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Des “injusticiers” à Safi
Publié dans La Gazette du Maroc le 13 - 03 - 2006


Un héritage qui tourne au drame
Alors que d'autres crèvent la dalle, frères adoptifs et cousins s'entretuent pour un lopin de terre, un héritage, à Safi où la justice, manquant de rigueur, encourage à sa façon le crime. Une tentative d'homicide volontaire a été traduite par «coups et blessures à l'arme blanche». Le corps médical s'est aussi mêlé à cette affaire sous pression de représentants de la justice. Ligaments sectionnés et fractures sont devenus chose banale dans un hôpital public ; un simple pansement. Heureusement que les P.V. de la gendarmerie royale sont ficelés, mais pas pour autant. Un drame produit par un groupe d'« injusticiers » à Jemâat Shaim, chez les Abda.
Une plaie ouverte de 16/ 6 cm au-dessus du genou. Une autre ouverture sur la jambe du frère avec une énorme plaie sur le dos. C'est à Jemâat Shaim, douar Oulad Yahia, dans la périphérie de la ville de Safi, fief des Abda, que la scène s'est passée. 7h 30 mn, 24 février dernier, un vendredi ; jour du Souk. D'ailleurs, ce marché-là s'appelle Jemâat Ouled Shaim.
Deux frères menaient une vie heureuse au point que les habitants du douar les surnommaient “les inséparables”. Ils partageaient tout en bons paysans. Le verre de thé, dit-on, ne passait pas à travers la gorge de l'un sans la présence de l'autre. La vie a duré ainsi et chacun d'eux s'est marié. Ils ont eu des enfants. Beaucoup d'enfants. Abdellah, dans un moment de clairvoyance, voit la mort s'approcher et invite son frère Miloud au partage des biens. Lopins de terre et constructions sont délimités à l'amiable, sous serment, comme les choses se faisaient autrefois. Abdellah meurt. Les enfants grandissent et se marient à leur tour. La famille grandit. Les épouses, qui restent étrangères au tissu familial, gagnent du terrain et poussent leur conjoint, chacune à sa manière, à réclamer officiellement sa part. Par respect à la volonté du défunt père, les enfants de Abdellah ne veulent pas entrer en guerre avec leur oncle et leurs cousins. Ceux-là intentent un procès et le tribunal de Safi ordonne une expertise. Les enfants de Abdellah, disent-ils, refusant de confronter leur oncle devant un tribunal, laissent faire. L'expert concocte son rapport et le tribunal tranche au détriment des absents qui ont toujours eu tort. Mais l'exécution s'avère impossible. Les descendants de Miloud veulent à tout prix prendre la moitié d'une construction donnant sur la route pour couper court aux autres. Commencent alors les chamailleries, les injures, les sous-entendus, les coups fourrés pour aboutir aux plaintes. Au moins une trentaine. La gendarmerie royale de la région est tellement dégoûtée des faux appels qu'elle n'y prête plus attention.
Car, pour un simple cri, un geste mal interprété, une augmentation de volume de la simple radio-cassette, plainte est déposée et la brigade doit se déplacer pour ne rien constater. La vie entre familles devient infernale et, pourtant, personne ne veut céder de peur que cette chose appelée honneur soit bafouée. Elle est ainsi faite, la vie paysanne. La terre, la femme et les enfants avant tout.
De bon matin
Vendredi 24 février, les choses prendront une autre tournure. Les versions s'entremêlent, mais le retour aux procès verbaux de la gendarmerie royale du Centre Jemâat Shaim reste la base qui retrace le drame. Ce même jour, vers 14 h, un dénommé Abdellatif, habitant la ville de Safi, se pointe au poste pour déclarer qu'à 9 h, « je me suis rendu de Safi chez ma mère au douar Oulad Yahia, pour une visite familiale. Un certain Mustapha me coince et, à l'aide d'un gourdin, me tabasse et casse le pare-brise de ma voiture. Abdelkarim, couteau à la main, tente de me blesser. Un attroupement se constitue. Je tombe par terre, évanoui. On me déleste de 4150 DH. Les mis en cause sont mes cousins et ils se prennent pour des hors-la-loi dans le douar ; cependant, je n'ai pas de témoin ». Ainsi conclut Abdellatif sa déclaration tout en lui joignant un certificat médical de 20 jours d'incapacité.
Le 25 février, vers 13 h, les éléments de la gendarmerie royale se rendent au douar pour auditionner les mis en cause dans la plainte de Abdellatif.
Mahjouba bent M'Hamed, née en 1930, veuve et mère de six enfants répond aux questions des enquêteurs : « Vendredi dernier, vers 7 h, après la prière d'Assobh, alors que je préparais le petit-déjeuner, arrive Abdellatif à bord de sa voiture. Il est entré dans la maison en compagnie de son frère Rabii et ont pris de force mon fils Abdelghani. Ils l'ont sorti de la maison et, avec la complicité de leur frère Ahmed, ils l'ont torturé et blessé au dos à l'aide d'un couteau. Lorsque mon fils Allal est sorti pour sauver son frère, il a été sauvagement abattu. Rabii, M'Hamed, Ahmed, Hamid et Abdellatif le frappaient à l'aide de gourdins et de couteaux. Mes enfants ont été grièvement blessés et nous les avons transportés aux urgences de l'hôpital Mohammed V de Safi. Ils y sont encore hospitalisés. Abdellatif veut impliquer toute la famille pour camoufler son forfait ».
Mustapha, dans sa déclaration à la gendarmerie royale, nie avoir été présent sur les lieux tout comme Houcine qui dit avoir été au souk en compagnie de son père. Sâadia déclare à son tour que le jour de l'agression, elle se trouvait chez elle. Ce sont les cris qui l'ont poussée à sortir pour constater deux corps allongés par terre, gisant dans leur sang. Abdelilah déclare que le jour même, lorsqu'il s'apprêtait à sortir les vaches de l'écurie, il a vu Allal et Abdelghani allongés par terre au milieu d'une marre de sang. Les habitants du douar les regardaient de loin. L'ambulance est arrivée et a transporté les blessés vers l'hôpital.
Le 26 février, suite aux déclarations de la mère, Mahjouba, les éléments de la gendarmerie royale se dirigent vers l'hôpital Mohammed V de Safi. Au 2ème étage de l'établissement, chambre 23, Allal était là : plusieurs plaies dont la plus grande mesure 16/6 cm, au genou, au dos, sur la tête… La victime déclare avoir été réveillée ce jour-là par les cris et les hurlements. Lorsqu'Allal a voulu sauver son frère, Andelghani, des femmes l'ont en empêché. Il a vu Abdellatif battre son frère, une épée à la main. Les autres frères portaient des gourdins. Après avoir mis à terre le frère, ils s'en sont pris à lui et l'ont abattu à son tour. Allal ajoute que cette agression est venue suite à une procuration faite en sa faveur par la sœur des agresseurs, Rabia, qui se sentait lésée dans ses droits d'héritage.
Salle 29 du même étage, et toujours en présence de l'infirmière de permanence, les gendarmes retrouvent Abdelghani souffrant de multiples blessures sur la jambe, au genou, au dos, sur la tête, au visage… Abdelghani souffre tellement qu'il est devenu pâle. Il a beaucoup perdu de son sang. Son audition sera reportée pour après, car son état de santé ne le permettait pas ce jour-là.
15 h, de retour au centre, les gendarmes contactent le substitut du procureur du Roi près le tribunal de première instance de Safi. Contact est pris aussi avec le médecin de l'hôpital pour évaluer le degré de gravité des blessures dont souffrent les victimes. Un certificat de 45 jours d'incapacité est délivré aux gendarmes le 27 février. Le médecin traitant leur déclare que Abdelghani est dans un état comateux et que ses blessures profondes, surtout au niveau de la jambe droite, dont les ligaments ont été séctionnés, nécessitent l'intervention d'un médecin spécialiste, un neurochirurgien de préférence.
Compte-rendu est donné au substitut du procureur qui ordonne la mise en garde à vue de Abdellatif, Ahmed, Hamid, M'Hamed et Rabii.
Le 28 février, une descente au douar Oulad Yahia se solde par la seule arrestation de Hamid. Les autres frères, dit-on, se trouveraient à Safi. Les gendarmes constateront également que la maison, objet du litige, était désossée de ses portes, au nombre de six. Tous les meubles ont été déplacés par ce Hamid même vers le domicile de ses beaux-parents.
Les habitants du douar, dans une discrétion conditionnée par la crainte et la peur, ont tous témoigné en faveur des victimes. Ceux qui étaient présents ont dit avoir vu les cinq frères s'acharner sur Allal et Abdelghani. Mais personne n'a osé donner son identité.
Les gendarmes n'ont pu mettre à l'ombre que trois des cinq mousquetaires : Hamid, M'Hamed et Rabii. Ahmed et Abdellatif sont en état de fuite. Ce dernier, spécialisé dans le camouflage et la diversion, s'est rendu dans une clinique à Safi après avoir déposé une plainte. Lorsqu'il a su que son jeu était dévoilé, il a fui sans même payer la facture de l'hospitalisation. D'ailleurs, le médecin de la clinique attestera dans une communication téléphonique avec les gendarmes que Abdellatif ne souffrait d'aucune blessure.
De 45 jours à 3 mois
Voyant l'état de santé de leurs proches se dégrader, les membres de la famille des victimes décident de transférer les malades au C.H.U de Casablanca. Une fois aux urgences, les médecins constatent des anomalies incroyables au niveau du traitement des blessures. Les ouvertures des plaies ont été cousues sans réparer les ligaments sectionnés. La fracture au niveau de la jambe n'a pas été plâtrée, juste un pansement a été entouré autour. Ainsi, l'incapacité a été évaluée à 3 mois au lieu de 45 jours.


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