Le militant amazigh Omar Louzi vient d'être libéré après trois jours de détention pour avoir voulu organiser une manifestation en solidarité avec le peuple japonais après le tremblement de terre qui a secoué le pays des samouraïs. Lakome.com publie son témoignage. « Je viens de sortir des geôles de la DST de Mohamed VI, après 3 jours d'interrogatoires et de torture. Les faits : le 15 mars 2011, en tant que président du comité de solidarité avec le peuple japonais, j'ai contacté l'Ambassadeur du Japon au Maroc pour l'informer de notre décision d'organiser une minute de silence devant le Parlement en solidarité avec le peuple Japonais, et il a eu l'amabilité de nous prêter plusieurs exemplaires du drapeau japonais. Sur la page Facebook de l'événement, près de 300 personnes ont confirmé leur participation. Le 15 mars 2011 vers 15h30, je suis allé devant le Parlement, point de rencontre décidé par le comité. Et à ma surprise générale, le Caïd et le commissaire flanqués de plusieurs membres de la DST sont venus vers moi pour me communiquer la décision d'interdire cette manifestation. Et quand j'ai exprimé mon refus d'obtempérer, on m'a sorti de la place par la force, tout en me menaçant « Hdi rassek (Fais attention à toi), tu vas avoir de sérieux ennuis ». Vers 21 heures, j'ai du rejoindre 3 journalistes européens qui sont au Maroc pour couvrir les actions du Mouvement du 20 février, et dîner dans un restaurant à Rabat, et j'ai remarqué que 2 des 6 agents de la DST qui étaient avec le Caïd à 16h étaient là. Vers 23 heures, je termine de dîner et je me dirige vers la gare de Rabat pour rentrer chez moi à Casa. Arrivant devant la gare 6 personnes en civil se sont rués sur moi pour me kidnapper. J'ai résisté, mon frère qui était avec moi commence à filmer l'agression. Un des agresseurs se dirige vers lui et lui donne un coup sur la tête et mon frère perd connaissance sur le coup … Ils ont du appeler une ambulance et moi, on m'a mis dans un véhicule qui a fait le tour de Rabat avant d'arriver dans un sous sol où les interrogatoires commencent et voici quelques unes de le leur questions : Quel est le montant d'argent que tu donnes aux jeunes du Mouvement du 20 février ? Pourquoi t'as invité Red Brody, n°2 du Humain Rights Watch et réalisateur du film documentaire « The Dictateur Hunter » (pour la 3ème édition du Festival International du Film sur les Droits Humains que j'organise à Rabat et qui a d'ailleurs été interdite) ? Nous avons des informations que tu vas inviter le Prince Moulay Hicham pour la 4 ème édition du Festival international du Film sur les Droits humains, est-ce vrai ? Quelle est ta relation avec l'Ambassadeur du Japon et qui t'as donné les drapeaux de ce pays ? Tout cela sous les coups de bâtons et des menaces d'utiliser d'autres moyens si je ne répondais pas. J'ai, naturellement, refusé de répondre à leurs questions en leur rappelant que ce qu'ils font est hors la loi. Mon frère Lotfi Louzi a subit le même sort. J'ai dû leur rappeler que leurs méthodes ne nous impressionnent pas et que la famille Louzi a déjà payé un prix très élevé pendant les années de plomb : mon père Haddou louzi a été condamné à mort par Hassan II et mon oncle Bassou Louzi est mort sous la torture au bagne d'Agdz en 1973. Et que le régime de Hassan II a confisqué les biens de mon père d'une valeur de 2 milliards de centimes. Et que Mohammed VI n'a pas encore décidé de nous les rendre. Pour rappel, c'est la 2ème agression, du même genre, que je subis en l'espace de 3 mois. Je veux rappeler au régime de Mohamed VI que je suis prêt à payer de ma vie, s'il le faut, comme l'ont déjà fait plusieurs membres de ma famille, pour la démocratie dans notre pays ». Photo: traces de torture subie par Omar Louzi dans les locaux de la DST, selon son propre témoignage.
