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Télécoms, tarifs «prohibitifs» vers l'Afrique
Publié dans Les ECO le 09 - 07 - 2013

«Chaque appel vers mon pays me revient à 35 DH la minute. Je trouve ces tarifs excessivement élevés. Je dirais à la limite qu'ils sont inacceptables». Sanogo Losséni, entrepreneur ivoirien évoluant au Maroc, dit tout haut ce que tous les Subsahariens établis dans le royaume murmurent tout bas entre eux. Les prix des communications vers l'Afrique à partir du Maroc sont jugés «prohibitifs», tellement leur coût élevé paraît surréaliste. Conséquence : «je ne peux appeler tout le monde au pays. Je limite mes appels juste à ma famille. Il y a des proches que je risque de ne jamais appeler tant que je suis au Maroc», poursuit Sanogo Losséni. Et même les contacts téléphoniques avec la proche famille se limitent en moyenne à un appel par semaine, sauf en cas de nécessité absolue. Si Sanogo Losséni peut lui peut se le permettre, ce n'est pas le cas pour des milliers d'autres Subsahariens, constitués en bonne partie d'étudiants aux bourses limitées. Labo Noma Adamou, de nationalité nigérienne, fait savoir pour sa part qu'il «n'appelle pratiquement jamais avec son opérateur, sauf en cas de promotion. Et même là, je constate que la minute me revient à 25 DH». La cherté de ces communications vers l'Afrique contraste pourtant avec les tarifs attractifs appliqués vers d'autres destinations, notamment vers les pays d'Europe du Sud et d'Amérique du Nord.
Renchérissement continu
Les prix des appels vers ces parties du monde connaissent des baisses régulières et sont réduits actuellement au même prix qu'un appel national. Une tendance qui diverge fort avec le renchérissement progressif des coûts vers les pays du continent. En moyenne, un appel vers une destination subsaharienne coûte au bas mot 10 DH la minute pour la plupart des opérateurs nationaux. Les pays du continent sont en majorité classés dans les catégories «zone 2» à «zone 4» de la plupart des opérateurs téléphoniques nationaux. Ainsi, le prix de la minute peut effectivement atteindre les 25 ou 35 DH, comme rapporté plus haut par nos deux interlocuteurs ivoirien et nigérien. Pour les clients disposant d'un abonnement, le prix de la minute pour un appel vers les pays subsahariens revient en moyenne à 10 minutes comparé à un appel vers le national. Résultat : un forfait plafonné à 5h, se limite à environ à 30 mn si le client appelle vers l'Afrique. Le service «Bayn GSM» est l'un des rares à proposer des prix abordables, en facturant la minute à 6 DH pendant la journée, et la rabaissant à 3 DH en soirée. D'ailleurs, ce service est celui qui capte l'écrasante majorité des clients subsahariens qui fuient les prix élevés des autres opérateurs concurrents.
L'ANRT se défend
Au niveau de ces opérateurs, on a tendance à justifier cette politique des prix par le fait que les règles du jeu sont fixées par l'autorité de régulation des télécoms. En tout cas, auprès de certains services relevant de ces opérateurs, c'est la réponse qui revient le plus souvent. Contactée par Les ECO, l'Agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT) dégage en touche. «Les tarifs des appels vers l'international sont librement fixés par les opérateurs», répond l'ANRT. Elle dit juste exiger que «les consommateurs soient informés, d'une manière claire, lisible et transparente des tarifs des offres et leurs conditions de commercialisation». Toutefois, l'autorité apporte des précisions importantes sur les déterminants des coûts de ces communications. «Les tarifs des appels vers l'international sont déterminés sur la base des taxes de répartition qui sont négociées librement par les opérateurs nationaux et internationaux», détaille l'ANRT. En ce qui concerne la cherté des tarifs des communications vers l'Afrique subsaharienne, il faut donc aller chercher l'explication dans les termes des accords conclus entre les opérateurs. «Ceci explique pourquoi ces tarifs sont différents de ceux appliqués pour les pays européens et de l'Amérique du Nord». Reste à savoir si les opérateurs ne se permettent pas, en dehors de ces accords, de fixer délibérément les prix à un niveau si élevé. En tout état de cause, les utilisateurs subsahariens se considèrent comme la vache à lait des opérateurs de télécommunications et sont de plus en plus nombreux à bouder le téléphone. Pour rester en contact avec les proches, ils jettent leur dévolu sur internet avec ses nombreux réseaux sociaux.
En attendant le «Pass Afrique»
Les opérateurs télécoms nationaux tardent encore à proposer des offres spécifiques orientées vers les destinations africaines, contrairement à ce qui est constaté pour les pays d'Europe du Sud et d'Amérique du Nord, ou encore pour l'Arabie Saoudite pendant les périodes du Hajj. Pourtant, la clientèle subsaharienne ne manque pas d'opportunités. Premièrement, le Maroc est la destination annuelle de milliers d'étudiants subsahariens venant poursuivre ici leurs études supérieures. Ils seraient plus de 12.000 étudiants inscrits dans les établissements publics, sans compter les milliers d'autres inscrits dans les écoles privées. Deuxièmement, le royaume opère progressivement sa transition en matière de migration, en passant d'un pays d'émigration (le neuvième au monde) à un pays d'immigration. On compte ainsi des milliers de cadres subsahariens établis dans le royaume et évoluant dans des secteurs de pointe, en plus des jeunes travaillant dans les centres d'appels. Troisièmement, les entreprises marocaines mettent désormais le cap sur l'Afrique subsaharienne. Un effort de réduction des coûts vers ces destinations ne pourrait que jouer en faveur de la stratégie d'implantation au sud du Sahara. À ce jour, les seules «offres promotionnelles exceptionnelles» existant sur le marché sont appliquées par l'opérateur historique. En effet, Maroc Telecom permet à ses clients subsahariens en provenance des pays où il dispose de filiales (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Gabon) de communiquer à des tarifs locaux. Autrement dit, un Mauritanien établi au Maroc peut communiquer avec ses proches depuis son numéro mauritanien au prix d'une communication locale. Un roaming gratuit pour ces «happy few», en attendant le lancement de «pass» destinés à la grande majorité des autres clients établis dans le royaume.
L'internet prend le relais
Face à des tarifs télécoms qu'ils jugent «prohibitifs», les Subsahariens semblent avoir trouvé la parade. Désormais, le salut provient des réseaux sociaux. «Je communique surtout via Facebook, Messenger, ou Skype», indique Sanogo Losséni, de Côte d'Ivoire. Seules les communications urgentes passent aujourd'hui par le téléphone. Internet a fini de prendre le relais. Au lieu d'acheter les cartes prépayées proposées par les opérateurs télécoms nationaux, nombreux sont ceux qui préfèrent consacrer ce montant à l'achat d'une recharge de leur compte Skype (par exemple) pour appeler directement le téléphone de leur correspondant à l'étranger. Certains en font même leur business privilégié, les tarifs proposés par ces réseaux étant nettement plus attractifs que ceux des appels téléphoniques. Ils créent pour cela des comptes qu'ils rechargent, et permettent à qui le souhaite de passer des appels moyennant quelques dirhams. Pour les familles africaines disposant d'une connexion internet, la communication est tout simplement gratuite. À l'heure d'internet sur mobile, et avec des applications qui offrent la possibilité de communiquer par téléphone sans débourser un sou à l'instar de Viber, les raccourcis ne manquent donc pas.
Vers une réduction des coûts
In fine, les tarifs élevés appliqués sur les marchés subsahariens sont synonymes de manque à gagner pour les opérateurs nationaux. «Je pense qu'il faut aujourd'hui s'inscrire dans une logique de baisse de ces tarifs. Pour des raisons économiques, nous seront obligés, tôt ou tard, de nous diriger vers une réduction des coûts», observe un professionnel du domaine des télécoms qui a requis l'anonymat. En tout cas, chez les inconditionnels du téléphone, on ne manque pas d'idées à proposer aux opérateurs, bien que certaines semblent relever de l'idéalisme. «Pourquoi ne pas penser à établir des partenariats entre les opérateurs marocains et ceux établis dans les pays subsahariens afin d'appliquer une politique de baisse des prix? Les personnes qui souhaiteraient appeler le Maroc depuis les pays subsahariens pourraient bénéficier de tarifs préférentiels et vice-versa», lance notre entrepreneur ivoirien. Cela pourrait, à ses yeux, contribuer non seulement à baisser les coûts, mais aussi encourager la communication. D'autre part, il y a lieu de souligner que certains pays du continent appliquent des taxes sur les appels entrants. Cette mesure a été soit mise en œuvre, soit envisagée par des Etats comme le Congo-Brazzaville, la Guinée, le Niger, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Mauritanie, le Ghana, Madagascar, le Sénégal ainsi que le Libéria. Si elle permet à ces Etats d'augmenter leurs recettes fiscales, cette taxe contribue au renchérissement des coûts de téléphone pour leurs citoyens établis à l'étranger. Nombreux sont aussi les opérateurs à brandir ce motif pour justifier la cherté des communications vers l'Afrique subsaharienne.


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