Président de l'Association des agents de football du Sénégal (AFSEN) À Rabat, l'édition 2025 de la Conférence africaine des agents de football (AFAC 25) a réuni une pléiade d'intervenants venus débattre des enjeux profonds de l'exercice de leur profession. Parmi eux, Moustapha Diop, président de l'Association des agents de football du Sénégal (AFSEN). Avec lui, nous avons évoqué les questions de réglementation ainsi que certaines subtilités entourant l'exercice du métier d'agent. De façon générale y a-t-il un problème de perception du métier d'agent de football en Afrique ? C'est un métier qui a été galvaudé dès le début. D'un point de vue sociologique, en Afrique, les footballeurs sont considérés comme des monnaies d'échange. Aujourd'hui, quand il y a un footballeur dans la famille, qu'il s'agisse des parents, des frères, ou d'autres personnes de l'entourage proche, chacun essaiera toujours de grignoter sur les commissions en cas de transfert. C'est de là que vient le problème. Aujourd'hui, avec la nouvelle réglementation de la FIFA qui impose un examen strict pour obtenir la licence d'agent, et les organisations qui, à l'instar de l'Association africaine des agents de joueurs (AFSEN), font la promotion du métier ainsi que beaucoup de communication, le métier est mieux encadré. Désormais, il est bien vu et mieux compris. En parlant d'encadrement de ce métier, quel regard portez-vous sur l'aspect réglementation, particulièrement en Afrique ? Tout ce qui concerne la réglementation est géré par la FIFA, mais il faudrait des relais au niveau de l'organisation locale de la CAF. La FIFA a réglé le problème en rendant la licence FIFA obligatoire pour tout agent de joueur. Maintenant, la CAF doit prendre le relais à son niveau, et veiller à ce que les clubs ne concluent pas de transfert sans un agent agréé. Quid alors des fédérations locales ? Les fédérations n'ont malheureusement pas la possibilité de sanctionner. La CAF – qui détient les règles et qui est le patron des fédérations – devrait dire qu'aujourd'hui, tout club qui conclut une transaction avec un agent qui n'a pas de licence est sanctionné. S'ils le font, ils vont nous aider à réglementer le marché. Il y a un thème qui est souvent revenu au cours des échanges. Il concerne les conflits d'intérêts dans l'exercice de la profession d'agent. La nouvelle réglementation que vous évoquiez a-t-elle permis d'assainir les choses ? Effectivement, tout a été clarifié au niveau de la réglementation de la FIFA. Pour être agent de joueur, on ne peut appartenir ni à un club, ni à une académie, ni à une fédération, et encore moins à une confédération. Les termes sont extrêmement clairs sur ce plan. Maintenant, il y a ce qu'on appelle les métiers autres que l'on peut exercer, et qui n'entrent pas en conflit avec la profession d'agent. Moi par exemple, à la base, je suis consultant en management du sport. Pour ma reconversion, j'ai passé un MBA en management du sport grâce auquel je dispensais des formations. Cela m'a également permis de délivrer des prestations comme consultant pour le compte de certains clubs. Justement, y a-t-il un itinéraire de formation précis pour devenir agent de footballeur ? Non, absolument pas. La seule exigence, indépendamment des parcours respectifs, c'est l'examen pour l'obtention de la licence FIFA, qui est ouvert à tout le monde. Désormais, avec la réforme, il se fait en ligne. Avant, ça relevait des fédérations. Aujourd'hui, avoir un agent est une nécessité, surtout pour des footballeurs en Afrique qui rêvent, pour beaucoup, d'exporter leurs talents, principalement en Europe. Mais pour ces joueurs sans le sou, se payer un agent ne relève-t-il pas du luxe ? Pas du tout ! Vous parliez de nécessité, et c'est effectivement le cas. Je vais prendre le cas des clubs amateurs qui ne sont pas liés contractuellement à des joueurs. S'ils forment des talents, n'importe qui peut les leur chiper. En revanche, si un joueur signe avec un agent FIFA par le biais du club, tout le monde est couvert pendant au moins deux ans, ce qui correspond à la durée maximale de ces contrats. C'est une façon de protéger les académies et les clubs amateurs. Mais quid des frais dus par le joueur à l'agent ? Ce qu'il faut savoir, c'est que les joueurs et l'agent sont liés par un contrat de représentation. Après, c'est à l'agent d'aller démarcher les clubs pour trouver le meilleur débouché pour celui dont il représente les intérêts. Les agents sont rémunérés sur les transactions qui sont réalisées. Il y a des barèmes qui sont appliqués et tout est bien codifié. Pensez-vous que la Conférence de 2025 au Maroc va apporter un plus au débat, par rapport aux éditions d'Abuja, puis de Nairobi ? Aujourd'hui, le Maroc est la tête de gondole du sport africain. C'est une aubaine, car ils ont la possibilité de pousser haut tout ce qui est fait au niveau du plaidoyer. De plus, tous les grands événements du continent africain sont organisés ici. Le Maroc ouvre des portes aux autres organisations, et c'est une excellente chose. Darryl Ngomo / Les Inspirations ECO