Le travail, c'est la santé ; ne rien faire, c'est la conserver ! Comme dans le refrain célèbre ! Le vrai problème du développement est la philosophie du travail pratiquée par les peuples, hommes et femmes. Taylorisme aux Etats-Unis, Stakhanovisme dans les pays de l'Est, quelle que soit la forme, le fond y est toujours : ardeur, abnégation, ténacité, persévérance, intelligence… C'est drôle, chez nous la relation personnelle au travail est la triche systématique. Partisans du moindre effort, bâclage, passabilité, remise aux calendes…marocaines des échéances, ne faites pas aujourd'hui ce que vous pourrez faire demain, “sous-traitance“ de l'effort, tyrannie des urgences, hâte et précipitation après le cumul de paresses volontaires…Incontestablement, le travail au Maroc est méprisé par les producteurs de richesses et déserté par les fabricants de valeurs. Les philosophes du travail ont toujours recommandé qu'il n'existe pas de sots métiers, il n'existe que de sottes gens. En fait, tout dépend de notre propre attitude vis-à-vis du travail, selon qu'il soit appréhendé en tant qu'obligation sociale et nécessité existentielle ou bien en tant que “travail pour soi“ ou “ pour la communauté“ eu encore en tant que facteur d'accomplissement et de réalisation de la personnalité humaine. Notre société est minée par les attitudes anciennes de l'approche du travail comme un mal obligatoire duquel nul ne saurait en réchapper. Ce rejet psychologique s'accompagne d'une morale qui rabaisse l'intelligence et la créativité humaine en répétant que chacun doit faire son petit travail dans son petit coin. Mais il y plus grave : si la masse salariale grève lourdement le budget de l'Etat accaparé par une pléthore d'effectifs dans l'administration et les services publics, tandis que le “parasitisme“ et la paresse font des ravages dans les toiles fragiles d'une productivité quasiment…nulle. Le monde industriel est loin encore d'avoir de la nouvelle éthique du travail ses priorités de l'heure, les formes d'aliénation et de déqualification du travail ratissant large dans des PME formant l'écrasante majorité du tissu productif national. En un mot, au Maroc, l'on continue de tricher dans notre rapport personnel vis-à-vis du travail. A tous les niveaux, tous secteurs confondus. Et c'est là un des freins principaux qui pénalise la dynamique de modernisation du développement des forces productives. Le Royaume n'est pas prêt de se frotter avantageusement aux exigences de la mondialisation et aux contraintes du libre-échange sans que l'éthique du travail ne soit remise au goût du jour. Nos décideurs institutionnels et économiques, et le système éducatif et familial gagneraient assurément à promouvoir dans les esprits et dans les actes les nouvelles valeurs du «travail libre» terrassant les séquelles coriaces du « travail forcé » en société. Les sociétés avancées nous montrent que « le travail est une chose que l'on cherche d'abord en soi-même, qui devrait être un déploiement d'énergie et de créativité et non une lutte pour la survie ». Ils vous diront également que « seule une conscience lucide nous rend adulte ». Et qu'en fait, on peut travailler comme on joue…Dans la liberté, pour le plaisir, à la perfection pour espérer cueillir les fruits de la croissance salutaire à bout de bras. Mais là c'est une autre histoire…