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Réinventer le politique, « booster » la démocratie
Publié dans Lakome le 09 - 05 - 2011


Extraire le mémorable du flot de l'actualité !
Le Printemps arabe pose problème à beaucoup, ils y voient dans l'énoncé même, une antinomie. Cette crispation d'analystes et de certains commentateurs des deux rives de la Méditerranée est à la fois saugrenue et dangereuse.
Je veux rappeler à ces donneurs de leçons de la 25e heure que les Arabes, dans leur profonde bigarrure ethnique, religieuse et culturelle ne sont pas nés à la politique en 2010-2011.
Le Printemps arabe, comme le disait André Malraux, à propos de Mai 68, n'est pas une « grande illusion lyrique ». Il n'a pas commencé avec l'immolation de Bouazizi pour finir écrasé par les chars de Mouammar El Kadhafi ou de Bachar Al Assad ! L'élan, pour abattre les despotes de ce syndicat de la dictature qu'est la Ligue des Etats Arabes, a quelque chose du jaillissement (spring, le joli mot anglais pour dire printemps) mais signifie tout aussi fortement le rejet de l'oppression, de humiliation subies depuis un demi-siècle !
Du flot intarissable d'images de la Révolution arabe, et non révoltes comme d'aucuns se plaisent à le souligner pour nous ramener à une supposée essence tribale ou clanique, je retiendrai celles des femmes. Elles sont à l'avant-garde de ce printemps. Majoritairement « suffragettes du voile », non pas victimes consentantes du patriarcat, mais femmes libres sous leur niqab, regardez-les défier le dictateur de Sanaa entre implorations au Ciel et mots d'ordre pour la démocratie, la liberté, l'Etat civil, la justice sociale ! Déroutant pour nos féministes !
Ailleurs elles sont main dans la main avec leurs sœurs non-voilées, belles Marianne aux corsages échancrés, scandant leur farouche opposition aux islamistes. Ce Printemps est avant tout le leur. A la guerre des sexes elles ont préféré la conquête de l'esprit !
Là est l'innovation ; les femmes d'Occident feraient mieux de décoder le message de fond plutôt que de s'arrêter à la dénonciation du fichu. Sous le voile, un autre message de modernité est à découvrir. Qu'on aille chercher dans les réseaux sociaux, Facebook et Tweeter les vidéos qui étayent mon affirmation, qu'on cesse de crier à la régression. Cette « moitié du Ciel » que sont les femmes, donne tout son sens à la Renaissance arabe.
Le deuxième sujet qui fâche dans ce Printemps arabe est l'islam. Dès la Révolution de jasmin et jusqu'à la place At-Tahrir, les médias du Nord n'ont cessé de chercher le complot islamiste, la récurrence de l'antinomie était tenace. Il eût fallu que cette « rue arabe » défilât avec l'effigie de Friedrich Nietzsche et son « Dieu est mort » (Gott ist tot), pour qu'enfin on la crédite d'une volonté et démocratique et laïque. Il eût fallu qu'on attende de l'Occident qu'il nous balise nos chemins de la Liberté pour entrer enfin dans l'Histoire !
Peu à peu l'évidence s'est imposée, le cours de la Révolution arabe était bien ouvert, mondialisé, imposant, s'étendant jusqu'à la Chine où désormais le mot jasmin est interdit par les crypto-staliniens de Pékin.
Les Arabes (juifs, chrétiens, musulmans, croyants ou incroyants) vont marquer durablement ce 21e siècle. Grâce à leur jeunesse, ils ont décidé de cesser d'être sujets pour devenir citoyens. De l'Atlantique au Golfe, ils redécouvrent leur unité par la diversité et par le bas. Les sommets de leurs chefs d'Etats ne sont plus les théâtres où se jouaient leur tragédie, leurs divisions, leur soumission au Nord et leur « rejet » d'Israël. Désormais, ils écrivent l'Histoire à leur façon, cette réinvention du politique est à suivre et à lire selon de nouveaux paradigmes, de nouvelles grilles d'analyse. Je livre ici sommairement ou à grands traits ce qui me semble être à l'œuvre.
- Du pouvoir
Toutes les expressions des pouvoirs exécutifs patrimoniaux, prédateurs, mafieux, des monarchies absolues aux présidents à vie, les « Joumloukia » sont « universellement » honnies. Pas un des Chefs n'est épargné et tous se raidissent, cherchent à louvoyer en offrant constitutions, amendements, crédits, réformes de dernière minute quand ce n'est pas l'imposition du prix du sang, les chars contre les civils (Bahreïn, Yémen, Libye, Syrie). La contestation de ces pouvoirs est définitive et irréversible.
Aux yeux de la jeunesse, ils incarnent l'image d'un totalitarisme d'autant plus abjecte qu'il s'autorise le meurtre. Ces « hommes » qui ne peuvent plus convertir les sociétés à leur diktat, persécutent, « comme si devoir mourir ne suffisait pas, il faut aussi compter sur le laisser mourir et le faire mourir » (L.V. THOMAS, Anthropologie de la mort, 1975).
Certains d'entre eux font mine de partir, ils annoncent leur démission mais sous condition : nous laisser leurs rejetons ou dauphins. C'est comme si, ils voulaient bien qu'on procède à l'ablation de la tumeur en nous laissant les métastases !
-De L'islam
Certes le référent religieux n'est pas totalement absent de ce Printemps, ne serait-ce que par le Allah Ou Akbar que scandent les foules où murmurent les blessés mortellement dans leur dernier souffle. Mais sauf à vouloir essentialiser cette révolution arabe, elle est fondamentalement sécularisée, elle s'attaque à la corruption généralisée générée par les commanderies des croyants et les « Joumloukia », elle récuse les sacralités de l'imposture dont se drapent les Chefs : Le printemps arabe a ceci d'inédit, il n'invite pas Allah à la rescousse ou à la table des négociations. Le religieux, sans être explicitement rejeté, est indiscutablement secondarisé. Le Frères Musulmans ont été les premiers avec le mouvement Annahda (Tunisie) à l'avoir compris, les deux renoncent à présenter des candidats à la présidence de la République, les Frères Musulmans d'Egypte ont même créé un parti politique et ambitionnent une représentation massive au parlement. Moi, l'agnostique, j'y vois une concession majeure à l'idée de démocratie, une banalisation de l'islam. Les FM comme le PJD (Maroc), Ennahda (Tunisie), seront après tout comme les partis de la démocratie chrétienne en Europe. Les « fidèles » politisés, n'iront pas plus traquer Al Qaïda dans le coran, les justifications des meurtres accomplis au nom d'Allah que les israéliens fouiller dans la Bible pour rendre compte des mobiles de l'assassin d'Yitzhak Rabin.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette thématique et je n'ai pas cette prétention de tout dire. Je relativise la part du religieux dans le printemps arabe, aidé en cela par mon refus de considérer cet espace comme monolithique, globalisant, voire totalitaire. Des amazighen, aux kurdes, en passant par les arméniens et d'autres minorités ethniques, en prenant en compte les chrétiens, les juifs, les musulmans, les incroyants, il me semble, pour parodier Régis Debray, que ce monde ne passera pas son temps de révolte à déployer les étendards ethnicistes ou religieux, par la crainte légitime que toute son intelligence ne foute le camp dans les trompettes !
De quelques perspectives….
Seul et presque contre tous les clercs, Edgar Morin a eu ce mot incisif : « Les Arabes sont comme nous et nous sommes comme les Arabes » (Le Monde, 25 avril 2011). J'aime cette idée de généreuse parité et d'hymne à l'universalité. Oui dans peu de temps, c'est-à-dire pour moi, de l'ordre d'une moitié de décennie, forcé en cela par les contraintes de la mondialisation, de la « déterritorialisation » de l'islam, de sa banalisation et surtout du formidable appétit de vivre de sa jeunesse, le monde arabe ira jusqu'au bout de sa révolution permanente, libérale et démocratique.
Le Maghreb se construira dans une horizontalité, une intégration voulues par ses peuples. Disposant de formidables ressources naturelles, humaines, énergétiques, ses enfants ne seront plus forcés au péril de leur vie à ces migrations frustrantes et parfois humiliantes vers le Nord !
Le Proche-Orient se fédérera en intégrant Israël. Ce dernier comprendra tôt ou tard son avantage à avoir comme voisins des sociétés libérées et démocratiques et non des despotes. Il est en effet nécessaire de rompre avec les idéologies essentialistes qui sacralisent le conflit ; les périmètres de la sacralité (Mur des Lamentations, Eglise du Saint Sépulcre, Mosquée d'al Aqsa) ne peuvent plus être considérés comme une exigence irréductible et non-négociable de la foi juive, chrétienne et musulmane. La liberté de circuler ou de s'établir en un lieu doit être liée à la citoyenneté et non aux appartenances culturelles et religieuses. Il me plaît d'entretenir ce rêve vieux de 40 ans et d'assister à sa concrétisation : une fédération ou confédération israélo-palestinienne, s'étendant de l'ancienne Palestine à l'actuelle Jordanie. Comme Fanon, je neveux pas « chanter le passé aux dépens de son avenir », je ne veux pas plus fixer le Juif en essentialisant l'israélien. Il en va de même pour l'arabe ou le palestinien.
Le Printemps arabe, la Révolution arabe sont porteurs de toutes ces virtualités, de tous ces potentiels. En aucun cas iIs ne dépendent d'une volonté du Nord, d'un modèle emprunté ou d'un scénario écrit à la façon hollywoodienne au gré de nos fantaisies ou de nos fantasmes.
Ahmed Benani
A suivre…….


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