Pour la 20e fois, Pékin annonce le changement de la méthode de valorisation de sa croissance économique, une décision qui n'apaise pas les analystes quant à la véracité des chiffres chinois. La Chine a annoncé mardi dernier avoir de nouveau changé sa façon de calculer son PIB et a de ce fait révisé en hausse les chiffres des dernières années. Une nouvelle qui alimente le scepticisme sur la fiabilité des statistiques officielles chinoises, déjà douteuses auparavant. Le Bureau national des statistiques (BNS) a expliqué sur son site avoir commencé à utiliser une nouvelle méthodologie destinée à «mieux refléter la contribution de l'innovation à la croissance», rapporte la presse étrangère. Ainsi et en pratique, les dépenses de recherche et développement (R&D) des entreprises pourraient être comptabilisées comme une part du capital fixe «et non comme une consommation intermédiaire». Ce nouveau mode de calcul, qui sera mis en oeuvre dès la publication mi-juillet de la croissance du deuxième trimestre, a été appliqué par le BNS pour réviser ses chiffres annuels depuis 1952, avec pour effet de doper sensiblement la taille du PIB national. Ainsi, pour l'an dernier, la taille de l'économie chinoise se voit gonflée de l'équivalent de 120 milliards d'euros par rapport à l'estimation précédente. Le taux de croissance en 2015 s'avère donc plus important qu'évalué, mais reste cependant toujours arrondi à 6,9%, au plus bas depuis un quart de siècle. Pour 2013, en revanche, la croissance chinoise est révisée en hausse à 7,8%, contre 7,7% précédemment. En 2012, la modification est plus notable, à 7,9%, contre 7,7% auparavant. Au total, les chiffres ont été révisés pour 22 années, essentiellement en hausse. La Chine accusé de gonfler ses chiffres Le BNS avait déjà dévoilé en septembre un changement méthodologique conduisant à calculer le PIB pour chaque trimestre indépendamment et non plus sur une base cumulée depuis le début de l'année, ce qui avait conduit à des révisions partielles. Voilà qui n'apaisera pas les doutes grandissants entourant les statistiques gouvernementales chinoises sur la croissance, alors que se creuse l'écart avec des indicateurs d'activité alarmistes, en plein ralentissement économique du pays. Accusant Pékin de gonfler les chiffres, certains analystes jugent que la croissance chinoise, à la peine, pourrait avoisiner 4,5%, plutôt que les 7% officiels. L'actuel premier ministre «Li Keqiang» avait d'ailleurs reconnu en 2007, alors qu'il dirigeait une province, que les chiffres du PIB étaient «fabriqués artisanalement», rapporte le site de la Bourse en ligne, Boursorama.