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“L'assistanat est terminé”

Entretien avec Toufik Hjira, ministre du logement et de l'urbanisme
Pour Toufik Hjira, 2005 n'est que le début d'une longue période de croissance. Cependant, aux opérateurs privés qui ne cessent de réclamer des avantages de plus en plus importants, il préfère tenir un langage ferme. L'Etat ne peut ni offrir des exonérations sur une longue période, ni introduire lui-même les nouvelles technologies. Il maintient le même langage à l'égard des villes laxistes par rapport à la gestion de l'habitat insalubre. Néanmoins, il compte accorder des avantages aux opérateurs qui voudraient bien produire des appartements à 120.000 dirhams.
Nous nous acheminons vers la douzième année depuis le lancement des 200.000 logements par le Roi Hassan II. Et pour la première fois, le cap des 100.000 a été franchi. Quel bilan peut-on dresser ?
Nous pouvons être fiers d'une réussite, dans la mesure où nous avons atteint exactement 113.200 nouveaux logements sociaux livrés par les promoteurs. Nous avons ainsi réussi à passer d'un plafond qui était pendant de longues années de 45.000 logements sociaux à près du triple. Sans fausse modestie, j'estime que ce nouveau record ne doit pas être considéré comme un pic, mais plutôt le véritable début de notre programme. Par rapport au rythme de mise en chantier, grâce à l'implication personnelle de SM le Roi, je crois savoir que durant les trois prochaines années, les livraisons seront largement supérieures à 100.000 logements.
Je rends hommage aux promoteurs privés, qui ont su prendre le taureau par les cornes et honorer leurs engagements par rapport à tout le gouvernement. De même, l'action des établissements publics, notamment les Erac, n'est pas négligeable, dans la mesure où ils ont plus que doublé leur production annuelle moyenne.
Le secteur privé demande de la visibilité sur le long terme. Par conséquent, il demande à bénéficier d'avantages fiscaux sur les moyen et long termes, contrairement à ce qui se fait actuellement. Qu'est-ce que vous répondez ?
C'est légitime de leur part, dans la mesure où l'investissement immobilier est tel qu'un dirham mobilisé cette année ne pourra être récupéré que sur trois ou quatre ans. Et il s'agit souvent d'investissements assez lourds. Toutefois, j'ai envie de poser aux promoteurs immobiliers une seule question. Pourraient-ils espérer une meilleure visibilité que celle donnée par l'engagement de SM le Roi ? En effet, le Souverain a fait de l'immobilier une des quatre priorités de son Règne. Cela dépasse donc le simple cadre d'une politique gouvernementale à travers laquelle une majorité met en œuvre ses ambitions qui pourraient être revues et corrigées par la prochaine majorité.
Cependant, le gouvernement lui-même fait face à de nombreux aléas. Nul ne peut prédire quel sera le prix du baril dans trois mois. Il est difficile de savoir ce que sera la prochaine campagne agricole ou bien quel sera l'impact d'une épidémie mondiale de grippe aviaire. Par conséquent, cette demande bien qu'elle soit légitime ne peut trouver une réponse favorable si elle signifie qu'il faut donner des avantages fiscaux ou des terrains du domaine privé de l'Etat sur une période inconsidérée.
Vous menacez de retirer le soutien de l'Etat aux villes qui ne fourniront pas suffisamment d'efforts dans le programme de lutte contre l'habitat insalubre. Est-ce judicieux ?
Faut-il donner aux villes d'importantes sommes d'argent sans rien attendre en retour ? Je ne crois pas que ce soit adéquat de le faire. C'est pourquoi elles doivent désormais ériger la résorption de l'habitat insalubre en rang de priorité. Il est vrai que nous ne pourrons pas laisser les résidents des bidonvilles sans assistance, pour la seule raison que leurs élus n'ont pas respecté leurs engagements.
Il ne s'agira donc pas d'annuler l'aide apportée aux villes et aux collectivités locales. Cependant, je peux vous affirmer que nous n'hésiterons pas à suspendre les conventions avec certaines villes qui ne se mettraient pas en conformité avec lesdits accords.
Quelles villes bénéficient de ces aides et quelles sont les conditions qu'elles doivent respecter ?
Aujourd'hui, 43 villes sont conventionnées dans la cinquantaine que compte le Maroc. Et ces conventions offrent des aides financières puisées des caisses du Trésor, à travers le ministère du Logement et de l'Urbanisme, qui sont proportionnelles aux nombres de ménages vivant dans des habitats insalubres. A côté de l'aide financière, l'Etat fait également un geste dans le foncier, soit par l'apurement des terrains qui appartiennent à des privés, soit par la mise à la disposition des villes d'une partie des terrains du domaine privé de l'Etat. En fin de compte, nous mettons à la disposition de ces mêmes collectivités locales ou villes, les opérateurs notamment publics. Cependant, il va sans dire qu'une contrepartie est plus que légitime pour justifier cette dépense de deniers publics et donc de l'argent du contribuable. Les villes, à travers les wilayas ou les conseils communaux doivent donc assurer trois choses. D'abord, elles doivent garantir le contrôle de la prolifération des bidonvilles. Nous ne pouvons pas être derrière chaque habitat insalubre pour voir qu'un nouveau ne verra pas le jour une fois les premiers habitants recasés.
Ensuite, les villes devront assurer la gestion sociale des recasements et le transfert vers les nouveaux logements qui seront construits. Enfin, la gestion au cas par cas leur incombe dans la mesure où l'administration centrale n'est pas en mesure de le faire. En somme, il s'agit d'un vrai partage de responsabilité où les acteurs locaux expriment leur besoin et mettent en œuvre une politique de relogement grâce au soutien du gouvernement.
Certains professionnels, notamment les architectes, ont peur de voir la révision des normes de construction qui autoriseront des chambres de 7 m2 contre 9 actuellement et une hauteur de 2,4 m contre 2,8 pour permettre la construction d'un logement à 120.000 dirhams. Qu'en est-il ?
Il n'est surtout pas question de revoir les normes de construction pour permettre aux opérateurs privés de construire des logements à 120.000 dirhams. Si certains affirment qu'ils ne peuvent pas en élaborer, je me ferai le plaisir de les réaliser pour eux, mais à leurs frais bien entendu. En effet, si les Erac ont bien réussi à le faire, eux aussi pourront le faire. Je reconnais qu'à Casablanca, la mise en œuvre d'un programme d'appartement à 120.000 dirhams fait face à la limite de la contrainte foncière. Pour le rendre possible, il faut deux choses. D'une part, il est crucial que les professionnels introduisent les nouvelles technologies de construction avec le préfabriqué. D'autre part, la péréquation du foncier par l'Etat est nécessaire.
Mais le privé pourrait-il tirer son épingle du jeu avec de tels appartements ?
D'une manière générale, l'appartement à 120.000 dirhams est possible, car comme je viens de vous l'affirmer, les Erac comptent à leur actif 14.000 logements de ce type qui sont certes commercialisés au prix fort. Cependant, des opérateurs privés en comptabilisent également 6000, ce qui montre bien que nous avons dépassé le stade du rêve. S'agissant de la péréquation du foncier public, nous allons mettre en place des cahiers des charges avec des conditions préférentielles dont bénéficieront les opérateurs privés. En contrepartie des avantages qui leur seront octroyés, ces professionnels privés devront consacrer entre 20 et 30% des superficies ou des productions à des logements à 120.000 dirhams. Aujourd'hui, ce n'est pas l'engouement que nous attendions car le privé doit naturellement faire des bénéfices, ce qui n'est possible qu'avec l'engagement du gouvernement, lequel ne devrait pas tarder.
S'agissant de l'introduction des nouvelles technologies, les opérateurs affirment que les résistances culturelles voueraient tout investissement de ce type à l'échec. En effet, la moindre modification est rendue impossible par la dureté des matériaux. Certaines veulent même que l'Etat leur garantisse l'achat d'au moins 8000 unités avant de le faire…
Concernant l'introduction des nouvelles technologies de construction, il faut que ces opérateurs auxquels vous faites allusion sachent que le risque zéro est contraire à l'investissement. Il n'est pas question que le gouvernement s'engage à acheter cette technologie.
Les méthodes conventionnelles d'assistanat n'ont plus cours dans les choix du Maroc actuel. Et, de toute évidence, si les Marocains hésitent à s'y lancer, des investisseurs étrangers ne tarderont pas à occuper ce terrain à leur grand regret. Car, de toute manière, ces nouvelles technologies associées au Fond de garantie pour les revenus irréguliers et modestes (Fogarim) pourront venir à bout de n'importe quelle résistance culturelle.


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