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Le vrai-faux débat
Publié dans Les ECO le 09 - 08 - 2012

Le gouvernement est-il réellement sur la défensive après que l'impact de la crise mondiale a été rudement ressenti par les caisses de l'Etat ? La limitation du déficit qui se solde par un échec cuisant, le maintien «superficiel» du seuil des investissements publics ou encore «le courage politique» sont autant d'arguments qui tombent à l'eau. Face à la bataille qui s'annonce perdue contre la hausse des cours et la frilosité des investisseurs étrangers, ce sont les secteurs sociaux qui se dressent comme l'ultime rempart contre les «facteurs exogènes» qui pèsent sur les plans du cabinet Benkirane. Après le lancement du RAMED, pour lequel le souverain dans son dernier discours a prévenu contre toute récupération politique, et l'ouverture du débat sur la justice, c'est au tour de la question de la gratuité de l'enseignement supérieur et l'image de l'école publique que le gouvernement mené par le PJD tente d'orienter le débat dans l'espoir de gagner quelques précieux points. Toutefois, la naïveté politique de certains ministres PJDistes leur a joué des tours et la précipitation, les effets d'annonce et autres «essais» malheureux viennent entacher la crédibilité de la démarche, voire même la cohésion du gouvernement autour de la réforme du système d'enseignement national.
Lahcen Daoudi avec son projet de suspension de la gratuité des établissements universitaires, tout comme son collègue El Khalfi lors de sa sortie politique autour des cahiers des charges de l'audiovisuel, est allé vite en besogne. Ce qui lui a valu une contre-déclaration du même Mustapha El Khalfi, en sa qualité de porte-parole du gouvernement, qui a valeur de recadrage du débat, mais qu'à cela ne tienne, Daoudi multiplie quand même les déclarations. Il persiste et signe. À quoi joue donc le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres et derrière lui le PJD ? Daoudi a-t-il commis l'irréparable. Sa thèse est-elle défendable? Quelles sont les chances qu'il a aujourd'hui de faire accepter son «projet» dans un contexte socio-économique des plus perturbés et un environnement politique pour le moins inhabituel. De prime abord, la lecture politique d'une telle situation mène directement vers le fait que le chef de gouvernement tente de resserrer les rangs de la majorité pour passer la zone de turbulence sans dégâts majeurs et faire oublier les couacs qui ont rythmé les six premiers mois de l'exercice du pouvoir par le PJD. Le terrain de l'enseignement apparaît ainsi comme le plus fertile pour tenter de restaurer l'image du parti et la crédibilité de ses discours et de ses programmes, qui s'est fissurée au fil des claques politiques et économiques.
Le soutien parlementaire
Néanmoins, pour faire passer une telle proposition, Daoudi a besoin d'un vote positif des dispositions qui seront intégrées dans le budget de 2013. Du côté de l'assise parlementaire de Benkirane au sein de la Chambre des représentants, le débat sur la réforme proposée n'est pas à mettre uniquement sur le dos du gouvernement, qui ne pourra jamais arracher le vote définitif de la 2e Chambre où l'opposition règne en maître absolu. «Le Parlement doit réagir conformément aux attentes de la rue, tient à préciser un député du PJD, Nous n'avons pas participé à ce débat car nous avons estimé que le dossier ne concerne pas uniquement le ministère en charge. Nous avons demandé une réunion d'urgence de la commission de l'Enseignement pour pouvoir débattre de ce sujet et afin de prendre le temps nécessaire pour le discuter», explique-t-il. «La nature du soutien au gouvernement n'est pas inconditionnelle car les députés de la majorité ne doivent pas se transformer en avocats du gouvernement», assure un jeune député du parti de la lampe. C'est pour dire que la question reste encore à élucider avant que le gouvernement ne puisse avoir le soutien inconditionnel de son assise parlementaire. Pour trouver un terrain d'entente, le débat parlementaire qui a eu lieu jusqu'à présent au sein des deux Chambres a montré que les quatre partis de l'opposition à côté de l'Alliance du centre pensent que le gouvernement est trop entré dans les détails durant la présentation de ses propositions, alors que la question de l'accord sur le principe n'est pas encore acquise. C'est à peine s'ils se retiennent de prononcer le mot magique "excès de zèle". Du reste, Daoudi et ses camarades ont-ils vraiment le choix ?
Le recours à l'instance législative pour débattre de la réforme de l'enseignement supérieur amènera Daoudi à compter sur les actions visant à atteindre le même seuil de coordination démontré lors du vote de la loi des finances 2012. L'accord du SNEsup qui a été donné selon le ministre assurera une paix sociale voulue par le gouvernement. Le passage de Lahcen Daoudi mardi dernier devant la commission de l'enseignement lui a permis de défendre son projet et en même temps d'apporter des détails supplémentaires, dans l'espoir de faire passer la pilule. «Nous avons eu une proposition d'un accord de partenariat avec la France pour la construction d'universités au Maroc. D'autres accords suivront et il y aura 20% de Marocains qui étudieront au sein d'universités étrangères gratuitement», a-t-il soutenu devant les membres de la commission. Il y a une hémorragie annuelle de plus de 2,6 MDH de transferts de devises au profit des étudiants marocains aux universités étrangères. La mise en vigueur de la gratuité sera accompagnée d'un autre quota qui reste à définir à propos des étudiants qui sont issus de familles aisées et qui seront en mesure de payer les taxes d'enregistrement. «Les pourparlers avec le département de l'Economie et des finances est déjà lancé pour les dotations qui seront réservées à la construction des universités», a précisé Daoudi devant les députés. L'alternative de Daoudi tente désespérément d'apporter des solutions à la problématique du recul du nombre de places disponibles face à une offre en constante hausse. La demande annuelle qui reste et qui est impossible à satisfaire, selon les dires du département de tutelle, ne laisse pratiquement aucun autre choix que le recours aux portefeuilles des étudiants dont le critère de non-boursier restera le plus déterminant dans la grille que le ministère sera amené à dresser. Néanmoins, cette tentative de détournement du débat des réels problèmes ne fait en réalité que confirmer l'échec du modèle universitaire marocain. La réforme de l'enseignement supérieur doit faire l'objet d'une intervention chirurgicale et non d'un traitement basé sur des calmants qui permettent de jouer sur l'effet placebo. Les maux de l'université marocaine vont au-delà du débat autour de la gratuité ou non. Quand bien même les étudiants auront les moyens de payer leur ticket d'entrée, ils seront à ce moment-là encore plus exigeants envers le système en termes de qualité d'enseignement et de niveau des enseignants. Ce qui nous amène à poser la question, Daoudi, qui est lui même enseignant à la base, a-t-il les moyens humains et matériels de sa réforme. A-t-il oublié que le statut de l'enseignant chercheur doit d'abord être revalorisé, que les programmes dispensés dans nos universités sont loin de répondre à la demande du marché, que nos universités fabriquent en majorité des chômeurs dont la formation reste enclavée par rapport au monde de l'entreprise et à la réalité socio-économique du pays ? Il faudra d'abord commencer par le commencement.
Point de vue:Hammad Kassal,Professeur universitaire
«La réforme de l'enseignement supérieur doit commencer d'abord par la valorisation du statut du chercheur et du professeur universitaire. Aujourd'hui la majorité des professeurs universitaires sont devenus des «notables». L'autre pilier de la réforme est lié au contenu des programmes des universités marocaines qui est en total déphasage avec la réalité et les besoins du marché du travail, voir en déphasage avec la réalité socio-économique du pays. Cette refonte du programme n'a d'autre issue que l'ouverture de l'université sur l'entreprise. C'est là tout le défi. La proposition du ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres est défendable, la manière n'est pas adaptée. Daoudi a mis la charrue avant les bœufs. L'approche doit s'inscrire dans un contexte global de réforme de l'enseignement supérieur, à travers laquelle l'université publique pourra entrer en concurrence directe avec les universités privées.
Le Maroc ne dispose pas encore de structures universitaires privées suffisamment développées pour produire et attirer des élites. Prenons exemple sur la Turquie qui abrite 32 universités ou encore la Jordanie où 17 universités privées dispensent un enseignement de qualité qui a fait leur renommée à l'international. Avant de parler d'université payante il faut agir pour rendre l'université attrayante aussi bien pour le corps enseignant que pour les étudiants. Lorsque nous atteindrons ce niveau, nous pourrons alors débattre de la gratuité sans que cela ne soit dramatique.»


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