Les Marocains, qui consomment sans modération le Made in France, ont sûrement suivi et continuent à suivre les débats de la présidentielle de l'Hexagone. Que faut-il en retenir ? L'art du verbe et les ruses politiques pèsent certes, mais la maîtrise des indicateurs économiques, le décryptage des finances publiques et la créativité en matière de solutions à proposer aux électeurs l'emportent largement. En effet, même si c'est la politique qui propulse au pouvoir, c'est l'économie qui permet de maintenir en poste un président ou qui l'éjecte, sans aucune considération. Le gouvernement Benkirane gagnerait à suivre ces débats avec beaucoup d'humilité ; et l'opposition devrait également s'y consacrer, avec une attention particulière. Faut-il rappeler, à cet égard, le niveau très bas des séances parlementaires, auquel nous avons eu droit ces derniers jours ? Quand un gouvernement s'engage tambour battant dans un chantier, il n'a plus le droit de marquer le pas, sous peine d'envoyer des signaux de fébrilité. Aujourd'hui, les attentes des Marocains sont à la mesure de leur ras-le-bol ! Il s'agit de dossiers économiquement lourds, socialement inévitables et politiquement contraignants. Commencer l'exercice de la gouvernance par des lamentations sur l'emprise des lobbys et autres poches de résistance, par une capitulation face à de simples salariés d'une administration publique et par des effets d'annonces rapidement transformés en pétards mouillés, voilà qui nous renvoie à un cabinet faible, incohérent et pour le moins hésitant ! Pourtant, la Constitution est porteuse de larges prérogatives, le roi affiche un soutien indéfectible aux reformes, et la légitimité populaire devrait donner des ailes à ce gouvernement. Dans un tel contexte, freiner ou même ralentir le train des reformes tant attendues, et à leur tête la lutte contre la rente et la gabegie, serait fatal !