Après trois campagnes catastrophiques, la filière oléicole aborde la saison 2025-2026 avec un optimisme retrouvé. Les premiers pronostics annoncent une production en forte hausse, susceptible de relancer un secteur durement frappé par la sécheresse et la flambée des prix. Dans les plaines du Royaume, les oliveraies s'apprêtent à vivre un tournant après trois années éprouvantes. À l'heure où les premiers pronostics tombent, le soulagement domine. La campagne oléicole 2025-2026 devrait marquer la fin d'une séquence noire pour les producteurs où les maitres mots étaient pénurie et spéculation. Les indicateurs laissent entrevoir une récolte généreuse, capable de rééquilibrer un marché bousculé et de redonner confiance aux consommateurs. Lueurs d'espoir Pour la campagne 2025-2026, les prévisions tablent sur une production supérieure à 200.000 tonnes d'huile d'olive, soit plus du double du volume de la saison précédente, qui n'avait pas atteint les 100.000 tonnes. À titre de comparaison, la moyenne annuelle de la production se situe autour de 140.000 tonnes. «Tous les indicateurs montrent que la récolte sera bonne, voire excellente si le climat ne réserve pas de mauvaises surprises. Une embellie qui pourrait changer la donne pour les prix et redonner de l'air aux consommateurs», nous confie Rachid Benali, président d'Interprolive et de la Comader. À noter que la dernière campagne avait été marquée par une envolée sans précédent des prix, le litre d'huile d'olive s'affichant entre 90 et 110 dirhams, alors que son niveau habituel se situe plutôt autour de 50 dirhams. Un niveau que les prix retrouveront durant cette récolte. Alors que la faiblesse des volumes, conjuguée à la hausse des coûts de production, avait lourdement affecté le marché. Avec la récolte abondante attendue cette année, les professionnels espèrent un retour progressif à des niveaux plus abordables. La production locale, si elle se confirme, devrait réduire la pression sur les importations et rééquilibrer davantage le marché intérieur. Exportations en recul Si la récolte promet de soulager le marché national, les dernières données du Conseil oléicole international, datant de mars 2025, rappellent que la filière traverse une phase difficile à l'export. Durant les sept dernières campagnes, les ventes marocaines à l'étranger ont reculé de 10%. La campagne 2024-2025 illustre cette tendance. En effet, jusqu'à mars 2025, le volume exporté atteignait 2.091 tonnes, contre 2.326 tonnes un an auparavant et 5.857 tonnes lors de la campagne 2018-2019. Le repli est donc net, témoignant d'une perte de compétitivité du produit marocain sur les marchés internationaux. Au niveau national, la consommation est estimée à environ 4 kilos par habitant au cours de la campagne 2022/2023. Un chiffre relativement faible, qui s'explique en partie par la hausse continue des prix et par le recours croissant à des produits de substitution. La question du pouvoir d'achat demeure donc centrale pour l'avenir de la filière. D'ailleurs, la situation était tellement critique que le Maroc a eu recours aux importations pour éviter une rupture d'approvisionnement. Objectif : atténuer l'impact sur le pouvoir d'achat et stabiliser les prix. Le Royaume s'était notamment tourné vers le Brésil, dont les exportations vers le Maroc ont dépassé 1,23 milliard de dollars en 2023, consolidant ainsi le Royaume comme troisième marché africain des produits brésiliens. Cette ouverture, perçue comme une solution d'urgence, illustre la fragilité de la filière oléicole face aux chocs climatiques et aux tensions sur le marché international. En termes de répartition géographique, certaines régions se distinguent par leur poids dans la production nationale. Fès-Meknès occupe une place centrale avec plus de 30% de la récolte, suivie par Marrakech-Safi et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Ces bassins oléicoles structurent la dynamique de la filière, mais restent exposés aux aléas climatiques qui pèsent lourdement sur les rendements. La saison 2025-2026 apparaît donc comme une étape décisive pour la filière oléicole. Si les conditions météorologiques se maintiennent, la récolte devrait permettre de renouer avec une certaine normalité des années de crise. Les prix pourraient enfin se stabiliser, au bénéfice des consommateurs et des producteurs. Mais au-delà de cette embellie conjoncturelle, c'est la durabilité du modèle oléicole marocain qui se pose, diversification des marchés, adaptation aux changements climatiques et modernisation des modes de production seront autant de leviers pour consolider une filière qui reste un pilier de l'agriculture nationale. Rachid Benali Président de l'Interprolive «Tous les indicateurs montrent que la récolte sera bonne, voire excellente si le climat ne réserve pas de mauvaises surprises. Une embellie qui pourrait changer la donne pour les prix et redonner de l'air aux consommateurs. Un retour progressif à des niveaux plus accessibles est attendu» Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO