Trois villes, un seul hommage. El Jadida, Azemmour et Casablanca ont décidé de rendre un hommage appuyé à la musique melhoune à travers deux festivals : la Rencontre internationale du Melhoun et Malhouniates. Deux événements qui se passent pratiquement en même temps (simple coïncidence ?), et dont l'objectif est de faire (re)découvrir cette musique ancestrale au grand public. C'est la ville d'Azemmour qui a ouvert le bal de cette fête musicale. Hier jeudi, le public de cette première rencontre organisée quelques semaines après le festival Jawhara, avait rendez-vous pour une soirée 100% andalouse. Une soirée animée par l'artiste algérien Rachid Toumi, l'orchestre Abdelkrim Raïs -dirigé par Mohamed Briouel- et la chanteuse à la voix angélique Françoise Atlan, qui a transporté les spectateurs dans l'univers joyeux de l'art du Matrouz. Plus loin d'Azemmour, à El Jadida plus précisément, l'étoile du melhoun Asma Lazreq s'est produite, pour le plus grand bonheur de ses fans, en compagnie du groupe Mohamed Soussi de Fès et Abdelmjid Rahimi d'Azemmour. Organisée par l'Association provinciale des affaires culturelles et la province d'El Jadida, cette première rencontre se distingue par la mise en place de concert de fado, de aita et de flamenco. C'est ainsi que les J'didis ont eu droit hier à deux concerts, l'un de Abidat R'ma et l'autre de Maribel Ramos d'Espagne. La deuxième soirée de cette manifestation, prévue ce soir, sera consacrée au groupe de melhoun Mohamed Soussi, Abdelali Briki, et à la musique hassanie à travers le groupe Batoul Marouani. Placée sous le thème «la nuit de la roche», cette deuxième soirée verra la participation du célèbre groupe d'aita Oulad Bouazzaoui. La soirée de clôture, programmée samedi soir et baptisée «Oued Oum Rabii», sera consacrée au trio Abelali Talbi, Abdelmajid Rahimi et Majda Yahyaoui. À travers cette rencontre, les deux villes d'El Jadida et d'Azemmour renouent avec leur passé glorieux, marqué justement par l'apogée de l'art en général et de la musique en particulier. D'ailleurs, Abdlillah Jennana, chercheur en art du Melhoun, explique que le choix s'est porté sur ces deux villes vus «leur emplacement géographique et leur ouverture à une palette de cultures, portugaise, andalouse, africaine...». Au moment où le public de la première Rencontre internationale du Melhoun sera en train d'apprécier les derniers concerts de cet événement, celui de Casablanca aura rendez-vous avec le spectacle d'ouverture de Malhouniates. Pour cette deuxième édition programmée les 13 et 14 août, les organisateurs ont choisi un lieu symbolique pour abriter les concerts et les conférences qui sont au menu. Il s'agit en effet du quartier des Habbous, et plus précisément du siège du Conseil régional de la ville. Samedi donc, les Hmad'cha et Aissaoua lèveront le rideau de ce festival. Il faut dire qu'un aéropage de mounchidines, musiciens, poètes et chercheurs universitaires prendront part à cette édition : Sanae Mrahti, Mohamed Yacoubi, Mohamed Soussi, Yassine Jebrane, Mohamed El Abdalaoui, Hakima Tarik, Sara Eddehbi ou encore Naima Tahiri. Une table ronde sur l'art du Melhoun aura lieu dimanche dans la journée. Elle sera animée par des professeurs, chercheurs, intéressés par ce genre musical. Il s'agit, entre autres, de Mohamed Sadki, Mohamed Rachek, Mohamed Ben Ali, et Frédéric Calmès. «Notre volonté est de faire de Casablanca une capitale culturelle conjuguant modernité et authenticité, surtout après le succès rencontré par la première édition de ce festival auprès des jeunes», a déclaré Wafa Skalli, chef de division des affaires culturelles au Conseil de la ville. À El Jadida, Azemmour et Casablanca, ce week-end sera entièrement dédié à cette musique née au Maroc il y a plus de cinq siècles. Considéré aujourd'hui comme un art dépositaire de la mémoire marocaine, l'art du Melhoun reflète le quotidien marocain, mêlant le religieux, le spirituel et l'émotionnel. Préserver ce patrimoine et élargir la diffusion de cette musique bien de chez nous, tel est l'objectif de ces deux manifestations.