Depuis six ans déjà, la scène marocaine connaît bien de nouveaux noms, de nouvelles graines artistiques qui, au fil des années ont poussé, séduit et qui aujourd'hui, se font une place au soleil. Hormis la nouvelle génération de groupes musicaux de fusion et autres bandes de rap, les (re)présentations en solo ont vu naître de jeunes talents qui ont fait leur bout de chemin, d'abord motivés par des émissions de téléréalité, comme studio 2M, ensuite, en côtoyant les multiples scènes marocaines où la rencontre du public a tout son mot à dire. Parmi ceux ou celles qui ont concilié avec brio, émission télévisée et prestation scénique décontractée, le nom de Joudia Belkabir «règne» pour le plus grand plaisir de ses fans qui l'ont toujours soutenue. A fortiori, cette fleur de scène ne brille pas que pour ses chants en langue arabe (pour l'oriental), mais elle prête également sa voix au gospel, à la soul, sinon à des répertoires mythiques et nostalgiques tels que celui d'Edith Piaf que Joudia respire au parler. Mieux vaut être seule que mal entourée ! À l'époque, elle avait marqué la scène musicale nationale avec ses brillants passages à l'écran et sa présence remarquable sur la scène. Une performance et une détermination qui ont fait d'elle l'heureuse gagnante de la première édition de Studio 2M. Il y a de cela six ans que la star est née aux yeux du grand public. «Je ne peux pas nier que j'ai appris tellement de choses avec l'expérience de Studio 2M. J'ai également noué des contacts, mais aujourd'hui, j'évite tout contact avec le staff de Studio 2M pour certaines pratiques que je ne cautionne pas», déplore Joudia. À 29 ans, la fille de Marrakech avance lentement mais surement. Discrète et silencieuse quant à ses futurs projets, elle affirme aujourd'hui avoir été assez poignardée dans le milieu de la musique au Maroc. «Ici, dans ce pays, si on n'avance pas on stagne», conclut-elle. Afin de faire son petit bonhomme de chemin loin des vicissitudes du milieu de la musique ou de la scène locale, la jeune artiste a décidé de quitter sa ville natale pour s'installer à Casablanca, où elle est plus proche des acteurs artistiques mais également prête à effectuer des allers-retours en direction de Paris dans le souci de rencontrer des maisons de disques ou des producteurs qui seraient intéressés par le son de ses plis vocaux. «Je me charge de tout moi même». Une nouvelle résolution que l'artiste a décidé d'adopter après avoir signé pendant plus d'une année avec un manageur français qui a plutôt terni son image. Aujourd'hui, tout cela est loin derrière l'artiste mais n'est pas une entrave à sa grande ambition d'«aller jusqu'au cœur de la musique», cet abreuvage spirituel dont elle ne se sépare aucunement. «Je suis la musique et elle me le rend bien. Du jazz à l'opéra, de la musique orientale à la traditionnelle, j'aime et je préfère le classique». Artiste, petit-enfant d'artiste Vouée à un parcours académique peu chanteur, Joudia était partie à l'Hexagone poursuivre ses études universitaires, quand elle n'y trouve de goût que pour satisfaire des parents inquiets. De retour au bercail, parmi les siens, elle ne compte plus les jours qui la rendent inactive face à ce qu'elle aime le plus : l'art musical. Au contraire, elle s'amuse, rassure ses proches et se faufile à toute occasion où les notes règnent. Puis la première édition de Studio 2M est venue pour révéler cette graine d'artiste. Elle participe en 2008 à la première comédie musicale produite au Maroc «Piaf toujours» où elle a arboré sa robe noire et interprété le rôle principal de Piaf. Depuis, cette chance lui a permis autant d'approcher la souffrance et le mystère de Piaf que d'allier prestation scénique et chant. L'âme encore accrochée à la comédie, Joudia a participé cette année au webcasting de Adam et Eve, proposée par l'auteur et le chanteur français Pascal Obispo. Des centaines de vidéos envoyées sur le site de la comédie, seule une cinquantaine a été retenue où le nom de Joudia Belkabir seul raisonne pour le Maroc. «Pour cette rentrée, seul un single, que j'ai écrit et enregistré il y a quelques temps, sortira. Tout mon effort est concentré pour la réussite des étapes qui suivent, assure Joudia. Le single en question s'intitule : Il est venu le temps». Un titre composé par un DJ français et respectant les penchants musicaux de l'artiste qui les résume en des jeux de luth, de flute à la sauce RNB-orientale. Un single à ajouter aux précédents : Je m'envole, produit par 2M, Je serai là où tu iras et Lyoum dont les arrangements sont ceux de Hamid Daoussi, en plus de sa collaboration dans R'n' B fever où elle avait chanté aux côtés de Cheb Mami et Diam's et a reçu un disque de platine pour sa prestation. Aujourd'hui, la petite fille du compositeur de Melhoun, qui a écrit entre autres Lalla Oum El gheit et aussi nièce de l'artiste qui a cofondé Tagada, occupe son temps libre avec le dessin et la peinture. «J'ai tellement de créations que je suis entrain de réfléchir à les exposer un de ses jours».