Croissance La Banque mondiale continue de déplorer une " faible croissance " dans le Royaume sans dissimuler son étonnement face au paradoxe d'une société à "pleines réformes" dont la croissance demeure l'une des plus faibles au monde. Le ton est donné par José R. Lopez-Calix, Ingénieur Principal en charge de la région Maroc au sein de l'institution de Bretton Woods qui n'a pas caché son étonnement en s'interrogeant, perplexe : comment se fait-il donc qu'un pays qui a subi de nombreuses réformes ne puisse pas accélérer sa croissance de façon suffisante ? Avant de se résoudre à un constat assez curieux en la matière : " La croissance au Maroc reste, pour beaucoup, une énigme, bien que des progrès importants aient été réalisés durant les dernières années, surtout en termes de stabilité des prix, de réduction de la dette publique, de renforcement du système financier, d'amélioration des infrastructures, de réforme de l'éducation et de relance du tourisme et de la privatisation ". En effet, sinon comment expliquer l'image favorable croissante du Royaume auprès des agences internationales de notation de risque et l'attitude positive des instances de rating sur la compétitivité et l'attractivité des investissements ? En fait, le cap sur le " tout-libéral " ne suffit pas à justifier des avancées qui sont, paradoxalement, ralenties par un certain nombre de contraintes à l'accélération de l'activité économique. C'est en substance ce qu'a révélé une récente étude de la BM sur les phénomènes d'accélération économique d'un échantillon de 83 pays sur les quarante dernières années. La conclusion a donné que moins de 20% des pays engagés dans la voie de la libéralisation économique ont pu être suivis d'effets d'accélération de leur développement. Tout en mettant en garde contre le constat que l'observation de périodes de croissance élevée peuvent ne pas être liées aux réformes mais plutôt sur des changements focalisés sur les contraintes majeures à la croissance économique. La bataille de la forte valeur ajoutée Notre économiste " mondialiste " s'attache à convaincre, en priorité sur la qualité des produits exportés plutôt que sur leur volume. L'expérience de certains pays émergents à performances économiques appréciables a prouvé que ce qui importe, ce n'est pas "combien vous exportez ?", mais surtout "qu'est-ce que vous exportez ?". Autrement dit, le processus de diversification productive impose au Royaume d'accélérer la transformation de ses activités de production à faible valeur ajoutée en leur substituant des produits à forte valeur ajoutée. Le rapport de la BM établit un diagnostic qui ne souffre aucune équivoque ou interprétation : " L'économie marocaine souffre d'un processus de transformation trop lent pour réaliser une croissance rapide, essentiellement dans le domaine des exportations qui doivent faire face à des chocs externes défavorables de la part de pays concurrents dans les principaux marchés ciblés par les exportations marocaines ". Ce qui met l'économie extérieure du Royaume en rude position dans le libre-échangisme où sa capacité à marquer sa différence reste encore à établir dans plusieurs secteurs d'activité. Les freins majeurs à la croissance s'identifiant à la politique économique du Royaume se traduisent par la rigidité du marché du travail, une pression fiscale élevée, un régime de change de parité fixe ne servant pas la compétitivité internationale du pays et, en dernier lieu, un positionnement " anti-exportations " dû à un niveau des plus élevés dans le monde de protection commerciale. En outre, des défaillances du marché contribuent à ralentir la dynamique de croissance accélérée, à l'instar de la concurrence déloyale par le piratage et la contrefaçon et des carences en termes de coordination entre les deux secteurs privé et public. Mais il est un autre inconvénient stoppant le processus de croissance qui se traduit par les défaillances affectant les systèmes de formation et diagnostiquant le Royaume comme la lanterne rouge mondiale en matière de formation dans les entreprises. Au centre des politiques de dépassement d'une pareille situation de " crise " économique de la croissance, l'innovation. Mais là, c'est une autre histoire…