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«L'art en objectif» à la recherche d'un marché
Publié dans La Vie éco le 06 - 12 - 2010

Les photographies marocaines se vendent à l'étranger et aux étrangers.
Une seule galerie au Maroc dédiée à cet art et une nouvelle bientôt à Casablanca.
Des plateformes d'échanges se créent sur le web. Les photographies circulent librement sur les sites, et on peut facilement en acheter ou même en télécharger.
Nous nous sommes tellement habitués à des logiques financières qui dominent les marchés de l'art, qu'on se sent perdu sans ces références qui nous garantissent la valeur d'une œuvre ! Mais pour peu qu'on s'éloigne de ces considérations purement mercantiles, on se laisserait facilement prendre par la découverte de mondes nouveaux, merveilleux que nous offre la photographie. On se laisserait probablement prendre par l'objectif troublant de Touhami Ennadr, ou encore celui pensé et structuré d'Yto Barrada, parfois intimiste de Lamia Najji ou d'un Noureddine Tilsaghani saisissant l'instant…, la liste des photographes marocains est de plus en plus longue et les univers multiples. La photographie au Maroc est née d'un déséquilibre, de l'urgence de porter un nouveau regard sur «soi» souvent dominé par «l'Autre». Cet art naissant semble échapper aux règles et en dicte de nouvelles, informelles. Tant mieux ou tant pis ! Parce que dans ce cas, il faudrait trouver une réponse adaptée à ce nouveau marché. Selon les spécialistes, nous ne pouvons pas encore parler de marché de la photo au Maroc, ni en Afrique d'ailleurs. Pour l'instant, ils y voient «les prémices». Marie Moignard, qui a étudié l' histoire de l'art à la Sorbonne, a fait son mémoire de fin d'études sur l'histoire de la photographie au Maroc. Allant de découverte en découverte, le mémoire de Moignard s'est transformé en livre, une histoire de la photographie marocaine, édité chez Le Cherche midi (sortie prévue au printemps 2011). «Il n'y a pas encore de réel marché de la photographie en Afrique, dit-elle. Les acheteurs sont majoritairement étrangers. La récente vente aux enchères, organisée par Pierre Bergé et associés à Bruxelles (le 23 novembre) a initié la première vente exclusivement dédiée à la photo africaine en Europe. La galerie 127 et moi-même avons présenté une sélection de dix photographes marocains dans cette vente, avec au total une trentaine de photographies. Quasiment aucun acheteur africain ne s'est porté acquéreur, et la plupart des lots vendus ont été adjugés à des collectionneurs ou institutions occidentales. Les collectionneurs africains et marocains sont encore réticents par rapport à la photographie, d'autant plus africaine, car ils préfèrent souvent acheter des artistes étrangers, pour une (fausse) question de cote et l'idée d'une valeur sûre plus affirmée», conclut l'auteur. Trois photographes marocains ont trouvé acheteur lors de cette vente. Jamal Benabdesslam, Michel Nachef et Yasmina Bouziane, cette dernière reverse la totalité de la somme de cette vente à la Fondation Pierre Bergé pour son action dans la lutte contre le Sida. Et ce n'est pas la première fois que nos photographes rayonnent à l'étranger. La participation croissante des Marocains à la Biennale de Bamako en est un signe supplémentaire.
A l'épreuve du numérique
A peine naissant, notre «marché de la photo» est déjà en pleine mutation et a été vite rattrapé par le numérique qui a bouleversé le monde de l'image et permis d'innombrables possibilités de création. «Tout devient numérique, je ne vois pas pourquoi je vais me limiter dans la technologie, surtout qu'il faut suivre le développement et être à jour ! La technologie est là pour nous servir ! L'appareil sert à la naissance de la création, que ça soit argentique ou numérique, l'essentiel c'est le résultat, c'est l'œuvre d'art ! Personnellement, je préfère le numérique parce qu'il est plus flexible et donne plus de marge de création et la chance d'expérimenter de nouvelles techniques !», témoigne le photographe Oussama Rhaleb. Cet autodidacte, passionné depuis toujours par le graphisme et les couleurs, s'est lancé dans la photographie en 2007. Après plus d'un an de formation aussi bien autodidacte qu'assisté de professionnels, ses clichés remportent rapidement un succès local, ce qui lui offre la possibilité de travailler pour des clients privés et des journaux spécialisés, avant de se lancer dans les portraits d'art intimistes. Le parcours de ce jeune artiste n'est pas atypique. Au Maroc, beaucoup de photographes passent par les mêmes étapes sauf ceux qui ont eu la chance d'étudier à l'étranger (comme Leila Alaoui qui a étudié aux Etats-Unis et bien d'autres photographes de la diaspora).
«Malheureusement, il n'y a pas d'école d'art photographique, sauf quelques formations de l'audiovisuel qui proposent des cours de photos parfois ! Je trouve ça malheureux parce qu'il y a vraiment du potentiel ! Il est vrai qu'on est une génération orpheline en photographie… mais cela ne veut pas dire qu'on doit se donner des excuses !», renchérit Rhaleb.
De nouveaux réseaux se créent
Les nouvelles technologies ont aussi permis des rencontres, des échanges qu'on n'imaginait pas il y a quelques temps.
Les photographies voyagent, circulent librement sur les sites, et on peut facilement acheter ou même télécharger des photos. Des réseaux mondiaux se créent, font évoluer cet art nouveau. Autour de la photographie se sont réunis des acteurs sociaux et des amateurs d'art. Depuis 2006, la plateforme Afrique in visu a permis de «créer des passerelles entre des photographes travaillant en Afrique (étrangers ou africains) avec différents maillons de la chaîne photographique (presse web, presse papier, musées, festivals…). De même nous mettons en contact des photographes du monde entier qui souhaitent travailler ensemble sur des projets ou reportages, à l'exemple de Philippe Guionie, photographe français qui a pu rencontrer en 2010 par notre biais Abdoulaye Barry (photographe tchadien) et le collectif Génération Elili (Brazzaville)», explique Jeanne Mercier qui a porté ce projet à côté de Baptiste de Ville d'Avray. Le dynamisme de cette plateforme a permis de monter des projets de rencontrer des artistes. «Nous avons passé quelques mois à Rabat puis à Oujda pour rencontrer de jeunes photographes. Cela nous a permis de réaliser plusieurs interviews comme celle de Fouad Maazouz ou encore Nour Eddine El Ghoumari. Puis nous avons réalisé un premier atelier sur le thème : «La place de l'image chez les Oujdis» avec l'Institut français de l'Oriental à Oujda en 2007. Cet atelier nous a permis de nous rendre compte du dynamisme des jeunes photographes marocains et de leur volonté de mettre en place plus de projets communs». Malgré cet engouement, cette effervescence créatrice, on compte, au Maroc, une seule galerie spécialisée dans la photographie. La galerie 127 de Marrakech a fait de cette forme d'art son sacerdoce. Nathalie Locatelli, qui la dirige, se bat tous les jours pour faire valoir cet art. (Lire entretien). La galeriste compte s'associer à une maison d'édition pour ouvrir un nouvel espace dédié à la photographie à Casablanca. Un nouvel espace pour une nouvelle ouverture sur le monde de la photographie. Un art orphelin qui manque également de cadre juridique car le nombre de reproductions n'est pas limité. Selon la loi française, par exemple, seules les photographies tirées à moins de 30 exemplaires sont considérées comme étant des photos d'art et bénéficient d'une TVA de 5,5%.
«Aux Etats-Unis la limitation de tirages est à 45. Pour l'instant on se cale sur le marché français. Il y a toute une réflexion à faire là-dessus ou peut-être pas», laisse planer Nathalie Locatelli. Au Maroc, la TVA appliquée est de 5%. Une taxe qui -paraît-il- va être revue à la baisse pour atteindre 2,5%. Pour l'instant, l'information n'a pas été confirmée.


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