Entre janvier et août, la Turquie a accru de 9,9 % ses exportations totales d'acier par rapport à la même période de 2024, atteignant 12,84 millions de tonnes. Dans ce tableau, le Maroc s'est distingué par une progression fulgurante, recevant 683 300 tonnes, soit une augmentation de 137,7 % en glissement annuel, selon les données de l'Association des exportateurs d'acier de Turquie (CIB). Evolution des destinations et structure des flux Le rapport souligne que «l'Ukraine est devenue l'un des débouchés majeurs, les volumes atteignant 609 900 tonnes en huit mois, soit 36,1 % de plus qu'un an auparavant». Grâce à cette hausse, «l'Ukraine s'est hissée au cinquième rang des consommateurs de produits turcs, dépassant plusieurs pays de l'Union européenne et du Moyen-Orient». La même source précise que «la Roumanie demeure en tête des importateurs, avec plus de 1,21 million de tonnes (+13,8 %), suivie de l'Italie avec près d'un million de tonnes (+5,7 %) et de l'Espagne avec 656 640 tonnes (+37,3 %)». Dans ce classement, le Maroc occupe une place singulière par l'ampleur de sa progression, «l'augmentation la plus rapide ayant été enregistrée pour les expéditions à destination du royaume». Concernant la structure des marchandises, le document relève que «les barres pour béton armé et les produits plats laminés à chaud occupent les premières places». Entre janvier et août, «les exportations de barres d'armature ont augmenté de 16,9 % pour atteindre 2,62 millions de tonnes, tandis que les produits plats à chaud ont progressé de 24,8 % pour s'élever à 2,61 millions de tonnes». Les livraisons de tubes soudés ont en revanche légèrement fléchi (-0,4 %) pour totaliser 1,32 million de tonnes. Le texte met également en exergue «l'essor spectaculaire du segment des billettes, dont les exportations ont été multipliées par six pour atteindre 360 600 tonnes». Menaces sur la sidérurgie ukrainienne Selon le centre d'analyse GMK, «les livraisons d'acier laminé en provenance de Turquie vers l'Ukraine, pour le seul premier semestre 2025, ont augmenté de 47,9 % par rapport à 2024, atteignant 405 840 tonnes». Cela a porté «la part des produits turcs dans les importations ukrainiennes à 59,5 %, contre 49,6 % un an auparavant». Olexander Kalenkov, président de l'association professionnelle Ukrmetprom, avertit que «la montée brutale des importations, en particulier de Turquie et de Chine, constitue déjà une menace directe pour les producteurs ukrainiens». Il souligne que «la situation est particulièrement critique dans le segment des produits longs laminés – barres d'armature et fil machine – que les entreprises ukrainiennes sont en mesure de fabriquer elles-mêmes». Toujours selon M. Kalenkov, «l'Etat doit intervenir sans délai, car les produits importés bénéficient souvent d'avantages de prix liés à l'utilisation d'une énergie bon marché et de billettes russes». Cette concurrence est jugée «inique, plaçant les usines ukrainiennes dans une position défavorable». L'Ukrmetprom met en garde : «Si des mesures de protection appropriées ne sont pas mises en place, les fabricants ukrainiens risquent de perdre définitivement leur marché intérieur, qui devrait constituer un coussin de sécurité pour l'industrie durant la guerre et la phase de reconstruction».