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Etat des cimetières au Maroc : les morts réclament plus de respect !
Publié dans La Vie éco le 12 - 02 - 2014

La majorité de cimetières musulmans sont dans un piètre état: pas d'entretien, absence d'allées pour se rendre aux tombes, épitaphes détruites… Arrahma et Al Ghofrane à Casablanca tirent leur épingle du jeu. La responsabilité de gestion et d'entretien incombe au ministère de l'intérieur, mais la société civile sauve la mise. Le désherbage, une bonne clôture et un gardien qui habite sur les lieux s'imposent pour tous les cimetières.
Les cimetières où reposent nos morts ne sont pas logés à la même enseigne. Si certains sont bien entretenus, d'autres, et c'est le cas de la majorité, sont dans un état de désolation telle que c'est une offense à la société, à l'espace urbain et architectural qui les héberge, et à la communauté des musulmans censés devoir, par obligation spirituelle, respecter les défunts et leur mémoire.
Commençons par Casablanca, la plus grande ville du pays, et son cimetière de Sidi Moumen, le plus catastrophique. Ouvert au milieu des années 1960 et s'étendant sur une dizaine d'hectares, il souffre d'un manque d'entretien et les ordures s'y amoncellent dans plusieurs endroits. Ce cimetière est devenu au fil des ans, selon les habitants du quartier, un abri pour délinquants, ivrognes et SDF de tout bord. Le plus grave est qu'il ait connu plusieurs fois des actes de destruction d'épitaphes et de vols qui ont épouvanté la population du quartier, comme en 2002 lorsqu'une soixantaine de tombes ont été endommagées, 853 autres le furent en 2007.
Outre le pillage, nombre de cimetières ont connu une profanation des tombes et des actes de vandalisme et de nécrophilie. C'est le cas, à titre d'exemple, de cette violation de sépulture au cimetière de Salé en mai 2010 où on a exhumé le cadavre d'une jeune fille le jour même de son enterrement et abusé d'elle sexuellement.
Les cimetières de Sidi Moumen et Salé ne sont pas les seuls à être dans un état lamentable. Dans une étude réalisée par Jaouad El Kohen et soumise au ministère de l'intérieur (citée par notre confrère Al Bayane du 02/04/2012), «75% des cimetières du Royaume sont dans un état ''catastrophique'' contre 15% dans un état moyen et 10% en bon état». A El Jadida, le «quartier» des morts n'est pas non plus épargné. Si les cimetières des juifs et des chrétiens y sont relativement dans un bon état, ceux des musulmans, à savoir le cimetière Sidi Bouafi (du nom d'un saint) et le cimetière Sidi Ahmed N'khal (près de l'hôpital régional) sont loin d'être respectés par le voisinage, déplore Mustapha Jmahri, auteur de plusieurs ouvrages sur El Jadida. «Certains jettent sur les tombes les détritus ou des déchets de cuisine par dessus les murs de clôture ; pas de nettoyage périodique d'où la présence de plantes sauvages, de bouteilles de vin vides… Certaines femmes y jettent amulettes et autres, sans parler de l'absence de gardien», ajoute notre source. Celui des juifs et celui des chrétiens? Ils jouissent d'une meilleure réputation que les cimetières musulmans. Le premier dispose d'une clôture et d'un gardien logé sur place. En tout cas, il est suffisamment entretenu pour que «des juifs marocains établis à l'étranger viennent se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres», ajoute M. Jmahri. Le deuxième, c'est une association composée de Français qui veille à son entretien quotidien, un gardien et des ouvriers sont payés pour cela. «C'est un cimetière bien agencé, avec des allées, des arbres et du gazon à l'entrée», ajoute-t-il.
La société civile bouge à Mohammédia pour sauver ses deux cimetières
Passons maintenant à Mohammédia. Direction cimetière de Sidi Mohammed Lamlih, le plus ancien de la ville, au quartier Hassania. Grand de cinq hectares, il était jusqu'à une date récente un lieu dangereux. Outre les herbes sauvages qui poussent à tout-va et qui couvrent les tombes et les allées à tel point qu'on a du mal à trouver des fosses où enterrer les morts, «ce cimetière est devenu un lieu dangereux, squatté jour et nuit par les délinquants ; y accéder devient très risquée», prévient Yasser Merouazi, responsable de l'OMDH à Mohammédia, et l'un des fondateurs d'un collectif «Cimetières de Mohammédia plus propres et plus accessibles» créé justement pour travailler à la réhabilitation du site. Une page sur Facebook lui a valu plusieurs centaines d'adhérents. Le jeu en valait la chandelle : «Imaginez, s'insurge notre interlocuteur, qu'il y a un an, au moment où on voulait enterrer ma grand-mère près de la tombe de son époux comme elle le souhaitait, on avait du mal à repérer cette dernière, on a carrément renoncé et on l'a enterrée plus loin». C'est de là que partit l'initiative de créer ce mouvement pour sauver les deux cimetières de la ville de la déperdition.
Les ministères des habous et de la culture sont aussi interpellés pour sauvegarder les cimetières
Son programme est clair : le désherbage du cimetière, une bonne clôture et la présence permanente d'un gardien. Le mouvement ne compte plus que sur la bonne volonté des philanthropes pour collecter l'argent et entreprendre les travaux de rénovation, il sait que c'est le rôle de la commune et du ministère de l'intérieur, et c'est à eux de l'assumer. Un plaidoyer est alors entamé auprès d'eux. «Maintenant un bon de commande de 500 000 DH est déjà prêt par les autorités de la ville pour la rénovation des cimetières.On commencera les travaux incessamment», signale M. Mezouari.
A lire : «Les Marocains doivent se réconcilier avec leurs morts»
En effet, la responsabilité de l'entretien, du gardiennage et de la sauvegarde d'un cimetière incombe avant tout au ministère de l'intérieur, mais d'autres intervenants sont aussi interpellés, le ministère des habous et des affaires islamiques et le ministère de la culture. Le premier, puisque c'est le département de tutelle, le second car un cimetière a rapport avec le domaine religieux et spirituel. Le troisième «puisque ce lieu est un patrimoine où pourraient être enterrés des femmes et des hommes ayant marqué leur époque, et qu'il faut sauver de la dégradation, de la négligence et du vandalisme, par respect de leur oeuvre. C'est un patrimoine de la communauté qu'il faut préserver», estime Jamal Bammi, sociologue, botaniste et directeur de recherche à la Rabita Mohammédia des oulémas. Ce dernier a d'ailleurs fait une enquête sur les cimetières au Maroc commandée par le CCDH en 2010 et publiée deux ans plus tard par le CNDH intitulée «La situation des cimetières des musulmans au Maroc. Propositions pratiques pour leur réhabilitation». En somme, c'est le même constat: absence d'entretien, herbes sauvages partout, absence d'allées pour se rendre aux tombes, épitaphes cassées ou inexistantes, dégradation des murs d'enceinte, profanation des tombes, déchets partout, consommation de drogue et d'alcool, ébats sexuels, ni eau ni électricité, absence de gardiennage et de sécurité (voir entretien). Il y décrit même des cimetières historiques qui ont subi des dommages graves et qui iront à la perte s'ils ne sont pas sauvés, et avec eux la mémoire de nombre de nationalistes qui y sont enterrés. C'est le cas notamment du cimetière des martyrs d'Al-Hoceima où la tombe du frère d'Abdelkrim Al-Khattabi, enterré en 1968 a été profanée, le cas du site de Chellah à Rabat où le roi Aboul Hassan le Mérinide est inhumé, ou encore le cas du cimetière d'Aghmat à Marrakech qui abrite la tombe du roi de Grenade, Abdellah Ben Blologhine.
Heureusement que ce sombre diagnostic n'est pas général, certains cimetières sauvent la mise, aussi bien grâce à la vigilance des autorités locales qu'au travail bienveillant de la société civile. Les deux cimetières de Casablanca, celui d'Arrahma et d'Al Ghofrane, seraient à prendre comme exemple. Le premier, grand de 95 hectares, jouit d'une bonne organisation et d'une bonne réputation, il a été ouvert à l'inhumation en juin 1990 et couvre géographiquement plusieurs arrondissements (Anfa, Sidi Belyout, Hay Hassani, Moulay Youssef, Maârif, Lissasfa, Sidi Maârouf et Aïn Chock). Le second, le plus grand de Casablanca, s'étend sur 160 ha, et c'est le cimetière pris comme modèle par Jamal Bammi. «C'est une ONG qui s'en occupe dans les règles de l'art, avec persévérance dans une perspective de continuité et un regard tourné vers l'avenir».


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