Meknès : Coup d'envoi du 22ème FICAM    Le temps qu'il fera ce dimanche 12 mai 2024    Les températures attendues ce dimanche 12 mai 2024    Mali: La phase du dialogue inter-malien pour la réconciliation se termine    Coupe du Trône / MAT-MAS : Le Moghreb de Fès demi-finaliste au bout des prolongations    Botola D2 / J25 acte I: Le CODM s'envole, le KACM, l'USMO et le DHJ en attente !    Liga / J35: Diaz et En-Nesyri un doublé chacun!    SIEL : Des ateliers de simulation du travail parlementaire au profit des élèves    AG de l'ONU: Le Maroc vote en faveur de l'admission pleine et entière de la Palestine    Fortes averses : la tutelle appelle les usagers des routes à la vigilance    African Lion 2024 : 7000 militaires internationaux attendus, du 20 au 31 mai, à Benguérir, Agadir, Tan-Tan, Akka et Tifnit    Prix Goncourt : Neige Sinno récompensée par le lectorat marocain pour son roman "Triste tigre"    Chellah danse sur les rythmes du Jazz    La jeunesse du RNI se retrouve à Tanger pour un bilan d'étape    Le CESE receuille les observations et remarques au sujet du régime d'indemnité de perte d'emploi    Nizar Baraka : « Le continent africain émerge, et nous considérons que toutes les actions entreprises contribuent à cet élan »    L'Ambassadeur Li Changlin souligne la synergie sino-marocaine lors du Forum MD Sahara    Le PAM entre nouveaux membres, charte d'éthique et messages aux "détracteurs"    Elections en Catalogne : L'USFP incite les Hispano-marocains à voter pour le PSOE    OCP signs fertilizer deal with Sierra Leone    Algerian appeals rejected by CAS in USMA vs. RSB dispute    Tan-Tan : Un Patrouilleur de Haute mer de la Marine Royale porte assistance à 59 candidats à la migration irrégulière    Coupe du Trône: Le Raja passe en demi-finale aux dépens du Hassania d'Agadir    La commune de Tanger alloue 13 millions de dirhams pour l'expansion de l'aéroport Ibn Battouta    Cinéma : Déserts, le Maroc rural «épargné de la vie moderne et de l'individualisme»    Brisant les carcans sociaux, Leila Slimani, en quête d'exploration humaine    Nasser Bourita s'entretient par téléphone avec son homologue suisse Ignazio Cassis    L'ouverture de nouveaux hôtels de luxe au Maroc reflète le dynamisme du tourisme marocain    Trafic humain au Myanmar : les familles marocaines appellent à l'action    Caftan Week : La richesse du Caftan exposée au Musée Dar El Bacha    La justice condamne 5 responsables de sécurité    Mercato: Mbappé officialise son départ du PSG    Automobile : le Britannique Cazoo au bord de la faillite    Revue de presse ce samedi 11 mai 2024    Météo: les prévisions du samedi 11 mai    Agadir : la 3ème édition du Salon International de l'arganier bat son plein    Casablanca : les membres du CMC tennis sont en colère    Basketball : Nikola Jokić, l'Aigle qui plane sur la NBA    Luis Filipe Tavares : « La diplomatie marocaine, c'est aussi un soft power réel et développé »    Nasser Bourita reçoit une délégation péruvienne du gouvernement régional de Piura    ONCF : Perturbations du trafic sur l'axe Casablanca-Kénitra du 12 au 26 mai    FENIP : Cap sur la durabilité de l'Industrie halieutique [INTEGRAL]    Caftan Week 2024 : Imane Bamouss remporte le « Prix Kaline » lors du concours des Jeunes Talents    Sahara: Le plan marocain d'autonomie est la "meilleure option'' pour l'avenir de la région (députés britanniques)    Eliminatoires Mondial féminin U17 : Le Maroc bat l'Algérie 4-0 au 3e tour aller    Investiture de trois nouveaux membres de l'Académie du Royaume du Maroc    Sénégal. Un plan national de prévention des inondations    Tchad. Idriss Déby Itno président    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La flexibilité du travail existe, la sécurité beaucoup moins…
Publié dans La Vie éco le 10 - 04 - 2015

Le Danemark a expérimenté avec succès la «flexisécurité» depuis une quinzaine d'années. La mesure ne crée pas la compétitivité, elle la prolonge. Le marché du travail marocain ne paraît pas prêt à l'adopter.
S'il y avait une recette miracle pour lutter contre le chômage, cela se saurait ; et des pays mieux outillés, à tous points de vue, en auraient usé bien avant les autres. Une seule exception peut-être à ce constat : dans une économie fermée, l'Etat peut décider de créer des emplois publics à volonté, mais avec toutes les conséquences qui vont avec… L'économie marocaine, elle, est ouverte : le taux d'ouverture est autour de 80% depuis quelques années déjà et le taux de pénétration (l'ensemble des importations de biens et services rapporté à la demande intérieure) dépasse 41%.
Le marché du travail au Maroc, qui se trouve en ce moment au creux de la vague, est d'abord à lire à l'aune de cette réalité. Les entreprises, les seules qui créent vraiment de l'emploi, ou en tout cas l'essentiel de l'emploi (actuellement, 90% des emplois appartiennent au secteur privé) subissent, d'une manière ou d'une autre, les fluctuations de la conjoncture internationale et singulièrement des principaux partenaires du Maroc. Cela étant posé, la baisse du niveau des créations d'emplois, en particulier depuis 2012, et la remontée du chômage qui en découle (9,9% en 2014), pouvaient-elles, et peuvent-elles encore être contrées par davantage de flexibilisation des relations professionnelles, comme cela est recommandé par certains ? Le sujet, on en convient, n'est pas nouveau, mais il s'invite au débat à intervalles réguliers, et notamment lorsque l'emploi se raréfie. Comme en 2012, avec des créations nettes de 1 000 postes de travail, et comme en ce début de 2015, avec les chiffres du marché du travail de 2014 faisant état de 21000 emplois nets créés. Et désormais, il ne s'agit plus de promouvoir la flexibilité dans le marché du travail, mais une notion voisine, plus avenante, plus sécurisante : la «flexisécurité». Importée des pays du Nord de l'Europe, et spécifiquement du Danemark, et introduite… subrepticement en France depuis janvier 2008, la flexisécurité apparaît aujourd'hui, aux yeux des entrepreneurs, comme le remède contre l'atonie du marché du travail.
La question est de savoir néanmoins si une mesure, qui semble avoir donné des résultats satisfaisants au Danemark, peut produire les mêmes effets dans un pays comme le Maroc. Rien n'est moins sûr. Le Danemark est un pays de moins de 6 millions d'habitants, qui a du pétrole et du gaz et une industrie florissante (pharmacie, équipements industriels, notamment) qui lui assurent une balance commerciale excédentaire. Contrairement à ce que d'aucuns pourraient penser, ce n'est pas la flexisécurité qui a permis la prospérité du Danemark (7e rang mondial en termes de PIB par habitant), le pays s'est développé bien avant la mise en place de cette mesure en 1999. La flexisécurité à la danoise est intervenue en fait pour répondre aux fluctuations de la conjoncture chez ses principaux partenaires étrangers, sachant que la croissance du pays est tirée pour un tiers par les exportations. Et avec un marché intérieur aussi petit que le sien, le Danemark ne pouvait de fait que miser sur les exportations. De ce point de vue, la flexisécurité n'est pas la condition de la prospérité et de la compétitivité des entreprises danoises, elle est un moyen de prolonger celles-ci. Le tout dans un climat social apaisé, avec un taux de syndicalisation de plus de 80%. Enfin, la flexisécurité suppose, pour sa mise en œuvre, le respect total des deux termes de l'équation : assouplissement des règles de licenciement, d'un côté, et indemnisation correcte («généreuse» dans le cas danois) des chômeurs, de l'autre côté.
La plupart des actifs occupés n'ont aucun diplôme
Quid du Maroc maintenant? Est-ce que la flexisécurité que l'on voudrait voir s'installer a quelque chance de ressembler, même de loin, à celle du Royaume danois ? Quand on sait qu'il a fallu au moins dix ans pour mettre en place une squelettique Indemnité pour perte d'emploi (IPE), il est difficile d'imaginer que l'on puisse s'engager sur un filet de sécurité plus consistant. Sans doute, existe-t-il dans le tissu entrepreneurial national des chefs d'entreprises tout à fait volontaires pour y aller. Ce n'est pas une affaire de quelques-uns, mais de toute la communauté des entrepreneurs. Sans quoi un système de protection sociale ne peut pas être viable. Et puis, le problème n'est pas seulement financier, il est sociologique ou socioculturel : la plupart des actifs occupés (63,2% selon le HCP) n'ont aucun diplôme et plus d'un tiers (33,1%) n'ont jamais fréquenté l'école. Près de la moitié (47,4%) des actifs occupés ont seulement pour "bagage" intellectuel celui récolté à l'école primaire (42,9%) et dans les établissements coraniques et préscolaires (4,5%). Or, la flexisécurité suppose une mobilité professionnelle élevée ; et une mobilité pas seulement fonctionnelle ou géographique, mais aussi ascendante, c'est-à-dire qui permet une élévation dans le grade et le rang social en général. Tout cela, bien évidemment, a un rapport direct avec le niveau d'instruction des travailleurs et, plus généralement, avec le dynamisme de l'activité économique.
Au Maroc, on le sait, le marché du travail est traversé par une dualité assez caractéristique d'ailleurs des économies de la région. D'une part, la garantie ou presque de l'emploi dans les secteurs public, semi public et financier, et, d'autre part, la flexibilité dans tout le reste (il faudrait plutôt parler de précarité, en l'occurrence). Et cette précarité, les indicateurs sur la qualité de l'emploi, que publie régulièrement le Haut commissariat au plan (HCP), le montrent bien. Les dernières statistiques à ce sujet indiquent en effet que 22,1% des actifs occupés travaillent sans rémunération, que près de 8 actifs occupés sur dix (79%) n'ont pas de couverture sociale, que 64,4% parmi eux n'ont pas de contrat de travail, que 2,7% ont un contrat verbal et 5,7% un contrat à durée déterminée. Sur ce point concernant le contrat de travail, 72,8% des travailleurs sont, à un degré ou à un autre, dans une situation de flexibilité extrême. Et il faut rappeler qu'un débat assez animé a eu lieu en France sur l'idée, avancée par le patronat, de supprimer le contrat à durée indéterminée (CDI), et ce débat a eu un certain écho au Maroc. Dans un marché du travail où l'essentiel des actifs occupés, et pas seulement les aides familiales et les apprentis, ne bénéficient d'aucune protection, la fléxisécurité n'aurait à coup sûr aucun sens. Elle en aurait un si, face à la flexibilité qui existe déjà, y compris dans le Code du travail de 2004 (voir à ce sujet l'étude sur la flexisécurité du marché du travail au Maroc réalisée par Mohammed Bougroum et Aomar Ibourk en 2011), on décidait de prendre en charge la partie manquante de cette notion, celle de la sécurité. Ce qui, on l'a déjà dit, paraît hautement improbable.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.