Après le succès planétaire de «Ha Wwidi», Jaylann signe un retour engagé avec «Khamssa w Khmiss», un projet musical et visuel qui célèbre la force, la mémoire et la créativité des femmes marocaines. Suivez-nous sur WhatsApp Suivez-nous sur Telegram Jaylann revient. Et, cette fois, ce n'est pas seulement une chanson : c'est un geste. Un manifeste. «Khamssa w Khmiss», dévoilé ce vendredi, s'avance comme un hommage frontal aux femmes marocaines (celles qui portent, transmettent, réparent, créent et tiennent debout le pays dans un silence qui en dit long). C'est ce que l'on comprend du communiqué diffusé à cette occasion, où l'artiste revendique un retour aux sources, aux femmes qui ont façonné son imaginaire. Après le raz-de-marée digital de «Ha Wwidi», 37 millions de vues et une apparition géante à Times Square, la chanteuse poursuit son exploration du Maroc intime. Mais cette fois, le propos se muscle : raconter, frontalement, celles qu'on ne montre pas assez. Le morceau plonge dans un Maroc acoustique, brut, vibrant : oud, loutar, bendir, violon, textures enregistrées en live. Une volonté clairement assumée, selon la même source, d'aller vers un chant plus authentique, plus incarné, presque charnel. Comme si Jaylann cherchait désormais à faire parler la mémoire avant la mélodie. Le clip suit le même mouvement. Tourné au Chellah, terre familiale et matrice artistique, il s'étire comme un poème visuel : pierres millénaires, ombres longues, silhouettes qui traversent l'image comme on traverse un pays. Sous la direction de Farid El Malki, le lieu devient personnage, témoin, mémoire. On y voit une vingtaine de tenues patrimoniales rassemblées par la styliste Bouchra Ennokra avec Fati Mez et Amal Benayad : caftans anciens, haïks oubliés, tenues sahraouies, habits juifs, broderies rares... Un inventaire amoureux du Maroc profond, loin du folklore de carte postale. Chaque vêtement parle – identité, lignée, territoire. Le projet est collectif, massif, assumé. Beathoven, Mourad El Madani, Zakaria Bennane : chacun apporte une pièce à ce puzzle qui dit quelque chose d'essentiel : que la modernité marocaine n'a de sens que si elle dialogue avec ses racines. Le communiqué insiste sur cette idée : Khamssa w Khmiss n'est pas seulement un titre, c'est une contribution culturelle, une prise de position dans un paysage où le patrimoine s'efface trop vite. La mode, elle aussi, prend la parole. Fati Mez sculpte trois looks comme des œuvres d'art, où broderies ntaʿ et motifs na9ch degg reviennent comme des respirations anciennes. Ennokra, infatigable gardienne du patrimoine vestimentaire, réunit les pièces comme on rassemble des preuves : oui, ce pays est un continent. Benayad, elle, joue avec les couleurs du Maroc (terracotta, safran, bordeaux) pour composer des tableaux qui respirent Chellah autant qu'ils respirent les femmes. Mention spéciale à ce tableau de 16 danseuses en bordeaux, bloc de puissance et de dignité. Dans sa note d'intention, Jaylann le dit sans détour : elle veut que ses costumes prolongent sa musique, que ses chansons dialoguent avec le geste ancestral. Que la modernité marocaine s'écrive au présent continu, sans rature sur l'héritage. Khamssa w Khmiss devient alors autre chose qu'un clip : une déclaration. Un «je suis d'ici», un «c'est à nous», un «regardez-les». Un hommage vibrant aux femmes marocaines, à leur force, à leur beauté, à cette mémoire qu'elles portent dans les mains, les gestes et les vêtements – et que Jaylann, pour la première fois mais sûrement pas la dernière, choisit de faire entendre.