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Le pardon royal
Publié dans La Gazette du Maroc le 17 - 04 - 2006

Si les grâces royales prononcées au profit des détenus, à l'occasion des fêtes nationales et religieuses, se multiplient, elles ne se ressemblent pas pour autant. Dans cette fournée de 879 élargis, on dénombre pas moins d'une trentaine d'islamistes condamnés à de lourdes peines pour terrorisme. Le cas le plus intéressant est celui de Abdellatif Merroun, un Britannique d'origine marocaine condamné pour ses relations avérées avec le théoricien de la Salafiya Jihadiya, Mohamed Fizazi.
La nouvelle est tombée le jour même de l'Aïd El Mouloud Annabaoui célébré au Maroc le mardi 11 avril 2006. Une fois encore, ce sont les deux chaînes de télévision qui ont fait l'annonce dans leurs journaux télévisés respectifs du soir. Le Roi Mohammed VI ordonne une grâce royale au profit de 879 détenus incarcérés dans les différents établissements pénitentaiaires du pays. Le communiqué du ministère de la Justice répartit les bénéficiaires en 168 détenus qui ont bénéficié d'une grâce totale, de 423 qui ont profité d'une remise de peine alors que 13 autres ont vu leur peine de réclusion à perpétuité commuée à des peines de prison d'une durée limitée.
Si la mesure de grâce est devenue quasiment systématique à chaque fête, religieuse soit-elle ou nationale, l'identité des détenus bénéficiaires de la grâce royale, elle, retient l'attention vu son intérêt médiatique. Dans cette catégorie-là, les détenus islamistes, jugés et incarcérés dans le cadre de la loi antiterroriste, suite aux attentats du 16 mai 2003, à Casablanca, sont incontestablement les cas les plus intéressants, eu égard à la vague de polémiques qui s'est étendue au-delà des frontières.
Signe fort d'apaisement
Justement dans le lot des détenus élargis, figure cette fois-ci un groupe de 30 personnes jugées et condamnées à de lourdes peines pour terrorisme par la justice marocaine. 30 islamistes de plus désormais libres de leurs mouvements, ce qui fait porter le nombre des islamistes graciés depuis les attentats sanglants de Casablanca à pas moins de 300 individus, déclare réjoui Abderrahim Mouhtade, président de l'association très contestée de défense des détenus islamistes “Annassir” qui accueille positivement et unanimement la grâce royale. Il s'agit là d'une volonté délibérée de SM le Roi qui a voulu adresser un signe fort d'apaisement et de clémence.
Un geste généreux de louable tradition royale, marqué du sceau de l'observance des idéaux de l'Islam, prônant la tolérance et le pardon magnanime.
Ce n'est pas l'expression d'une faiblesse, mais celle de la vigueur d'une force morale ayant le courage d'assumer ses actes pour mieux affronter les défis de la société démocratique de l'avenir.
À n'en pas douter, pareille démarche, selon l'association Annassir, corrige l'image du Maroc qui en sort sérieusement redorée. Bien qu'ils aient été, eux, poursuivis pour des chefs d'accusation qui ne sont pas pourtant légers, ils ont été relâchés avec le risque d'une tentation de récidive qui n'est jamais définitivement écarté.
Parmi les principaux bénéficiaires dans cette fournée, il y a lieu de citer Abdellatif Merroun, un Britannique d'origine marocaine condamné en août 2003 à cinq ans de prison pour ses relations avérées avec le théoricien de la Salafiya Jihadiya, Mohamed Fizazi. Arrêté en juin 2003 à Tanger, un mois après les attentats du 16 mai de Casablanca, Abdellatif Merroun, employé à l'aéroport Heathrow et marié à une Britannique convertie à l'Islam, a été accusé par la justice marocaine de servir d'interprète à Mohamed Fizazi lors de ses multiples déplacements en Angleterre pour rencontrer des dirigeants jihadistes d'Al Qaida en Angleterre.
Joint au téléphone alors qu'il s'apprêtait à se rendre à Londres pour rejoindre sa famille, Abdellatif Merroun s'est refusé à tout commentaire se contentant de déclarer “qu'il a été bienheureux d'apprendre la bonne nouvelle de la grâce royale”. Deuxième cas, celui de Rachid Belkhadem, arrêté au quartier Sidi Moumen et condamné à 10 de prison ferme pour ses connexions avec les 14 kamikazes qui ont perpétré les attentats sanglants du 16 mai de Casablanca. Lui comme tous les autres élargis, Ahmed Ben Mahssoun, Mohamed Majdoub, Idriss Dehatte, Abdelaziz Masslouhi…, répartis sur tous les pénitenciers du pays, ne peuvent que tourner la page et réfléchir ce à quoi ils s'exposaient en exposant les autres.
300 libérations en deux ans
Pour rappel, en novembre 2005, une précédente grâce royale avait bénéficié à 164 islamistes radicaux, et pas des moindres, condamnés pour leur implication directe ou indirecte dans ces attentats suicides. C'est une “première” par le nombre et une “deuxième” du genre au cours de la même année. Car en août 2005, 77 détenus islamistes avaient également été libérés. Mais déjà en 2004, un premier lot de 44 islamistes avait bénéficié de la grâce royale.
Soit un total de 300 libérations réparties sur tous les pénitenciers du pays. Dans chacune de ces quatre fournées, il n'y a donc pas que du menu fretin islamiste. Certains étaient sur le point de passer à l'acte, tel le kamikaze de réserve Abdellatif Amrine, dit “Abou Hamza”, qui allait participer, au pied levé, aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003. Il y a aussi les fameuses sœurs jumelles Imane et Sanaâ Laghrissi, qui, à 14 ans, étaient déjà habitées par le démon suicidaire de l'intégrisme.
Elles sont aujourd'hui dans le centre casablancais Abdeslam Benani de réinsertion sociale. Par ces élargissements successifs, rapprochés et massifs, l'Etat de droit se ranime et refait surface.
En définitive, la grâce royale aura été une bonne action à tout point de vue.
L'enseignement à tirer de à ces vagues de libérations qui, a priori, peuvent étonner, c'est celui du pari de la justice sur le sens de jugement des graciés.
Un gage pour un retour à la normale.


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