Il n'y a pas que les possesseurs de bijoux pour profiter de la flambée des cours de l'or depuis le début de l'année (voir notre édition de lundi). Pour Bank Al- Maghrib aussi, l'envolée du métal jaune sonne comme une très bonne nouvelle. En effet, selon des statistiques tout ce qu'il y a de plus publiques et plus précisément à examiner les comptes trimestriels de la banque centrale, celle-ci a vu sa réserve en or passer de 6,1 milliards de dirhams au début de l'année à 6,5 milliards de dirhams à fin mars. Un gain en valeur donc de 7% en tout juste trois mois. Mais l'envolée de l'or, ça fait déjà quelques années qu'on en parle. Il y a cinq ans, le cours de l'or sur le marché mondial était de 435 dollars l'once, et le métal jaune a entamé ces dernières années une hausse continue que même la crise n'a pas affectée... bien au contraire. Après être redescendu à 700 dollars l'once au mois d'octobre 2008, il est reparti à la hausse pour franchir un record absolu de 1.243 dollars l'once à la mi-mai 2010. Manque d'audace On pourrait s'attendre donc à ce que la valeur des réserves en or de BAM ait beaucoup pris dans le même intervalle. Et effectivement ses avoirs ont plus que doublé de valeur, passant de 2,6 milliards de dirhams à 6,2 milliards de dirhams. Une hausse d'autant plus remarquable que sur la première moitié de la décennie 2000 la réserve de BAM a à peine pris 0,3%. Dans tout cela, on est bien assurés que l'envolée de valeur des réserves du métal jaune est le fruit de la seule augmentation des cours de l'or sur les marchés mondiaux. Car depuis 2000, les avoirs de BAM en tonnes n'ont pas bougé d'un gramme pour se maintenir à 22 tonnes selon les statistiques du conseil mondial de l'Or (World Council of Gold). Peu audacieuse la politique de stockage d'or du Maroc? On serait porté à le croire, du moins, à voir l'activisme du voisin algérien qui a augmenté ses réserves en or de 14 tonnes depuis 1991. Le manque d'ambition du Maroc ne fait même aucun doute pour certains observateurs. «Depuis 30 ans la réserve en or du Maroc est laissée à l'abandon», reproche le trader spécialiste de l'or, Mostafa Belkhayate. L'expert n'en est pas à son coup d'essai pour attirer l'attention des autorités monétaires sur le manque à gagner qu'engendre le désintérêt vis-à-vis de l'or pour l'optimisation de la gestion de la réserve de change nationale (ce matelas garanti qui permet de financer les échanges internationaux). En effet, le métal jaune ne représente que 3% des réserves de change nationales. À titre de comparaison, à l'échelle mondiale, cet indicateur s'établit en moyenne entre 10 et 15%. À un tel niveau, il n'y a même pas lieu de faire le rapprochement entre le Maroc et le trio de tête mondial composé par les Etats-Unis, l'Allemagne et l'Italie, (en excluant le Fonds Monétaire International qui dispose également d'un stock d'or) champions toutes catégories aussi bien en tonnages détenus en or qu'en termes de part du métal jaune dans les réserves de change. En effet, à fin 2009, les trois pays détiennent près de 14.000 tonnes d'or et ce métal pèse jusqu'à 75% de leurs réserves de change. C'est d'ailleurs ce dernier pourcentage que préconise Belkhayat pour le Maroc. C'est que les prévisions du trader pour les cours de l'or sont des plus enthousiastes. «L'or atteindra un cours de 1.500 dollars l'once avant la fin de l'année en cours. Et il devrait même crever la barre des 2.000 dollars l'once en 2011», assure-t-il.