La récente hausse du marché est due à l'envolée des valeurs minières mais aussi, selon certains professionnels, à un retour des fonds étrangers. Il faudra attendre les statistiques du CDVM relatives au troisième trimestre pour s'en assurer. Le marché boursier casablancais a repris depuis la deuxième semaine du mois d'août, sachant qu'habituellement, la place est plutôt atone durant la période estivale et surtout pendant le Ramadan. Le Masi, indice de toutes les valeurs cotées, a gagné plus de 7 points entre le 9 août et le 7 septembre, avec des volumes quotidiens qui ont souvent dépassé les 100 MDH (il arrivait que le total des échanges quotidiens ne dépasse pas 20 MDH au cours du premier semestre). Le marché a par la suite subi une correction technique durant deux séances, avant de se redresser le 12 septembre et ramener sa contre-performance depuis le début de l'année à -8,5%, contre -15% un mois plus tôt. Les professionnels restent partagés quand il s'agit de qualifier ce rebond du marché : certains pensent qu'il marque le début d'un nouveau cycle haussier de moyen terme alors que d'autres le considèrent comme un simple mouvement ponctuel. Ils sont toutefois unanimes sur le fait que ce sont les institutionnels marocains, manifestant depuis plusieurs semaines un engouement sans précédent à l'égard des valeurs minières de la cote, qui en sont à l'origine. En effet, ce sont principalement la Société métallurgique d'Imiter (SMI), sa maison mère Managem et la Compagnie minière de Touissit (CMT) qui ont le plus tiré le marché vers le haut depuis le 9 août. Les deux premières ont gagné plus de 40% et la troisième 20%. Selon Attijari Intermédiation, les achats initiés par les investisseurs sur ce secteur s'expliquent par les «superprofits» attendus pour ces trois sociétés au titre du premier semestre 2011. En effet, le cours de l'argent métal sur le marché de Londres affiche une hausse de plus de 30% par rapport à fin 2010 et de plus de 100% sur un an, compte tenu de l'arbitrage des investisseurs au niveau mondial en faveur des matières premières en ces temps de crise. De même, le cours de l'or est actuellement à plus de 1 800 dollars l'once, marquant une hausse de 25% depuis fin 2010 et de 35% sur un an. Cette envolée des cours, couplée à une baisse du niveau des couvertures défavorables qui permet à SMI et Managem de profiter davantage de la tendance actuelle, ainsi qu'à l'augmentation de leurs capacités de production, leur permettra d'afficher des bénéfices en forte hausse au titre du premier semestre et pour l'ensemble de l'année 2011. Anticipant la publication de bons résultats par ces deux sociétés, les institutionnels marocains se sont donc rués sur leurs titres, et même ceux de CMT, dont le chiffre d'affaires est à 60% réalisé sur le plomb, métal dont le cours n'a que faiblement progressé depuis le début de l'année. «Quand les locomotives d'un secteur s'envolent, la tendance profite souvent aux autres valeurs qui le composent», explique un analyste. Le secteur minier n'est, précisons-le, pas le seul à avoir suscité l'intérêt des investisseurs. Le compartiment «Energie», et principalement la Samir, a également connu un engouement particulier, les institutionnels anticipant un redressement significatif de ses résultats au 30 juin 2011. Avec la publication de bénéfices en forte hausse par Attijariwafa bank et l'attente de bons indicateurs semestriels pour BMCE Bank, le secteur bancaire a aussi été de la partie. Et compte tenu de l'annulation de la cession des 7% du capital de Maroc Telecom, le rebond du marché n'a pas manqué de tirer avec lui le cours de l'opérateur historique. Ceci dit, les institutionnels marocains qui ont plébiscité ces secteurs ne sont pas les seuls à avoir tiré le marché vers le haut. Selon des professionnels, en effet, les étrangers ont également contribué à ce rebond. «Après avoir quitté la région Mena en réaction au printemps arabe en début d'année, plusieurs fonds d'investissement étrangers ont repris contact avec les gestionnaires de la place pour se repositionner sur le marché. Certains d'entre eux ont même procédé à des achats sur les grosses capitalisations», affirme un manager au sein d'une société de Bourse de la place. Pour un autre analyste, les investisseurs étrangers considèrent désormais la Bourse de Casa comme une place à part et ne la mêlent plus à ce qui se passe dans les autres pays de la région. Il estime même que le Maroc va progressivement attirer vers lui les capitaux qui étaient investis dans des Bourses comme celles de l'Egypte ou de la Tunisie. Cependant, personne ne peut avancer, pour l'instant, d'éléments chiffrés qui prouvent le retour des investisseurs étrangers sur la Bourse de Casa. Il faudra alors attendre la publication par le Conseil déontologique des valeurs mobilières, en fin d'année, des statistiques relatives aux transactions boursières au titre du troisième trimestre 2011. En attendant, le rebond de l'indice de toutes les valeurs cotées et le redressement des volumes rendent les professionnels du marché plus optimistes qu'en début d'année. Ils pensent que si les résultats semestriels que doivent publier les sociétés cotées dans les prochains jours ressortent favorables, le marché pourrait effacer ses pertes avant la fin de l'année.