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Le discours politique à l'épreuve du renouveau
Publié dans Les ECO le 30 - 08 - 2011

Quand l'ex-ministre de l'Intérieur, Driss Basri, avait accordé, depuis son exil parisien, une interview à la chaîne Al Jazeera, beaucoup de Marocains se sont rendu compte que l'homme était incapable de s'exprimer correctement. Son discours était piteusement décousu, dénotant une certaine confusion d'idées. On s'est demandé comment un tel homme a pu occuper si longtemps un poste aussi important ? La réponse est que tout simplement, la politique chez nous est dissociée du discours. La semaine dernière, un nouveau discours nous est parvenu de Tripoli. Il tranchait avec les frasques du dictateur déchu. Les nouveaux maîtres de la Libye parlent désormais devant un public qui écoute et qui pose des questions. Le pays est sorti de l'ère de l'extravagance, pour entrer dans celle de la modernité. On ne peut bien entendu préjuger de la sincérité des propos de Abdeljalil ou de Jibril, mais leur éloquence et leur sérénité donnent d'eux une image contrastant avec celle véhiculée par Kadhafi. Le changement en Libye est saisissant et ne se limite pas à une équipe qui en remplace une autre.
C'est une véritable métamorphose. La nouvelle Libye a rompu avec la théâtralisation clownesque de Kadhafi, avec ses accoutrements délirants, son articulation ardue et confuse, qui rend le discours aussi incompréhensible que tordant. Aujourd'hui, les discours sont devenus normaux, reconnaissables. Ils transmettent un message clair, dans un temps déterminé. Les discours des dictateurs ont tendance a être trop longs. Kadhafi parlait tant qu'il en avait envie. Il cherchait ses mots, se répétait et délirait, mais prenait le temps de le faire, car il n'avait aucun respect pour son public. Parce que la démocratie ne se conçoit pas sans une concurrence de discours, elle fait de la liberté d'expression une condition de son existence. La dictature se veut, au contraire, un discours exclusif. Elle a besoin de monopoliser la parole, parce qu'elle vit sur le travestissement de la réalité. Les pouvoirs chancelants en Egypte, en Tunisie, en Libye et en Syrie, se sont pressés de censurer la presse, de couper Internet et de brouiller les chaînes satellitaires.
Une fois le silence ramené, les trois dictateurs déchus ont sorti à la fois leur appareil de répression et des discours censés apaiser ou faire peur. Le président syrien, ayant appris des déconvenues de ses prédécesseurs, a compris que ces discours avaient peu d'effet, sinon celui d'offrir à des chaînes de télévision l'opportunité de confectionner des montages d'extraits saisissant de contrastes qu'ils publient avant leur journaux. Il a donc décidé de ne jamais parler directement à ses citoyens. Il a ainsi convoqué les parlementaires et a invité les journalistes à l'écouter, parce qu'il ne pouvait supporter de regarder en face un peuple qu'il est en train de massacrer. Le discours politique doit faire rêver. Si l'action politique se confronte nécessairement à la dure réalité, le discours lui, doit caresser les limites du désir, tout en restant crédible. L'équilibre entre l'exigence du réalisme et celle de l'ambition reste fragile. Il ne s'agit pas de promettre monts et merveilles. Un parti marocain a dernièrement promis de créer cinq millions de nouveaux emplois en cinq ans s'il accèdait au pouvoir. Le problème est qu'il est au pouvoir depuis des années sans jamais avoir réalisé cet exploit. C'est non seulement sous-estimer les contraintes économiques, mais c'est surtout sous-estimer l'intelligence des citoyens. Il y a un adage qui dit : quand une vérité est invraisemblable, il vaut mieux la taire. Que dire alors du mensonge ! Les Marocains sont à l'écoute. Ils guettent les changements qu'on leur a promis et s'impatientent de voir ce que la nouvelle Constitution leur apportera comme bonheur.
Ces changements doivent être perceptibles et devraient s'incarner dans de nouvelles pratiques et de nouveaux discours. Ils s'attendent aussi à ce que de nouveaux visages émergent et portent cet espoir. Des personnes plus jeunes peut-être, moins compromises surtout. Nous sommes maintenant presque certains que nous verrons les mêmes visages revenir. On se demandait si nos hommes politiques étaient capables de se recycler pour s'adapter à la nouvelle donne. Ils ont fait mieux. C'est la réalité nouvelle qui est en train de se soumettre à eux. Jusqu'à maintenant, les Marocains ne sont pas impliqués dans les changements qui se préparent. Ils restent les spectateurs passifs d'arrangements entre le pouvoir et les partis et de manœuvres des partis entre eux. On nous invitera à entrer quand tout sera arrangé. Si nos hommes politiques sont si peu enclins à communiquer, c'est qu'ils n'ont pas développé cette habileté. Ils n'en avaient pas besoin. Quand l'accès à la responsabilité est plus une question d'alliances et d'allégeances, pour ne pas dire de manigances, aucun contrat moral n'est établi avec le citoyen. L'homme politique n'a ni un contenu à développer ni un public à convaincre. Tout se fait dans le secret des salons et les arcanes de l'administration. Ce n'est pas demain la veille qu'on se délectera d'un discours politique éloquent.


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