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Mode d'emploi
Publié dans La Gazette du Maroc le 15 - 07 - 2002


Le jeu des coalitions
Au Maroc, les coalitions partisanes relèvent tantôt d'intérêts électoraux conjecturaux, tantôt de la manipulation de l'administration en vue d ‘assurer l'équilibre du système politique. Toutefois, des coalitions politiques, sur un fond idéologique, sont en train de faire surface.
La coalition est un mécanisme incontournable pour le fonctionnement du système politique. En effet, l'accord établi entre des partis politiques est un outil politique indispensable pour apaiser les tensions politiques et mettre en place un consensus politique, jugé irréversible pour la transition vers des systèmes démocratiques. Reste à savoir les formes que peut revêtir la coalition, les modes de sa mise en œuvre dans le cadre du jeu politique ainsi que ses objectifs déclarés et dissimulés.
Coalition politique ou coalition partisane
Deux types de coalition caractérisent le jeu politique : d'une part, la coalition politique qui atteste d'une volonté politique explicite ou tacite, de deux ou plusieurs acteurs, pour établir une collaboration politique stratégique, fondée sur le partage de convictions et principes similaires (Goffman 1975). L'exemple de la formation de la Koutla (bloc démocratique), en 1992, en est une parfaite illustration qui témoigne d'une volonté politique de consolider la modernité et la démocratie. En fait, la Koutla s'inscrivait, en quelque sorte, dans le cadre d'un regroupement stratégique pour en défaire les partis de l'ex-gouvernement. La réponse de celui-ci ne s'est pas fait attendre avec la constitution du “ Wifaq ” comme un contre-poids qui assure la stabilité du jeu politique.
D'autre part, la coalition partisane signifie un
accord souvent explicite, entre deux ou plusieurs
partis, inhérent au processus électoral et qui a
pour objectif principal l'établissement d'une majorité gouvernementale arithmétique par la mise à contribution des postes électifs acquis par chaque parti (Chazel 1978). La constitution du gouvernement de coalition, par Youssoufi, en 1998, atteste positivement de l'importance capitale de la coalition partisane pour accéder au pouvoir. En effet, malgré l'hétérogénéité de la structure partisane, qui forme la toile de fond du gouvernement, le minimum d'accord politique enregistré entre les différents partis alliés semble efficace ; au moins au début de la mise en œuvre du processus de transition démocratique.
Jeux de coalitions : pourquoi faire ?
Avant les échéances électorales, les partis politiques peuvent procéder à des accords de collaboration sur différents sujets relatifs au fonctionnement du système politique (B.Badie 1988). D'abord, les partis peuvent se mettre d'accord sur la participation conjointe aux élections aussi bien législatives que municipales. Ainsi, après le consensus politique établi entre la monarchie et les partis de l'ex-opposition en 1997, tous les partis politiques sans exception ont pris part aux élections municipales et législatives, espérant inaugurer une ère nouvelle de transition démocratique. Mais, la manipulation des élections avait biaisé le processus démocratique qui a été marqué par le retour en force des partis de l'ex-opposition notamment l'USFP et l'Istiqlal.
Ensuite, les partis peuvent s'allier pour la formation d'un gouvernement après les élections (B.Badie 1988). En effet, en 1998, et malgré l'interventionnisme de l'administration dans l'orientation des résultats électoraux, les partis politiques de la Koutla se sont déployés pour former un gouvernement de coalition sous la houlette de Youssoufi. Après des mois de négociations, un gouvernement de coalition a pu voir le jour en mars 1998. Et à l'exception de l'OADP, tous les partis de la Koutla avaient pris part à cette expérience pour le moins anodine puisqu'elle avait enregistré la cohabitation des partis de l'ex-opposition avec le parti RNI ; considéré comme un parti joker créé par l'administration. Résultat, la coalition des partis en vue de former un gouvernement, dit de l'alternance, s'est effectuée au détriment de la ligne idéologique des partis participants. Vue sous cet angle, la coalition partisane s'est soldée par une configuration politique gouvernementale des plus balkanisées. Ainsi, le gouvernement de coalition comptait sept partis politiques dont l'USFP est le chef de file.
Après l'annonce des résultats des élections, la coalition partisane peut s'avérer d'une grande utilité pour la modification de certains éléments du système politique ou l'élaboration conjointe de certaines politiques (F.Chazel 1978). C'est ce que le gouvernement Youssoufi avait tenté de réaliser pendant son mandat législatif. Différents projets de lois adoptés par les partis au gouvernement attestent de cet état de fait. À titre d'exemple, la mise en place d'une nouvelle charte d'investissement, d'un nouveau code de la presse, d'une nouvelle politique de couverture sociale…Même si le gouvernement n'a pas réussi à les mettre en application.
Coalitions partisanes : mode d'emploi
Les alliances entre partis sont importantes pour le processus électoral et peuvent exister sous différents aspects et à des degrés variés. En effet, les coalitions partisanes dans les phases préélectorales revêtent une grande importance, notamment dans un système électoral de représentation proportionnelle par le scrutin de liste (RPSL).
D'un côté, les partis politiques peuvent, par exemple, établir des coalitions dont les listes incluent les candidats de chacun des partis ou des indépendants, s'identifier à cette coalition pour toute la durée du processus dans les circonscriptions visées et en exclure la présentation de candidats indépendants par les partis non impliqués dans la coalition. C'est le scénario le plus vraisemblable dans l'état actuel des choses vu la volonté affichée des partis “ poids lourds ”, notamment l'USFP, de barrer la route aux ambitions politiques des candidats indépendants (SAP) par l'adoption d'une loi électorale très contraignante en apparence.
Et de l'autre côté, les partis peuvent également décider de publier la liste de partis alliés dans chaque circonscription pour pouvoir bénéficier du soutien électoral dont ils estiment jouir auprès de l'électorat. C'est, en tout cas, une pratique courante dans les systèmes de partis bien développés. Au Maroc, l'éclatement de la carte partisane est telle pour qu'une pratique du genre puisse voir le jour. Certes cette méthode permet de pallier les effets négatifs de l'atomisation des votes entre un parti donné et d'autres partis dont il peut espérer obtenir un certain degré d'appui et de coopération. Il n'en demeure moins que le système des partis, tel qu'il se profile actuellement, soit dans la quasi-impossibilité d'assimiler une telle pratique. D'où l'éventualité de voir beaucoup de partis évincés du jeu des élections à l'image des partis de Belhaj (APL), de Lhajouji (PFC) et d'autres.
Typologie des coalitions
Les alliances entre les partis politiques dépendent principalement de l'activité stratégique et politique des partis dans un système démocratique (C.Gaxie 1979). Dans les systèmes politiques occidentaux, notamment en France, l'annonce des alliances politiques sont partie intégrante d'un jeu politique transparent avant même le déroulement des élections. Au Maroc, deux types de coalitions semblent caractériser le jeu politique : les coalitions préélectorales et celles post électorales.
Quant aux “ coalitions préélectorales ”, l'observateur ne manquera pas de relever les tentatives électoralistes d'alliances entre certains partis politiques. En effet, beaucoup de partis politiques ont affiché leur volonté de mettre en place des coalitions politiques pour consolider leur position politique, surtout à la veille des échéances électorales de septembre 2002 ; où la concurrence s'annonce des plus âpres. L'alliance établie entre le PPS et le PSD, au cours de cette année, en fournit une parfaite démonstration.
Pour ce qui concerne les “ coalitions post électorales ”, il paraît qu'elles sont souvent dominées par l'arithmétique politique qui finit par l'emporter sur la logique politique. En général, c'est la logique numérique, en termes de sièges parlementaires, qui arrive à prendre le dessus sur l'idéologie politique. En d'autres termes, les partis politiques cèdent, souvent, à la tentation de former une coalition partisane, seule capable de garantir une majorité gouvernementale, au détriment de la mise en œuvre d'une coalition qui associe des acteurs partageant des idées et des convictions politiques similaires. À cet égard, le gouvernement Youssoufi de 1998, composé de sept partis, en fournit un exemple des plus éloquents.
Bien sûr, les effets de ces ententes politiques s'étendent, coalition partisane calculée oblige, sur le travail gouvernemental. Ainsi, les partis politiques qui forment la majorité gouvernementale essayent, autant que faire se peut, de garder compacte leur coalition gouvernementale, malgré le risque toujours présent de la voir éclater à tout moment. Pour ce qui concerne le gouvernement Youssoufi, il est certain que la coalition gouvernementale ait résisté aux péripéties politiques qui avaient marqué le jeu politique.
À ce propos, il serait utile de rappeler les moultes ententes politiques enregistrées lors de l'adoption des projets de lois et/ou la mise en place de nouvelles réformes politiques. Dans ce sens, l'élaboration d'un plan d'intégration de la femme au développement en 1999 et l'adoption d'une nouvelle loi électorale (RPSL), au cours de cette année, en sont les parfaites illustrations. Néanmoins, cela ne nous autorise pas de parler d'une coalition politique vu l'hétérogénéité des composantes politiques des différents partis qui forment le gouvernement.
D'autant plus qu'il serait illusoire de parler de véritables coalitions politiques entre les partis marocains surtout lors d'une phase de transition démocratique.
Tiraillés entre des conflits de leadership politique visant à s'accaparer du pouvoir politique et un contexte politique en pleine transformation, les partis politiques peinent à préserver leur unité, à l'image de la scission du RNI, pour qu'ils songent à s'allier entre eux. Ce faisant, on aura du mal à imaginer comment des partis politiques aussi désorganisés pourraient-ils mobiliser d'autres militants outre que les leurs.Néanmoins, il serait toujours possible d'assister à l'établissement d'alliances politiques effectives susceptibles de fusionner les préceptes politiques de deux ou plusieurs courants similaires.
Retour de l'idéologie
L'observation minutieuse du champ politique atteste positivement de l'enclenchement de processus de coalitions politiques de facto. En effet, certains partis politiques, profitant de la phase d'ouverture du système politique, avaient vu juste en amorçant un processus d'alliance politique qui se place au-dessus des surenchères électorales. Pour aller dans ce sens, il faudra noter les manœuvres, politiquement correctes, entreprises par des partis politiques sur un fond idéologique visant à transcender le champ politique.
A cet égard, deux exemples méritent d'être soulignés : primo, l'alliance de “ la gauche socialiste unifiée ” composé de l'OADP, du MPD et du MDI et qui prêche le retour aux principes idéologiques fondateurs de la gauche. Du coup, cette alliance politique s'est démarquée de l'USFP dont l'idéologie semble émoussée après l'expérience gouvernementale. Secundo, la coalition politique, annoncée le 07 juillet 2002, entre les frères ennemis le MNPet le MP marque une percée idéologique à peine dissimulée. Ce faisant, les retrouvailles entre Aherdane et Laensar s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie politique sur un fond idéologique en vogue, à savoir, la réhabilitation du monde rural et de l'identité amazighe. Bien entendu, ces alliances prennent en considération les prochains enjeux électoraux visant à ratisser large parmi l'électorat marocain, sans pour autant qu'elles en fassent leur unique souci politique.
Vraisemblablement, il paraît que les coalitions
partisanes relèvent plus d'intérêts électoraux que
d'une volonté politique concrète et délibérée. En effet, les partis politiques au Maroc semblent partagés entre deux conceptions de la coalition partisane très controversées : la première, privilégie le jeu de transparence puisque ses partisans préfèrent annoncer les coalitions partisanes avant le déroulement des élections. C'est en tout cas la position du parti de l'Istiqlal. La deuxième, prône une politique politicienne qui trouve sa satisfaction dans le marchandage et les négociations interminables après l'annonce des résultats électoraux. C'est du moins l'avis du leadership du parti de l'USFP.
Pourtant, et à en juger d'après la conjoncture politique, il paraît que deux tentatives d'alliances s'inscrivent, manifestement, dans une logique de coalition politique à forte connotation idéologique : d'une part, la résurrection de la gauche par l'alliance incarnée par “ la gauche socialiste unifiée ” (OADP, MPD et MDI). Et d'autre part, la réhabilitation du monde rural et de l'amazighisme (MNP et MP).
Mais, apparemment, le message a été bien reçu par le parti de Si Allal puisque les responsables politiques de l'Istiqlal ont réactivé l'idéologie politique du parti, caractérisée par la référence islamique et la tradition du conservatisme. Ce qui n'est pas le cas du parti de l'USFP qui trouve du mal à se repositionner sur l'échiquier politique à cause de l'éclipse de son idéologie politique progressiste. De là, toute la difficulté pour le parti de Youssoufi à établir des coalitions politiques. D'où le risque de voir l'USFP, au cas où il sortira vainqueur des prochaines élections, refaire la même expérience de coalition gouvernementale désagrégée. C'est, en tout cas, le scénario le plus catastrophique que peuvent imaginer les usfpéistes. À première vue, on n'en est pas encore là. Mais, n'empêche que déjà des partis politiques ont décidé d'assumer leur responsabilité et d'agir comme un acteur politique dont l'idéologie constitue la matrice de base qui produit les idées, nourrit les espoirs, canalise la vie politique et donne aux citoyens des repères politiques distinctes. Sans laquelle toute action politique, y compris le jeu des coalitions, serait vidée de toute sa substance intrinsèque. (R. Boudon 1986).


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