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Crise en Egypte et éventuelles répercussions sur le Maroc : qu'en pensent les politiques marocains ?
Publié dans Lakome le 03 - 07 - 2013

Alors que l'ultimatum de l'armée égyptienne touche à sa fin ce mercredi, Lakome a interrogé des responsables politiques marocains pour connaitre leur sentiment sur l'actuelle crise en Egypte et les répercussions possibles sur le Maroc. De Abou Hafs à Nabila Mounib, en passant par Ilyas El Omari et Omar Iharchane, les positions sont tranchées.
L'Egypte semble entrer pour la deuxième fois dans un processus révolutionnaire, mais cette fois-ci, pour renverser le président Frère Musulman Mohammed Morsi, après avoir connu une première révolution, le 25 Janvier 2011 pour déchoir le président Hosni Moubarak.
Aujourd'hui, le pays traverse une zone de turbulence inquiétante, après la mort d'au moins 23 personnes selon le dernier bilan et des dizaines de blessés sur fond des récentes évolutions politiques. L'armée, sans consulter la présidence, a publié lundi un communiqué dans lequel elle lance un ultimatum de 48 heures adressé à l'ensemble des forces politiques en présence pour trouver une solution à la crise. Les pro-Morsi ont vu dans ce communiqué une tentative de putch contre la légitimité du président élu. Dans la matinée du mardi 2 juillet, la présidence a publié un contre-communiqué au ton ferme.
L'opinion publique marocaine, et avec elle la classe politique observent avec inquiétude ce qui se passe en Egypte. Certains se posent des questions sur les répercussions que peut avoir l'évolution des événements en Egypte sur la vie politique interne. D'autres s'interrogent si l'expérience des islamistes au pouvoir tire à sa fin.
Lakome a recueilli les sentiments de différents acteurs politiques marocains sur la question.
Que se passe-t-il en Egypte?
Pour le salafiste et cadre du parti de la Renaissance et de la Vertu (PRV), Abou Hafs Abdelwahab Rafiki, ce qui se passe en Egypte est tout à fait normal tenant compte d'une première expérience dans la gestion des affaires du pays par la confrérie des Frères Musulmans. Celle-ci a selon lui incontestablement commis des «erreurs». Abu Hafs pense que les «adversaires du projet islamiste en général et celui des Frères Musulmans en particulier ont su exploiter ces erreurs pour mobiliser la population contre Morsi dans un front hétérogène qui rassemble à la fois des gens déçus de la politique du nouveau président mais aussi des nostalgiques de l'ancien régime de Moubarak».
Ilias Omari, l'un des dirigeants du parti Authenticité et Modernité (PAM), réputé pour sa farouche opposition aux islamistes, considère quant à lui ce qui se passe en Egypte comme un prolongement logique du processus révolutionnaire. Selon lui, les forces modernistes en Egypte «refusent que la révolution s'arrête à la chute de Moubarak et veulent poursuivent leur lutte jusqu'à se débarrasser d'un régime absolutiste incarné par le mouvement des Frères Musulmans et couvé par les américains».
Omari ne partage pas l'avis de ceux qui considèrent que Morsi ait pu faire de mauvais calculs ou qu'il n'ait pas réagi aux revendications de la rue. Pour le dirigeant du PAM, «Morsi ne peut pas répondre à toutes ces revendications car il applique un projet qui est avant tout un projet du Guide Suprême de la Confrérie des Frères Musulmans, exactement comme le fait aujourd'hui El Ghannouchi en Tunisie".
Pour la secrétaire générale du Parti Socialiste Unifié (PSU), Nabila Mounib, la situation actuelle en Egypte correspond à une évolution normale d'une démocratie qui refuse de se satisfaire de «réserves». Mounib explique que "le problème chez les islamistes est de réduire le concept de démocratie à la simple opération électorale. Cela est une grande erreur car ils oublient que la chose la plus importante en démocratie, c'est l'incarnation de la volonté populaire et la réalisations de ses attentes".
De son côté, Omar Iharchane du mouvement Justice et Spiritualité, considère la situation en Egypte comme le résultat naturel de l'interaction entre de multiples facteurs parmi lesquels figurent «le legs de décennies de corruption et d'autoritarisme, la résistance exercée par les nostalgiques de l'ancien régime qui continuent d'occuper des postes névralgiques avec le soutien des médias et leurs puissants réseaux. S'ajoute à cela les tentatives menées par des pays voisins pour faire échouer le printemps des peuples entamé depuis 2011 et l'immaturité de toutes les composantes de la scène égyptienne. Celles-ci n'ont pas réussi à trouver le bon consensus pour conduire cette nouvelle étape. De plus, les Frères musulmans ont commis beaucoup d'erreurs dans la gestion des affaires courantes».
Et Iharchane de poursuivre que «ce qui se passe actuellement est l'expression d'une société qui vit une transition démocratique issue d'un processus révolutionnaire et qui s'achemine vers une autre configuration radicalement différente. Pour que le processus réussisse sa mutation, le changement de personnes ou d'institutions ne suffit pas car il faut l'accompagner d'un changement de la culture politique chez les élites et au sein de la société. Malheureusement, c'est ce défi là que tout le monde n'a pas su relever» .
Iharchane a-t-il raison de penser que la situation actuelle en Egypte est la conséquence des pressions menées par les nostalgiques de l'ancien régime ? Ce n'est pas l'avis du membre du bureau politique de l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), Abdelhamid Jamahiri. Dans un récent article publié dans le journal de son parti, le mardi 2 juillet, Jamahiri répond à cette problématique en s'interrogeant : «si le régime précédent est en mesure de mobiliser ces millions de personnes sur la place Tahrir, à Alexandrie et à Al Ittihadia, pourquoi est-il tombé ?». Avant de rappeler que durant les premiers moments de la révolution du 25 janvier de l'année 2011, les Frères Musulmans ont hésité à y prendre part en la qualifiant de « jeu d'enfants ».
L'expérience des Frères Musulmans a-t-elle échoué en Egypte ?
Immédiatement après la mobilisation de millions de manifestants sur la place Tahrir au Caire, une grande partie de la presse écrite et électronique s'est précipitée de mettre en valeur de grands clichés des manifestations en zoomant sur des slogans annonçant la fin du projet islamiste. Cela correspond-il vraiment à la réalité ?
Contacté par Lakome à ce propos, Abu Hafs exclut cette hypothèse et pense que le projet islamiste a encore de beaux jours devant lui. Dans le même ordre, Omar Iharchane, pense qu' «il encore trop tôt pour tirer une telle conclusion» et soutient que lors de situation pareille, il faut se garder de marquer la phase transitoire d'une seule couleur politique. Faire cela reviendrait à commettre une grave erreur. La solution pour Iharchane est de «bâtir l'avenir sur la base d'un consensus et la recherche de valeurs communes entre les différents adversaires politiques».
En revanche, Ilias Omari du PAM, exclut l'existence d'un printemps arabe tel que le conçoit la doctrine islamiste actuelle. Pour lui, tout a commencé avec des appels contre l'injustice et l'autoritarisme en recherche d'un cadre idéologique pour les contenir avant que ces appels ne soient «kidnappés par les Frères Musulmans d'Egypte.»
Pour sa part, Abdelhamid Jamahiri de l'USFP, considère, dans son article sus-visé que les pro-Morsi ont échoué dans cette nouvelle épreuve, encore plus compliquée et plus dangereuse que la précédente et qui a consisté à intimider les opposants au nom de la religion. Jamahiri pense qu'une seule année de Morsi au pouvoir a suffi pour embraser l'Egypte entière contre les Frères Musulmans.
En revanche, Bilal Talidi, membre du conseil national du parti Justice et Développement (PJD) réfute la thèse de «l'échec» développé par Jamahiri. Dans un éditorial publié par le quotidien Attajdid, Talidi pense que ceux qui défendent la théorie de l'échec oublient de prendre en considération les scénarios « post-échec » et les risques de revenir à la situation qui a prévalu avant le printemps arabe. De plus, Talidi pensent que la situation qui succédera à l'échec des islamistes sera tellement compliquée qu'il sera extrêmement difficile de produire des analyses cohérentes.
Y a-t-il risque de contagion pour le Maroc ?
Le salafiste du PRV, Abdelwahab Rafiki n'a pas exclu cette hypothèse en ce sens que la pression de la rue qui a conduit à la réforme constitutionnelle a été en partie influencée par la situation en Egypte. Rafiki estime que «l'échec des «Frères» en Egypte aura incontestablement des répercussions négatives sur le processus de réforme et de changement au Maroc».
Omar Iharchane de Justice et Spiritualité partage également cet avis du fait de l'influence considérable qu'exerce l'Etat égyptien dans la région. Néanmoins, la formation politique d'Iharchane considère que ces mauvaises répercussions peuvent se transformer en éléments positifs si le Maroc arrive à tirer les bons enseignements de l'expérience égyptienne en instaurant «de grands consensus» autour de valeurs communes afin de rétablir la confiance et mieux gérer les différences et le passif de toutes les composantes de la société marocaine, makhzen y compris.
Pour Ilias Omari du PAM, la situation en Egypte aura certainement des répercussions sur le projet des mouvements religieux émergents au Maroc, et ce en vertu des liens intellectuels et idéologiques qui unissent les différents organisations islamistes locales avec l'école des Frères Musulmans et du mouvement wahhabite en général.
Nabila Mounib du PSU, s'est prononcée sur la question en estimant que «la situation en Egypte a des répercussions certaines sur le Maroc», soulignant que le problème réside dans le fait que les Frères Musulmans ne discernent pas entre leur idéologie politique et la gouvernance des affaires publiques. Ils semblent ne pas avoir saisi le sens profond de la souveraineté populaire, de la démocratie, et du concept de citoyenneté qui lui est étroitement attaché. Selon Nabila Mounib, «les Frères Musulmans demeurent tributaires du concept fermé de la confrérie et de la tribu».


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