En lançant son «projet de quatorze établissements», le ministère de l'Agriculture touche directement à tout le système d'enseignement technique prévu dans le cadre du Plan Maroc vert. Pour cause, les quatorze entités concernées par ce projet sont toutes des instituts techniques éparpillés un peu partout dans le royaume. Les prémices de cette nouvelle démarche ont déjà été données il y a quelques jours, à l'occasion de l'inauguration par le roi de l'opération «Touiza» à Meknès, ( www.lesechos.ma), où les représentants du ministère de tutelle ont rappelé que les questions de formation, de renforcement de capacités et d'emploi étaient primordiales pour l'accompagnement du Pilier II du Plan Maroc vert. En effet, les enjeux de développement agricole et rural font que le secteur agricole doit être mis à niveau pour se conformer aux nouvelles mutations que connaît l'agriculture. De ce fait, cette mise à niveau ne peut donc se faire sans celle du système de formation professionnelle en milieu rural. «Une formation agricole et rurale de qualité, efficace, efficiente et répondant aussi bien aux besoins réels des ménages ruraux que du marché de travail, devrait être le facteur déterminant de développement des territoires ruraux, à travers la contribution à la modernisation, le développement du système de la production agricole et la maîtrise de la gestion de l'espace rural», argumente-t-on auprès des officiels marocains. La relance du système de formation est donc bien partie. Concrètement, le ministère se fixe parmi ses principaux objectifs de revoir la formation professionnelle, de manière à assurer la satisfaction des besoins du secteur agricole en ressources humaines qualifiées et l'amélioration de la technicité et de la compétitivité des entreprises et exploitations. À ce titre, force est de souligner que dans la profession on recense, pour les opérateurs privés, des besoins importants en producteurs et profils disposant de compétences de gestion des grands domaines et dans des créneaux bien définis. Les chaînes de production telles que la transformation, la qualité et l'hygiène sont également à prendre en compte dans le cadre des besoins du marché. Pour ce faire, les filières de formation dispensées ont été révisées, pour tenir compte des filières de production porteuses du Plan Maroc vert. Il est à noter que la formation professionnelle agricole s'appuie aujourd'hui sur un réseau de 45 établissements répartis à travers toutes les régions du pays. Ce dispositif compte 8 Instituts techniques agricoles spécialisés en agriculture (ITSA), 11 Instituts techniques agricoles (ITA) et 26 Centres de qualification agricole (CQA), qui forment dans une vingtaine de métiers pour les niveaux «technicien spécialisé», «Technicien» et «ouvrier qualifié». Près de 2.600 lauréats sont injectés dans le secteur annuellement à travers ces établissements. C'est d'ailleurs ceux-ci qui sont ciblés dans les nouveaux projets du ministère. Si dans un premier temps, seuls 14 entités sont concernées par les «projets d'établissement», la tutelle ne manque pas de souligner que cette première étape pourrait constituer une expérience pilote pour les autres instituts. Par ailleurs, le ministère fait également de l'enseignement technique agricole l'un de ses chevaux de bataille. L'action de la tutelle à ce niveau «vise à permettre aux jeunes élèves de s'ouvrir sur le milieu agricole et rural, d'assimiler ses particularités sociales, culturelles et économiques et de leur faire acquérir les connaissances techniques leur permettant de poursuivre des études supérieures agronomiques», explique-t-on auprès du département de l'enseignement au sein du ministère de l'Agriculture. L'enseignement technique agricole est assuré aujourd'hui par 9 lycées préparant le baccalauréat des sciences agronomiques et 30 collèges ruraux relevant du département de l'Education nationale. Le dernier volet de l'action ministérielle en matière de formation est certainement l'un des axes clés de la stratégie Maroc vert. Il s'agit, en effet, de l'appui à l'insertion sociale et professionnelle des jeunes ruraux, à travers la formation par apprentissage des jeunes déscolarisés ou ceux ayant achevé les cours d'alphabétisation fonctionnelle. Ceci devrait leur permettre, conformément aux attentes du deuxième pilier de Maroc vert, d'acquérir une qualification favorisant leur insertion dans le milieu du travail ou d'assurer la relève au niveau des exploitations agricoles. La formation par apprentissage, dispensée par l'ensemble des établissements du dispositif de formation professionnelle, est assurée dans plus de 28 métiers, en fonction des projets agricoles retenus dans les différentes régions. «Près de 10.000 jeunes filles et fils d'agriculteurs sont certifiés annuellement», se réjouit-on auprès du ministère.