Grosse polémique ces dernières années sur la cherté des prix des télécoms au Maroc. Aujourd'hui, l'ANRT prend les choses en main. Comme rapporté dans notre édition datée d'hier, le régulateur des télécoms vient de mettre en place son propre indice des prix. L'objectif est de «compléter le dispositif existant» en matière d'indicateurs, permettant de mesurer de manière objective les déterminants du marché. Cela dit, il s'agit également de démontrer qu'en dépit des critiques qui ont concerné la cherté des tarifs appliqués par les opérateurs, la baisse de prix a bien eu lieu et ne fera que s'accentuer. D'après les résultats de cette première version de l'indice, incluant la période entre 2008 et fin novembre 2011, les télécoms coûtent donc de moins en moins cher au consommateur et la tendance baissière des tarifs est confirmée par le régulateur. Baisse généralisée En d'autres termes, les intervenants du secteur, régulateurs et opérateurs, ont compris que le Maroc ne peut plus rester le pays le plus cher en Afrique, et l'un des plus chers au monde, en matière de télécoms. C'est du moins ce que l'on peut déduire de la baisse de 34% qu'affiche l'indice des prix du secteur depuis 2008. Ceci est d'autan plus significatif que les calculs du régulateur laissent apparaître une baisse généralisée sur l'ensemble des segments, à commencer par le mobile. L'indice de ce dernier est en effet le principal moteur influent sur les tarifs de l'ensemble du secteur, réalisant notamment une baisse de 36,8% depuis 2008. D'après le régulateur, «la baisse de l'indice résulte d'un ensemble de baisses des prix à partir de 2010, concomitamment à l'entrée sur le marché du troisième opérateur mobile GSM». La pression concurrentielle qu'a induite l'entrée sur le marché du GSM de Wana Corporate, et particulièrement depuis le relifting de sa marque en INWI, a exercé un impact significatif sur les tarifs appliqués par les deux autres opérateurs. L'ANRT fait savoir que la pérennisation des doubles et triples recharges chez certains opérateurs à fin 2010 est l'une des principales explications à la baisse des tarifs, au même titre que l'augmentation des bonus permanents sur les offres prépayées. À cela, il faut ajouter les offres «temporaires» lancées en 2011 et selon lesquelles les opérateurs offraient jusqu'à la quintuple recharge, ainsi que l'alignement des tarifs à l'international sur le tarif national au niveau des offres forfaitaires. Néanmoins, à ce stade, une précision de taille est à signaler : «La baisse de l'indice a été plus forte sur le post payé en 2010, et plus importante sur le prépayé au premier semestre 2011», insiste le régulateur. Pour le prépayé, c'est principalement la pérennisation des doubles et triples recharges chez certains opérateurs à fin 2010 qui a provoqué la chute des coûts des télécoms, ainsi que l'augmentation des bonus permanents sur les offres prépayées. De son côté, la baisse du post payé en 2010 provient essentiellement de l'augmentation des gratuités ou des baisses de prix dans les forfaits. Ceci étant, c'est particulièrement au niveau du fixe que les résultats ressortent en contradiction avec les autres publications de l'ANRT. En effet, la baisse en termes d'abonnés que font ressortir les dernières statistiques au terme de l'exercice 2011 aurait pu être interprétée par un pouvoir de dissuasion des tarifs. Or, selon l'indice des prix publiés en début de semaine, l'ANRT démontre bel et bien que les tarifs sur ce segment ont connu une baisse de 24,1% depuis 2008, une baisse qui n'a donc pas permis de reconquérir les clients, qui n'y sont plus très accros. Quoi qu'il en soit, le régulateur fait savoir dans son analyse que la baisse de l'indice résulte de la baisse régulière des tarifs internationaux, de l'augmentation des bonus dans les recharges des forfaits bloqués et surtout du lancement d'une nouvelle offre des opérateurs «Fixe nouvelle Génération» (CDMA) à fin 2011. Une distinction est à faire entre l'évolution du prix du fixe destiné au grand public où Maroc Telecom détient le «quasi-monopole» et celui destiné aux entreprises, où la concurrence est plus rude. Sur ce dernier, la baisse des tarifs aura même atteint 45% sur les quatre exercices analysés, grâce notamment à la baisse importante de certains tarifs voix et data. C'est dire que l'ensemble des segments des télécoms a connu d'importantes chutes des prix ces derniéres années. Néanmoins, la question qui demeure est de savoir si cette baisse permet au Maroc de gagner des places dans le classement qui a fait de lui l'un des pays les plus chers au monde en matiére de télécom. La réponse à cette question attendra la mise à jour des statistiques des différents cabinets d'étude internationnaux.