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“Les Britanniques ont joué avec le feu”
Publié dans La Gazette du Maroc le 25 - 07 - 2005

Interview exclusive : Bob Ayers (Expert et consultant international en sécurité et terrorisme)
Les attentats terroristes qui ont secoué Londres les 7 et 21 juillet et leurs impacts sur la vie des Britanniques et sur leurs relations avec la communauté musulmane et arable établie en Grande-Bretagne. Les enseignements tirés, ou à tirer et la nécessité d'une collaboration internationale pour essayer de venir à bout du terrorisme, cette autre forme de SIDA (syndrome intégriste des Ayatollah) ont été au centre des entretiens exclusifs accordés à La Gazette du Maroc par respectivement Dr Zaki Badawi, Egyptien d'origine et doyen de l'université islamique de Londres et président du Conseil des Imams et des mosquées de Grande-Bretagne et Robert Ayers, de bi-nationalité américaine et britannique, consultant et expert international en sécurité et terrorisme et ancien “James Bond“ de la CIA qui a été de toutes les guerres. En matière d'espionnage et de contre-espionnage.
La Gazette du Maroc : Londres a été le théâtre à deux reprises et en deux semaines d'attentats terroristes sanglants. Est-ce l'échec de vos services de renseignements à prévenir de tels actes ou bien les raisons sont à chercher ailleurs ?
Bob Ayers : c'est le résultat de nombreuses et différentes raisons. La première raison la plus évidente est que les terroristes qui avaient commis les attentats suicides étaient des citoyens britanniques nés et élevés en Grande- Bretagne, et comme tels, ils n'étaient pas perçus comme d'éventuels terroristes. La perception générale qui prévalait était que les terroristes étaient des étrangers qui viendraient en Grande-Bretagne pour commettre des atrocités.
La deuxième raison, c'est qu'on pensait que les dernières élections législatives britanniques seraient l'occasion idoine pour les terroristes pour frapper mais il n'y a rien eu. La police et les services de renseignements avaient poussé un soupir de soulagement . Mais juste après les élections, il y a eu le sommet du G8 en Ecosse. C'était connu d'avance qu'il y aurait des dizaines et des dizaines de milliers de manifestants à cette occasion. C'est d'ailleurs pour cette raison que la police et les services de renseignements aient concentré leurs efforts et leur attention sur le sommet afin d'assurer la sécurité et la protection des dirigeants se rendant en Grande-Bretagne. C'était donc au moment où le sommet du G8 se déroulait que les terroristes ont frappé Londres. Il y a eu donc un problème avec les services de renseignements. Ils étaient incapables à identifier des citoyens qui pourraient constituer une menace terroriste et avaient concentré leurs efforts sur le G8.
Il semble que les autorités britanniques n'ont pas retenu les leçons des autres pays surtout qu'en 1998, Oussama Ben Laden avait émis une Fatwa exhortant les Musulmans à tuer les Américains et leurs alliés ?
Le gouvernement britannique et ses services de renseignements reconnaissent que Londres ou du moins la Grande Bretagne constituait une cible terroriste. Il y a plus de deux ans, le patron de Scotland Yard avait déclaré qu'une frappe terroriste en Grande-Bretagne n'est pas une question de lieu mais de temps à savoir quand.
Il y a eu donc une reconnaissance sans aucun doute là-dessus que la Grande-Bretagne était visée...
Le timing des attentats a profité, je pense de la distraction fournie par le sommet du G8. Et tous les services y compris les Britanniques qui sont très bien par ailleurs disposent de ressources limitées mises à leur disposition pour pouvoir faire face aux problèmes qui se posent. Lorsque vous prenez ces ressources et vous les concentrez sur un autre problème en l'occurrence assurer la protection et la sécurité des dirigeants du G8, je ne qualifie pas cela d'échec. Les services britanniques étaient au courant au cours des deux dernières années de cinq tentatives d'attentats qu'ils ont réussi à déjouer. Il faut dire que le succès des services de renseignements est célébré en privé. Leurs échecs deviennent très publics.
Vous êtes consultant auprès de l'Institut Royal des affaires internationales qui vient de publier un rapport affirmant que les attentats de Londres étaient dirigés contre Tony Blair en raison de son soutien actif à l'invasion de l'Irak. Qu'en pensez-vous ?
Je crois que le rapport a été mal interprété par de nombreuses personnes qui l'ont lu. Ce que le rapport avait relevé c'est que la présence des forces de la coalition et l'invasion de l'Irak ont été utilisées par les recruteurs d'Al Qaida pour enrôler davantage de terroristes afin de mener à terme son programme. Le gouvernement britannique a interprété de son côté le rapport comme quoi les terroristes avaient frappé à Londres en réaction à l'invasion de l'Irak. Maintenant il n'y a aucun doute que la campagne de terreur menée par Al Qaida eût commencé bien avant l'invasion de l'Irak. Bien avant celle de l'Afghanistan et bien avant le 11 septembre.
La position du gouvernement britannique est que les attentats de Londres s'inscrivent tout simplement dans la continuité de la campagne de terreur commencée il y a plus d'une décennie. Londres constituait donc une cible pour Al Qaida bien avant l'invasion de l'Irak.
Dans ce sens, remontons un peu l'Histoire récente. Londres était devenue depuis plusieurs années déjà un sanctuaire pour ne pas dire une base arrière pour les mouvements intégristes qui ont profité de la tolérance britannique en matière des droits de l'homme et de l'asile politique. Par ailleurs, on avait l'impression que Londres et Washington avaient joué la carte intégriste comme moyen de pression politique sur les régimes arabes. Pourtant, Américains et Britanniques avaient été avertis. Hier comme aujourd'hui, ils paient le prix d'avoir joué avec le feu et le diable. Quelle est votre lecture ?
C'est une longue question. Parlons d'abord de la présence des éléments extrémistes d'Al Qaïda et des autres mouvements en Grande-Bretagne croient en une société multiculturelle ce qui signifie que les gens qui viennent ici ont été encouragés à garder leur propre sens de l'identité ethnique et culturelle. Donc les Musulmans qui étaient venus en Grande-Bretagne ont été encouragés à se rappeler leur culture, leurs costumes et leurs coutumes et leur affiliation ethnique. Et le gouvernement britannique était très sensible pour ne pas essayer d'imposer les valeurs britanniques aux minorités comme les musulmans. Et je crois que les autorités britanniques étaient trop disposées en tolérant le comportement radical en Grande-Bretagne de peur de s'aliéner 1.5 million de musulmans vivant ici.
Vous avez absolument raison. Les éléments radicaux et extrémistes ont été tolérés en Grande-Bretagne pour la simple et bonne raison que les autorités britanniques ne voulurent pas se montrer discriminatoires à l'égard de la communauté musulmane. Je pense que les événements du 7 juillet 2005 ont introduit un changement fondamental dans la perception du gouvernement britannique quant à la présence d'éléments extrémistes sur son sol. De nouvelles lois seront votées qui bénéficient du soutien des partis de l'opposition. Les nouvelles dispositions visent à mettre hors-la-loi toute activité liée au terrorisme et toute personne qui incite à la violence et au terrorisme et à expulser les étrangers qui prônent la violence ou le terrorisme comme solution à des problèmes politiques. Je pense que vous avez raison. La Grande-Bretagne a été par le passé trop tolérant. La Grande-Bretagne aujourd'hui est en train de changer.
Revenons à Ben Laden. C'est un produit made in USA. Ils l'ont utilisé en Afghanistan contre les Russes. Et comme je vous ai dit les Britanniques et les Américains ont été avertis à ne pas jouer avec le feu ?
Je suis d'accord avec ce que vous dites. Nous avons reçu mercredi 20 juillet à Londres à l'Institut royal des relations étrangères le président afghan, Ahmed Karzai où il a fait un éloquent discours. Il y a deux points dans ce discours que je n'oublierai jamais. Le premier est que le terrorisme est le produit de la politique nationale de l'Etat et que les groupes terroristes apparaissent comme étant l'extension de la politique nationale de l'Etat. Karzai n'a mentionné ni les Etats-Unis ni la Grande-Bretagne. Il a parlé en termes généraux. Il a également déclaré que les terroristes ne sont pas musulmans mais des criminels. Il a expliqué que le terrorisme n'est pas un acte dirigé contre la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, Bali ou Casablanca. Le terrorisme est un acte contre le monde entier. Et comme tel, il doit être traité comme un problème global qui se pose à toutes les nations. Aujourd'hui, les Etats-Unis sont un grand pays puissant qui, parfois, ne sont pas disposés à écouter les autres qui peuvent savoir plus qu'eux. Je pense que Washington devient plus mature au sujet du terrorisme international.
Les pays d'Afrique du Nord sont engagés dans cette guerre contre le terrorisme. La Mauritanie a été victime d'un coup de force armé récemment, agression perpétrée à partir de ce que l'on appelle l'opération Pan Sahel et à la veille des manoeuvres militaires avec l'OTAN. Or, on parle depuis des années de liens entre le mouvement séparatiste du Polisario et Al Qaïda? Qu'en pensez-vous ?
À ce sujet, je dirai que les événements intervenus en Grande-Bretagne ont commencé à introduire un changement dans les aspects internationaux des activités terroristes. La Grande-Bretagne croyait pendant des années qu'elle était à l'abri d'actes terroristes à l'exception de l'IRA (Armée républicaine irlandaise). Les attentats de Londres l'ont réveillée à la dimension internationale du terrorisme et aux exigences de travailler et de collaborer avec tous les pays du monde. Ce qui se passe en Afrique du Nord, il faut savoir qu'il est urgent maintenant pour toutes les nations de collaborer afin d'identifier et d'éliminer ces éléments qui perturbent la paix en Afrique du Nord.
Quand les terroristes avaient frappé Casablanca le 16 mai 2003, le Roi Mohammed VI avait appelé à la tenue d'une conférence internationale pour combattre le terrorisme, mais personne n'avait répondu à l'appel. Aujourd'hui, Tony Blair appelle à la même conférence. Est-ce que les Occidentaux considéraient les événements de Casablanca comme étant purement internes ?
Tout à fait d'accord. Quand les attentats de Casablanca ont eu lieu, les Britanniques avaient pensé que le terrorisme était un problème étranger qui ne les concernaient pas.
Le terrorisme alors n'était pas un problème britannique. Aujourd'hui, ils reconnaissent que le terrorisme n'est pas simplement un problème britannique mais bel et bien international. La perception du terrorisme a donc changé. Le terrorisme n'est pas une chose qui se produit " là-bas ". Mais c'est une chose qui se passe ici. Vous avez raison quand vous dites que les Britanniques jouaient avec le feu. Et ils ont été brûlés. Aujourd'hui, ils ne veulent plus être brûlés. Ils l'ont reconnu et veulent travailler à nouveau avec le reste du monde pour combattre le terrorisme.
Quel climat règne en ce moment en Grande-Bretagne notamment au niveau des rapports entre la communauté musulmane et la société britannique ?
On a enregistré quelques incidents anti-musulmans, mais la grande majorité de la population britannique ne blâme pas la communauté musulmane. Les Britanniques reconnaissent que ces attentats sont l'œuvre d'une très petite minorité. Ces terroristes sont probablement musulmans mais ne respectent pas le principal courant de l'islam en Grande-Bretagne.
L'Egypte a été frappée à son tour vendredi soir. Comment voyez-vous ces attentats ?
Eh bien, il s'agit d'un autre groupe terroriste opérant dans une partie du pays frappant un hôtel de luxe espérant tuer le maximum de touristes occidentaux.
Ils ont assassiné aussi bien des Occidentaux que des Egyptiens, etc
Mais je voudrai souligner que les terroristes ne sont pas en train de faire la guerre contre l'occupation de l'Irak ou de l'Afghanistan. Ils font tout simplement la guerre au reste du monde. Qu'ils tuent des Britanniques, des Egyptiens, des Chrétiens, des Musulmans, tout ce que les terroristes veulent c'est tuer.
Je ne comprends vraiment pas ce que ces gens veulent. Tout ce qu'ils veulent faire c'est faire régner la terreur. Leur campagne d'attentats en Irak n'est même pas dirigée contre les troupes britanniques et américaines. Elle est dirigée contre les citoyens irakiens et encore ils revendiquent ces attentats au nom de la libération de l'Irak. Je ne comprends pas. C'est fou !


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