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«Il faut multiplier les fonds pour soutenir les innovateurs et entrepreneurs africains»
Publié dans Les ECO le 24 - 11 - 2016

Pauline Mujawamariya Koelbl, directrice du Prix de l'innovation pour l'Afrique
Les Inspirations ECO : Le développement de l'écosystème entrepreneurial africain repose sur le degré d'innovation des entreprises. Que pensez-vous des innovations africaines?
Pauline Mujawamariya Koelbl : Je pense que le continent a un immense potentiel. La plus grande ressource en Afrique est son peuple hautement créatif et intelligent. Il est clair que les Africains sont novateurs dans presque tous les domaines et tous les secteurs de la mode, en passant par le cinéma, les arts et la culture. Aujourd'hui, il faut œuvrer à assurer une plus grande concentration d'expertise et d'investissement sur l'ensemble du continent et à intensifier l'innovation dans les domaines de la science et de l'ingénierie.
Le continent exploite-t-il son plein potentiel?
Oui et non. Il y a quelques secteurs comme le cinéma et la musique où on note une grande créativité. Cependant, il faudra développer d'autres secteurs et, sur ce plan, il reste encore beaucoup à faire, notamment en remédiant aux inégalités structurelles sur les marchés locaux et dans le domaine des politiques publiques, afin que les entrepreneurs puissent récolter la pleine récompense de leurs efforts. Il faut aussi le soutien financier pour les jeunes innovateurs qui, souvent, ont des difficultés à accéder à l'argent pour réaliser les prototypes et d'autres essais nécessaires pour introduire leurs innovations sur le marché.
De quelles innovations l'Afrique a-t-elle vraiment besoin?
L'Afrique a besoin des innovations qui s'attaquent aux différents défis que doit relever le continent. Quelques secteurs clés gagneraient à bénéficier d'un meilleur niveau de créativité, les secteurs de l'énergie, de la santé, de la gestion des déchets et de l'eau, de la police et la sécurité, des communications et du développement général de l'infrastructure pour ne citer qu'eux. Toutefois, il faut préciser que les développements dans tous ces domaines dépendent beaucoup de la gouvernance et des politiques ainsi que de l'accès au financement. Aussi, de mon point de vue, il n'y a vraiment pas de domaines ou de secteurs dans lesquels l'ingéniosité et la créativité africaines ne sont pas justifiées ou nécessaires.
Quel est l' impact Prix de l'innovation pour l'Afrique (PIA) ?
En plus du montant de 185.000 dollars que l'on octroie aux lauréats et aux nominés, le PIA offre d'autres avantages: c'est une excellente initiative dans la mesure où elle donne une nouvelle image de l'Afrique, loin des clichés qui dépeignent l'Afrique comme un continent souffrant d'une pénurie de créativité et de capacités d'innovation. Si vous êtes fatigués des histoires négatives très souvent rapportées par la majorité des médias, et que vous voulez voir une autre Afrique, qui s'attaque à ses problèmes pressants et contribue à trouver des solutions aux difficultés mondiales, le PIA est une excellente vitrine. L'ampleur de l'activité innovante à travers le continent est étonnante et augure d'un bel avenir pour notre continent.
Les noms des lauréats du PIA 2016 ont été récemment dévoilés. Sur quels critères la sélection a-t-elle été basée?
La sélection des lauréats du PIA est basée sur 5 critères: l'Originalité, et donc le caractère unique du produit et sa supériorité par rapport à des produits similaires ou alternatifs sur le marché, le Potentiel commercial, qui traduit à quel point l'innovation apporte une réponse au problème qu'elle cherche à résoudre, le Développement à plus grande échelle, qui permet d'avoir une idée sur la possibilité d'appliquer la solution à d'autres marchés similaires au-delà de l'environnement immédiat ou local du candidat, l'Impact social, et donc la capacité de l'innovation à créer ou à impulser des changements sociaux positifs au sein de la communauté cible et au-delà, et enfin les Aspects scientifiques et techniques. Pour les produits techniques/scientifiques tangibles, cela se réfère à la mesure dans laquelle les spécifications techniques de l'innovation sont fondées sur une science établie et tiennent suffisamment compte des risques liés aux produits attendus. Aussi, le PIA utilise un processus exhaustif de vérification afin de s'assurer qu'il identifie les meilleures solutions, les plus prometteuses. Le processus traite toutes les candidatures de façon équitable, avec des sélections initiales basées sur l'exhaustivité du dossier et la façon dont les candidats ont répondu à toutes les questions. Les juges procèdent ensuite à un examen approfondi de la candidature qui a été faite au cours du premier tour, puis il y a un processus de validation qui repose sur l'avis des experts externes pour vérifier tous les éléments techniques ou scientifiques avant de démarrer le processus d'interview des candidats. Ayant participé au processus de sélection de l'intérieur, je peux attester qu'il est juste, rigoureux et approfondi.
Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux participants au PIA?
D'abord, je leur dirais de croire en eux et dans ce qu'ils font. Deuxièmement, comme tous les entrepreneurs doivent être en mesure de se vendre, il devraient investir dans des conseils et des séances de coaching pour améliorer leur capacité à commercialiser leurs idées. Enfin, je leur conseillerais de lire l'appel aux candidatures avant de postuler et de prendre le processus de candidature au sérieux en étant clairs et succincts dans leurs explications.


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