La dernière sortie médiatique des producteurs d'œufs, sous ses airs de simple campagne de sensibilisation aux bienfaits de ce produit, véhiculait, subtilement, un tout autre message. Ils voulaient en effet communiquer sur leurs réelles capacités de production, en nette augmentation depuis quelques années. Une amélioration qui nécessite, tout compte fait, un accompagnement plus prononcé de la part de l'Etat. D'ailleurs, les professionnels de la filière n'y sont pas allés par quatre chemins pour soulever le déficit patent d'avantages accordés en matière fiscale. «Nous sommes considérés tantôt comme des industriels, tantôt comme des agriculteurs», affirme un professionnel présent à la conférence. En effet, après l'annulation de l'abattement dont bénéficiaient les industriels sur les taxes, la TVA dont ils doivent s'acquitter ayant été revue à la hausse, passant à 20%. Mais quand ces mêmes industriels commercialisent leurs produits, «la TVA n'est pas récupérable», affirme ce même industriel. Le Marocain consomme 121 œufs par an En effet, pour mieux argumenter leur droit à des largesses de la part des pouvoirs publics, les producteurs d'œufs ont sciemment braqué les projecteurs sur la participation de leur secteur à garantir une sécurité alimentaire. «S'il est un secteur économique qui passe pratiquement inaperçu, alors qu'il contribue énormément à un apport alimentaire équilibré des Marocains, c'est bien celui de la production d'œufs à la consommation», a affirmé le président de l'Association nationale des producteurs d'œufs de consommation (ANPO), Abdellatif Zaime. En effet, l'œuf demeure l'un des éléments les plus complets et les moins chers au Maroc. Et pour cause, manger deux œufs équivaut à 100 grammes de viande pour à peine le quart du prix! Selon la commission internationale des œufs, le Marocain consomme en moyenne 121 œufs par an contre 70 seulement en 1970. Un niveau qui demeure très faible par rapport à des pays comme les Emirats Arabes Unis, la Tunisie ou la Chine où la consommation moyenne annuelle d'œufs est respectivement de 134, 160 et 349 par habitant. La seule période de l'année où la consommation de ce produit augmente significativement est celle du mois de ramadan. Mais Abdellatif Zaime estime que «cette évolution ponctuelle ne profite pas aux œufs seulement. Elle touche l'ensemble des produits alimentaires». C'est aussi la période où les importations des intrants atteignent leur pic. Il faut savoir que chaque année, l'ovoproduction consomme près de deux millions de tonnes de matières premières importées essentiellement des Etats-Unis et d'Argentine. Mohamed Berrada, spécialiste de la nutrition animale, affirme que «l'alimentation des poules pondeuses constitue 80% des coûts à la charge des industriels». Un investissement de plus de 2 MMDH Le chiffre d'affaires global de la filière est estimé à 5 milliards de DH. Cette industrie assure en permanence 12.000 emplois directs et près de 30.000 emplois indirects essentiellement dans les circuits de commercialisation et de distribution. Interrogé par «Les Echos», Abdellatif Zaime rappelle qu'une convention signée avec l'Etat permet désormais aux industriels de contracter des crédits à hauteur de 15 millions de DH au taux, très avantageux, de 6%. «Ces intérêts sont supportés à hauteur de 50% par l'Etat», a-t-il ajouté. Faciliter l'accès aux crédits a pour objectif principal d'aider à la mise à niveau des industriels. La filière de production d'œufs de consommation dispodse de 4 couvoirs agréés de type ponte, qui produisent 14 millions de poussins. Elle compte également 226 élevages agréés de poules pondeuses et 5 centres de conditionnement d'œufs agréés. Les investissements cumulés consentis dans la filière de production d'œufs de consommation sont évalués à 2,2 milliards de DH.