Maroc : Le président de la commune de Sidi Kacem poursuivi pour falsification    Le diplomate bulgare Dimiter Tzantchev nommé nouveau chef de la délégation de l'UE au Maroc    Véhicules en circulation internationale : Les PV dressés pour non-conformité au Code de la route    Fintech : Thunes lance des paiements transfrontaliers en temps réel au Maroc    Maroc : Les anti-normalisation appellent à boycotter le Forum mondial des femmes pour la paix    Le prince Hicham Alaoui appelle à «rompre avec Netanyahu» mais pas avec «le peuple israélien»    Le Maroc condamne une violation de la souveraineté du Qatar par Israël    Après avoir affronté les Lions de l'Atlas, Badou Zaki hospitalisé au Maroc    Un marroquí muere en un accidente de coche en el norte de Italia    Pays-Bas : Un témoin clé dans le procès de Ridouan Taghi bientôt libéré    Maroc : Averses orageuses, grêle et rafales de vent ce mardi    La police de l'environnement à l'ordre du jour du Conseil de gouvernement    Sahara : Quand Staffan de Mistura met le Polisario et l'Algérie dans le même panier    Laâyoune : 6e Congrès de la Société Marocaine d'Anesthésie et de Réanimation (SMAAR), sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI    Bourita s'entretient avec le nouveau MAE sénégalais    Le secteur manufacturier chinois..moteur de plus de 30 % de la croissance mondiale entre 2021 et 2025    Qualifs CDM 26 (CAF) : un mardi décisif pour les cadors africains    Prépa CDM féminine de futsal : Italie - Maroc ce mardi    UIR: Rabat Business School fait une entrée dans le Top 20 mondial du classement Financial Times 2025    L'UM6P inaugure à New York son nouveau Global Hub    L'ambassade de Chine à Rabat félicite l'étudiante marocaine Yasmine Mezouari pour son sacre international en Chine    Conservation des rapaces : Une stratégie nationale voit le jour    Un élève rend hommage à son professeur après 22 ans : une Omra en guise de gratitude    Un élève rend hommage à son professeur après 22 ans : une Omra en guise de gratitude    Casablanca s'anime avant les 10KM : le village sportif donne le ton    Ports : les grues chinoises de ZPMC équipent le port de Tanger    Intégration dans la région euro-méditerranéenne : l'UpM et l'OCDE présentent le 2e rapport    L'éducation des réfugiés menacée par les coupes budgétaires, alerte le HCR    Algérie–Mozambique : une coopération bilatérale instrumentalisée par Alger autour du Sahara    Le ministère du transport s'explique sur les procès-verbaux relatifs aux plaques d'immatriculation internationales et les infractions constatées    Jamal Benomar, entre les grandes déconvenues diplomatiques et les propos qui outragent les institutions nationales marocaines    Industrie manufacturière : une entreprise suédoise s'implante au Maroc    Fado Festival revient à Rabat pour sa 8e édition marocaine    Le temps qu'il fera ce mardi 9 septembre 2025    Les températures attendues ce mardi 9 septembre 2025    Le Maroc figure sur la liste européenne des pays d'origine sûrs tandis que l'UE+ voit chuter ses demandes d'asile de 23 % au premier semestre 2025, un chiffre historique    Le Maâlem Mustapha Baqbou n'est plus    L'Alhambra de Grenade accueille un nouvel espace amazigh en l'honneur de la Dr Leila Mezian    Moroccan Gnaoua master Maalem Mustapha Bakbou passes away at 72    Zambie-Maroc: Les Lions en mode confirmation    Séisme en Afghanistan : la Chine envoie une aide d'urgence.    Azemmour: Le melhoun, un patrimoine vivant au cœur de l'identité nationale    Bundesliga : le Danois Kasper Hjulmand prend les rênes du Bayer Leverkusen jusqu'en 2027    Taroudant : Une dynamique accélérée de reconstruction après le séisme d'Al Haouz    Eliminatoires Mondial 2026 : «Nous affronterons la Zambie avec l'objectif de gagner» (Walid Regragui)    Erick Baert, l'homme aux 100 voix, de retour au Maroc avec son spectacle "Illusions vocales"    Zakaria El Ouahdi réagit à son absence avec les Lions de l'Atlas    Marrakech : Deux morts dans un incendie au douar Moulay Azzouz Elmelk    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Un manager doit faire l'effort de se connaître lui-même»
Publié dans Les ECO le 28 - 02 - 2013


Amiral Olivier Lajous
DRH de la Marine française et lauréat du Prix «DRH de l'année 2012»
Les ECO : Quelles sont les approches et les outils stratégiques pour réussir le management de la richesse humaine dans cette décennie de fortes turbulences ?
Olivier Lajous : Bien plus que des outils, il faut une vision stratégique des enjeux de l'humain. Il n'y a pas d'entreprise prospère sans mobilisation du talent des hommes et des femmes qui constituent sa première richesse. «Il n'est de richesse que d'hommes» disait déjà au XVIe siècle le philosophe français Jean Bodin. Il est intéressant de noter qu'il s'exprimait alors que notre humanité venait de traverser les deux siècles de la Renaissance, période pendant laquelle toutes les croyances du passé ont été bousculées et le savoir rendu accessible à tous grâce à l'invention de l'imprimerie. En ce début de millénaire, grâce à la numérisation et à la mondialisation de l'économie, notre humanité prend conscience de sa complexité, de sa fragilité, mais aussi de sa solidarité, et perçoit un peu plus distinctement combien la diversité et l'incertitude sont ses principales caractéristiques. Il nous faut nous adapter à notre nouveau monde, celui de l'instantanéité plurielle. Nous vivons sans en avoir pleine conscience une révolution aussi importante que celle de la Renaissance ! Dans un monde fluide, rapide, complexe, il faut pouvoir dessiner des projets, mobiliser des volontés et des talents, communiquer, dialoguer, rassurer tout en ne dissimulant ni les risques, ni les opportunités. Mettre l'humain au cœur de l'entreprise, aider chacun à vivre la mondialisation et la numérisation comme des sources de progrès et non de peur et de rejet, là est la clé stratégique du management moderne.
Quels sont les grands défis pour repenser le management de la richesse humaine dans ce monde en pleine mutation ?
Le grand défi du management moderne est celui de l'amour. Oui, je dis bien de l'amour ! L'amour qui doit nous conduire à considérer notre prochain comme nous même, à rejeter la haine et la violence, le racisme et toute forme de mépris de l'autre, à nous reconnaître dans certaines valeurs en acceptant qu'elles ne soient pas universellement partagées, mais qu'en étant nôtres, elles nous guident dans notre humanité, nous permettent d'exister «un parmi les autres», ni plus grand ni plus petit, tout simplement égal devant l'infini richesse d'un univers dont nous ne percevons qu'une infime partie de la réalité, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Face à l'instantanéité plurielle, le défi qui finalement s'impose à nous, en particulier à celles et ceux d'entre nous qui se trouvent en situation de décider, c'est d'accepter que l'incertitude et la diversité soient les règles naturelles de notre humanité et de les considérer comme des alliées qui nous permettent de progresser. Pour profiter de l'opportunité unique de la vie, il nous faut être curieux et audacieux, créatif et réactif, aimant et confiant, engagé et discipliné, réaliste et humaniste, attentif à soi comme aux autres. C'est en osant cette vision de la vie que les hommes et les femmes prendront toutes leurs places au sein de l'entreprise, notamment les managers.
Comment, selon vous, pourrait-on développer les managers des entités économiques à l'ère de la financiarisation de l'économie mondiale ?
Pour relever le défi de l'amour, un manager doit en permanence faire l'effort de se connaître lui-même. On ne peut pas guider les autres si on ne sait pas se guider soi-même ! Pour se guider il faut de la discipline, pas celle trop souvent caricaturée et injustement prêtée aux militaires qui savent bien que sans discipline il n'y a pas d'action collective possible. Le mot discipline renvoie principalement à deux grandes notions, celle d'un ensemble de règles à suivre et celle d'une branche de connaissance ou d'activité. Dans sa première acception, celle d'un ensemble de règles à suivre, la discipline s'appuie sur des règles de conduite plus ou moins librement admises par les membres d'un groupe. Ces règles ont pour objet de favoriser l'action commune en interdisant notamment les comportements non respectueux de l'autre, ou ceux qui mettent en danger la sécurité ou l'harmonie du groupe. L'obéissance à ces règles peut être contrainte ou de raison. Ce qui fait que la discipline est le plus souvent acceptée, c'est que ceux qui la font appliquer et ceux qui s'y soumettent sont égaux devant les valeurs qu'ensemble ils acceptent librement de servir. Ils adoptent plus ou moins consciemment un comportement normé qui leur est dicté par un individu perçu comme une source d'autorité car incarnant les valeurs du groupe. Ainsi, la discipline passe par la reconnaissance plus ou moins consciente de la supériorité morale des règles du groupe, mais aussi des personnes qui les font appliquer. Pour les dépositaires de l'autorité, il y a là un défi éthique permanent, car l'autorité ne se décrète ni ne s'improvise. Elle s'impose à celui qui l'exerce comme un devoir exigeant, celui de l'exemplarité du chef. Dans l'acception de la discipline en tant que branche de connaissance ou d'activité, on retrouve de la même façon l'obéissance à des règles précises, tant dans le domaine des sciences, des arts ou du sport. Dans l'exercice de chacune de ces disciplines, l'application des règles est seule garante du bon déroulement des activités et de la performance du groupe. Je vous invite à méditer cette pensée bouddhique extraite d'un recueil koan zen : «Recherchez la liberté et vous deviendrez esclave de vos désirs. Recherchez la discipline et vous trouverez la liberté.»
Quel est votre avis concernant les salaires dans le contexte de la mondialisation ?
Tout travail mérite salaire. Celui-ci doit être proportionné aux efforts fournis, aux responsabilités prises, aux risques encourus, à la pénibilité des tâches accomplies. Il doit permettre à chacun, quelle que soit sa place dans l'entreprise, de vivre dignement de son travail. Les abus, dans un sens comme dans l'autre doivent être dénoncés et combattus dans le cadre d'un dialogue social ouvert, respectueux et sincère. La plus grande transparence doit être recherchée pour que chacun ait une claire conscience des règles salariales. Il est juste de récompenser la performance, la prise de risque et la pénibilité, de sanctionner la paresse et l'absentéisme, de différencier les salaires sur une échelle raisonnable en fixant un seuil de salaire minimum, et pourquoi pas, ce qui n'est pas pratiqué aujourd'hui, un seuil maximum. La dérive qui consiste à acheter les talents en proposant des salaires exorbitants m'apparaît malsaine et ne répond qu'en partie au besoin de reconnaissance des individus.Si le salaire est l'un des outils de la reconnaissance, le sens du travail, l'ambiance et les conditions de vie au travail, la capacité des managers à encourager et valoriser le travail de chacun sont à mon avis des facteurs tout aussi importants. Même si elle peut paraître un peu radicale, j'apprécie cette pensée du philosophe allemand Friedrich Nietzche : «Celui qui a un pourquoi vivre supporte presque n'importe quel comment vivre».


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.