Le RAMED promet d'être une bouffée d'air frais pour les professionnels du générique. Et pour cause, cette catégorie de médicaments, moins chers mais «présentant la même efficacité thérapeutique», tel qu'il le présentent, affiche un taux de pénétration de plus de 90% sur le marché public. Ce chiffre cependant, en apparence encourageant, n'est que l'infime facette d'une problématique bien plus large. Le générique, comme tout produit, évolue dans un marché global, qui est malheureusement arrivé à saturation. Preuve à l'appui, ce dernier n'a présenté aucune évolution en 2011, dans un marché global qui n'a d'ailleurs lui-même connu qu'une légère croissance de 3%. Comme le souligne Mohamed Houbachi, président de l'Association marocaine des médicaments génériques (AMMG), «la saturation du marché, le faible pouvoir d'achat, ainsi que l'effet AMO sont autant d'éléments qui freinent le développement de l'industrie pharmaceutique». Dans une approche chiffrée, qui permet de mieux cerner la problématique du générique, cette catégorie de médicaments ne représente aujourd'hui que 28 % du taux de pénétration sur l'ensemble du marché national. Le générique serait-il alors moins «crédible» que les princeps ? Dans de nombreux pays, la question de l'efficacité des médicaments génériques est aujourd'hui dépassée. Au Maroc, le débat ne fait que commencer et la nécessité d'une campagne de sensibilisation se poserait de plus en plus en évidence. C'est à juste tire ce qu'explique Mohamed Houbachi, en attirant l'attention sur «l'absence d'une culture générique, qui fait que nombre de médecins et de pharmaciens n'ont toujours pas adopté le réflexe de prescrire en priorité les médicaments génériques». Le message est donc clair : «il faudrait une politique courageuse pour promouvoir le générique», dans un système encore essentiellement basé sur la promotion des produits les plus chers. Cependant, il convient de revenir sur le concept de «culture du générique». Si ce concept est essentiellement lié à la consommation, les professionnels du secteur tels que médecins et pharmaciens devraient déjà le posséder. Une nouvelle question se poserait alors. Les laboratoires n'adopteraient-ils pas une politique de promotion massive des princeps au détriment des génériques ? Sur ce point, «l'absence de cadre juridique préservant leurs intérêts ainsi que celui des producteurs de génériques serait à l'origine de ce dilemne», commente Houbachi. Cela relance le débat de la règlementation du secteur, qualifié par les professionnels de «défaillant» et «archaïque», puisqu'il date en effet de 1969. Sur ce point, il faut rappeler que pour assurer un renouvellement de la règlementation, le ministère de la Santé a engagé un chantier de réforme, par la mise en place de commissions pour une concertation avec l'ensemble des acteurs du secteur. En attendant , l'arrivée du Ramed qui impose de fait la prescription du générique, pourrait être salvateur.