Bank of Africa lance une nouvelle émission obligataire perpétuelle d'un milliard de dirhams, destinée à renforcer ses fonds propres. Derrière cette opération, la banque met en œuvre un levier stratégique au service de sa feuille de route «Cap 2027», tout en consolidant sa résilience financière face aux exigences de Bâle III et aux incertitudes de l'environnement macroéconomique. Bank of Africa (BOA) engage une nouvelle opération de renforcement de ses fonds propres avec le lancement d'un emprunt obligataire subordonné perpétuel de 1 milliard de dirhams. Derrière cette opération se joue un repositionnement stratégique majeur pour la banque présidée par Othman Benjelloun, entre financement de la croissance, consolidation du capital réglementaire et anticipation des exigences prudentielles futures. Un instrument structurant L'émission, ouverte à la souscription du 20 au 24 juin 2025, s'adresse exclusivement à des investisseurs qualifiés. Elle se décline en deux tranches non cotées, l'une à taux révisable tous les cinq ans (Tranche A), l'autre à taux révisable chaque année (Tranche B). Toutes deux sont de maturité perpétuelle, avec une possibilité de remboursement anticipé à partir de la cinquième année, sous conditions strictes et après accord préalable de Bank Al-Maghrib. Mais la nature même de ces obligations les distingue des instruments classiques de dette. Dotées de clauses de subordination, d'absorption de pertes et de suspension des coupons, elles sont conçues pour renforcer les fonds propres de catégorie 1 (AT1- Additional Tier 1), c'est-à-dire les plus solides du point de vue prudentiel. En clair, BOA améliore la structure de son bilan et se donne une marge de manœuvre accrue pour affronter des chocs éventuels. Un levier financier au service de la vision stratégique «Cap 2027» L'objectif principal de cette émission est d'accompagner le déploiement de la trajectoire stratégique «Cap 2027» définie par Bank of Africa. Cette feuille de route ambitieuse vise à consolider les fondamentaux du groupe tout en accélérant son développement à l'échelle nationale et panafricaine. L'émission d'obligations subordonnées perpétuelles AT1 permet à la banque de renforcer durablement son niveau de fonds propres de catégorie 1, condition indispensable pour soutenir la croissance de ses activités de financement, d'investissement et d'innovation digitale, tout en respectant les exigences de Bâle III. Ce renforcement du capital vise également à préserver la flexibilité financière du groupe dans un environnement international incertain, marqué par des tensions géopolitiques, des mutations technologiques rapides et des attentes accrues des régulateurs. BOA entend ainsi sécuriser les leviers de son expansion tout en renforçant la confiance des investisseurs institutionnels et des partenaires internationaux dans sa capacité à exécuter sa vision à l'horizon 2027. Un signal au marché Pour la place financière, cette émission n'est pas anodine. Elle prolonge une série d'opérations similaires initiées par BOA depuis 2017, traduisant une stratégie méthodique de renforcement du coussin de sécurité réglementaire. En agissant ainsi, la banque manifeste à la fois sa volonté d'anticiper les exigences de Bâle III et sa capacité, reconnue par les investisseurs institutionnels, à structurer des instruments financiers sophistiqués répondant aux standards internationaux. La multiplication des opérations AT1 au sein du groupe, six émissions depuis 2017 pour un montant cumulé de 4,5 milliards de dirhams, témoigne d'un choix stratégique assumé de privilégier un capital hybride capable d'absorber les pertes tout en sécurisant la croissance future. BOA anticipe les exigences d'un environnement bancaire où la résilience du bilan est un marqueur de confiance et d'attractivité. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO
