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Un Machrek déstabilisé et un Maghreb épargné
Publié dans La Gazette du Maroc le 20 - 02 - 2006

La majorité des rapports établis ces six derniers mois par les plus sérieux centres d'études stratégiques en Occident, s'accordent à affirmer que la région du Moyen-Orient va tout droit vers l'explosion. Pour ce qui est du Maghreb, en revanche, le statu quo aura tendance à prédominer pour encore quelques années sans plus.
Lors de ses réunions avec les membres de son dernier carré, notamment après son retour à Beyrouth, le chef du courant « Al-Moustakbal », Saâd Rafic Hariri, n'a pas caché sa grande inquiétude à l'égard de l'avenir prochain du Moyen-Orient, dont son pays le Liban reste parmi les plus visés. Ce constat assez pessimiste présenté par Hariri fils ne vient pas d'un vide, disait à La Gazette du Maroc, le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Hassan al-Sabeh, un proche du jeune leader libanais. Il précisa que les inquiétudes émanant de ce dernier se sont constituées après ses rencontres avec plusieurs chefs d'Etat occidentaux comme George Bush, Jacques Chirac, Tony Blair, également avec le roi d'Arabie Saoudite, Abdallah Ben Abdel Aziz, le président égyptien, Hosni Moubarak, et le souverain hachémite, Abdallah II.
Washington, qui réalise sur le tard que son projet du « Grand Moyen-Orient » est tombé à l'eau, notamment après l'enlèvement coûteux en Irak, ne pourra encaisser encore plus de revers dans d'autres pays de la région. Surtout que son fer de lance, baptisé « Démocratie et réformes » n'a jusqu' ici donné que des effets contraires. Plus particulièrement avec l'élection du pur et dur, Mahmoud Ahmadinejad en Iran, la percée significative des Frères musulmans au Parlement, et, dernièrement, la victoire raz-de-marée du Hamas en Palestine. Ce, alors que l'expérience démocratique en Irak bat toujours de l'aile, ne donnant le bon exemple. De ce fait, les Etats-Unis, dirigés par les néo-conservateurs, n'ont pas l'intention de perdre leurs intérêts stratégiques au Machrek au nom de la démocratie ; ni faire marche arrière après avoir envahi l'Irak et à travers lui, la région par la force. Cela dit que Washington est désormais contraint de contre-attaquer sur plusieurs fronts.
Retour à l'anarchie préventive
La tension est nettement apparente et ressentie à tous les niveaux dans les pays du Machrek. Entre pressions internes et externes, les régimes de la région manœuvrent pour s'en sortir, provisoirement certes. En dépit de ces faits, les Etats-Unis ne lâchent pas du lest. Dernière pression en date, l'appel de la secrétaire d'Etat, Condoleeza Rice, vendredi dernier, aux Etats voisins de l'Iran de hausser le ton et de prendre une position ferme à l'égard du rôle nucléaire menaçant de Téhéran. Ce qui accentue de plus en plus le clivage existant et confirme la définition des axes régionaux.
L'Arabie Saoudite, la plus concernée par l'appel américain, avait déjà anticipé, il y a un peu plus de deux mois, en demandant à la Syrie de choisir son camp. En d'autres termes, s'éloigner de la République islamique d'Iran. Le roi Abdallah ben Abdel Aziz aurait conseillé au président syrien Bachar al-Assad de renoncer à l'idée de créer un axe avec l'Iran s'il veut sauver son régime. Mais Damas sait parfaitement que la seule issue c'est l'alliance stratégique avec Téhéran.
La montée chaque jour d'un cran de la tension autour du dossier nucléaire iranien de la part des Etats-Unis pousse les dirigeants iraniens à riposter à leur manière et sur le terrain pour contourner la stratégie de l'anarchie préventive mise en place par Washington. En effet, alors que Washington monte les forces du mouvement du « 14 mars » au Liban contre le Hezbollah en lui demandant de livrer ses armes aux autorités libanaises et s'enrôler dans l'armée, le ministre iranien des Affaires étrangères débarque à Beyrouth où il lança un ultimatum aux forces britanniques basées au Sud de l'Irak en leur donnant un délai de 10 jours pour quitter Basra. Sinon, les chiites irakiens, alliés de la République islamique, pourraient rejoindre la résistance.
Dans le même ordre d'anarchie préventive, l'administration américaine adresse les messages à ses amis dans la région du Moyen-Orient selon lesquels elle fait comprendre qu'il lui serait difficile de les aider face aux mouvements extrémistes et les courants réformistes s'ils ne prennent pas les initiatives nécessaires visant à endiguer l'avancée de l'axe irano-syrien renforcé par l'arrivée du Hamas. De plus, Washington, qui ne semble se contenter des sanctions économiques qui veut d'imposer sur l'Autorité palestinienne avant même que Hamas prenne le pouvoir, encourage le gouvernement israélien et une partie du Fath à déstabiliser les nouveaux locataires du Conseil des ministres à Ramallah. L'anarchie à Gaza et dans les autres villes palestiniennes est le titre général de la prochaine étape. Au point d'aller vers la guerre civile.
Même scénario ou presque pour le Liban. Ce qui a poussé le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Hassan Nasrallah, de répéter dans son discours prononcé, jeudi dernier, dans la salle de l'Unesco à Beyrouth, que le pays est à deux doigts de la guerre civile. En même temps, les belligérants parlent des grandes quantités d'armes qui affluent de partout. Pour les forces du « 14 mars », ces armes viennent de la Syrie. Pour le Hezbollah et le mouvement Amal, elles déferlent par mer d'Israël sur demande des Etats-Unis. Les ingrédients d'une explosion semblent se rassembler alors qu'on remarque qu'aucune des parties opte pour un discours politique conciliant.
Les Etats-Unis ne se contenteront pas cette fois de la scène libanaise comme dans les années 70 pour lancer son plan d'anarchie préventive. Ils sont prêts, circonstances obligent, à raviver les incendies dans plus d'un pays de la région. Il n'hésiteront pas à mettre l'Irak à feu et à sang en laissant les milices des partis et mouvements religieux perpétrer les massacres ; et, en encourageant leurs agents à les épauler.
Dans cette foulée, il ne faut pas exclure des frappes militaires américaines à des objectifs vitaux iraniens y compris les centrales nucléaires. Cela s'accompagnera par des émeutes dans la région d'Arabestane « Al-Ahwaze » où se concentrent une partie des richesses pétrolières de la République islamique d'Iran. Une telle aventure d'envergure pourra forcer Téhéran à mobiliser les communautés chiites dans les pays du Golfe, plus particulièrement en Arabie Saoudite, à Bahreïn et même au Koweït. Une mobilisation qui pourrait basculer dans la violence et les attaques des intérêts américains.
La politique américaine dans la région, adoptée depuis l'occupation de l'Irak, n'a fait que raviver les foyers de tension dans presque tous les Etats. Si des régimes sont épargnés jusqu'ici des attentats, ils sont confrontés à des émeutes populaires qui les déstabilisent. Un chef d'Etat d'un pays du Golfe a, dit-on, mis en garde ses pairs régionaux, d'éventuelles attaques des terminaux pétroliers et des pipe-lines au cas où les Etats-Unis frapperaient des objectifs iraniens.
Si Washington est, semble-t-il, déterminée à appliquer la stratégie de l'anarchie préventive au Moyen-Orient, pour reprendre tout en main plus tard, elle tient, en revanche, à éloigner le Maghreb de cette poudrière. C'est ainsi qu'elle fait comprendre aussi bien à l'Algérie qu'au Maroc que cette région devra rester stable et que toute véritable tension militaire est interdite. L'orientation vers le développement économique et la complémentarité entre les cinq pays de l'UMA est la priorité en ce moment.
Selon une source algérienne bien informée, le secrétaire d'Etat américain à la Défense aurait mis en garde ses interlocuteurs à Alger contre tout « débordement » au niveau des relations avec la Russie. Surtout que le président Vladimir Poutine arrivera prochainement en Algérie. Le responsable américain qui, tout en respectant la souveraineté de ce pays et ses décisions, aurait fait comprendre que le cas iranien ne se reproduira jamais en Algérie. Avertissement intervenu après que Washington a appris que sur l'ordre du jour de la visite de ce dernier, le volet nucléaire est bien et bel placé. Donald Rumsfeld n'a fait ses déclarations d'éloges à l'Algérie, “l'ami des Etats-Unis” qui se développe et s'ouvre d'une manière spectaculaire, selon lui, qu'après que le président Abdel Aziz Bouteflika lui a affirmé que le volet nucléaire sera exclu des pourparlers. Et qu'il n'y aura plus d'achats de nouveaux avions ou d'équipements militaires sophistiqués de Moscou après cette date.
En effet, les Etas-Unis, en éloignant le Maghreb de la poudrière moyen-orientale, veulent préserver les intérêts géostratégiques au cas où la situation leur échapperait au Machrek. De ce fait, mettre les hydrocarbures de l'Algérie et les réserves pétrolières de la Libye que leurs compagnies viennent de regagner à la fin de l'année dernière à l'abri, cela dit que Washington veut compenser toutes éventuelles pertes au Moyen-Orient en raison de l'anarchie préventive. L'arrivée en grandes fanfares du géant américain Exxou Mobil sur les champs libyens outre les quatre autres faisant partie du Consortium “Oasis” en est la preuve de cette orientation en Afrique du Nord. Dans ce même ordre de leurs intérêts stratégiques au Maghreb, les Américains accordent de plus en plus d'importance à la Mauritanie qui devra commencer à exporter une partie de son pétrole à partir de mars prochain. Nouakchott est d'ores et déjà intégrée dans le système sécuritaire américain conçu pour la région.
Les Etats-Unis qui sont conscients que le temps ne joue pas actuellement en leur faveur au Machrek misent de plus en plus sur le Maghreb. Tout en profitant des erreurs des partenaires européens, notamment français, ils jouent la carte du “Package deal” dans tous les domaines politique, sécuritaire, économique, culturel, et récemment militaire.


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