, l'Egyptien, qui est reconnu depuis quelques semaines comme la tête pensante du 11 mars. Le groupe que devait superviser l'ami de l'Egyptien s'appelait “Al Haraka Assalafiya Al Jihadiya”, une branche similaire à sa cousine marocaine presque du même nom. C'est l'imam qui a donné à la police les numéros des portables de Larbi et de Mohamed l'Egyptien. Non seulement les services de l'imam ont conduit la police espagnole bien avant l'heure aux têtes pensantes et aux différents activistes de haut vol, mais il leur a permis de tracer les connexions qui pouvaient exister entre activistes de plusieurs régions allant de Casablanca, Tanger à Milan en passant par Madrid et Barcelone. Pourtant, malgré les informations et les écoutes téléphoniques (voir encadré) la police est restée inactive et aucun de ces personnages n'a été inquiété excepté Maymouni qui s'est fait prendre pour les attentats de Casablanca. Comment expliquer une telle décision de la police espagnole surtout que moins de deux ans plus tard Madrid a eu son 11 mars?
Conversations téléphoniques
C'est l'efficacité de l'imam marocain enrôlé comme agent secret de la police espagnole qui a permis au juge Baltazar Garzon de mettre sur écoute un bon nombre d'activistes islamistes. D'abord, les services de police ont procédé à une série d'approches en vue de cerner le magasin de Jamal Zougam à Lavapiès. Le Locutorio, Neuvo Ciglo (Nouveau siècle) était selon l'imam un lieu de passage de beaucoup de personnes suspectes. Ce que la police déclare aujourd'hui, c'est qu'elle était déjà en 2003 sur la piste de Jamal Zougam oubliant du coup que le même Zougam était dans les fichiers du juge Garzon au moins depuis 2001. Un paradoxe que la police ne veut pas expliquer. Ou pas encore. Quoi qu'il en soit, l'imam avait apporté la preuve par téléphone que l'un des gros poissons de la cellule madrilène avait programmé des actes de jihad au Maroc et en Espagne. C'était en novembre 2002. Les conversations téléphoniques pourtant très explicites par endroits sur la teneur de probables actes terroristes n'auraient servi à rien puisque ni le Tunisien, ni l'Egyptien n'ont été arrêtés avant le 11 mars. Il fallait donc attendre le mois de juillet 2004 pour se rendre compte que cette fois, il fallait agir vite. Quand l'imam vient déposer devant ses mentors de la police nationale les projets d'une nouvelle cellule terroriste, le juge Garzon a pris les devants pour cerner le problème. Ce qui a conduit plus de trois mois plus tard à en écrouer au moins sept dont trois Marocains avec une nette tendance du GIA algérien. La piste andalouse s'avère solide et les villes de Malaga, Almeria et Valence livrent leurs secrets. Ce qui a décidé le juge Garzon à convertir encore une fois son informateur. Il ne sera plus agent secret mais devient un témoin protégé pour corroborer la thèse du juge. C'est grâce au Marocain que Garzon a su qu'un certain Michel Etienne Christian Lefèvre arrivait en Espagne en provenance de Suisse via la France. C'était une fausse identité qui a conduit à celle de Mohamed Achraf, écroué cette semaine. C'est encore l'imam qui a révélé que ledit Achraf était “un personnage dangereux, extrêmement radical, d'un niveau culturel très élevé et disposant d'importantes ressources économiques”. L'imam a expliqué qu'il avait eu des contacts directs avec le chef de cette nouvelle cellule, d'où l'importance de son témoignage devant les juges. C'est lui aussi qui a donné la quantité exacte d'explosifs, soit 500 kilos, pour faire exploser l'Audience Nationale.


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