C'est assez inédit ! Le Port Nador West, toujours en chantier, va devoir s'ouvrir partiellement, pour permettre à une entreprise chinoise d'exporter ses pales éoliennes depuis la région de l'Oriental. Les détails. Le Port de Nador West Med va ouvrir avant l'heure ! C'est du moins ce que suggère la lecture de la décision du ministre de l'Equipement et de l'Eau, n° 344, en date du 3 novembre courant. En effet, dans cette décision, dont copie a été adressée aux services du Secrétariat général du gouvernement et que «Les Inspirations ECO» a pu consulter, Nizar Baraka annonce qu'il sera procédé à «une ouverture partielle du port de Nador West Med», bien que la fin des travaux n'y soit annoncée que vers fin 2026. Et pour cause, il s'agit de permettre à une entreprise chinoise de pouvoir directement exporter sa production de pales éoliennes à partir de ce port encore en construction. Dans sa décision, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, qui assure la gestion des ports nationaux, explique sa décision par ce qui suit : d'abord, la nécessité de se conformer à «la Convention d'Investissements passée entre le gouvernement marocain et la société Aeolon Renewable Energy Morocco SARL AU, signée le 24 mai 2023» ; et ensuite, «le besoin d'utiliser les infrastructures du port de Nador West Med, notamment le quai de fond de darse du terminal roulier pour l'export des pales d'éoliennes». Ainsi, dans cette décision de quatre articles, il est précisé clairement comment doivent se dérouler «les modalités de traitement des escales des navires destinés à être chargés par les pales d'éoliennes à l'export». Exécution des opérations Sauf que pour l'heure, s'il est possible de charger un navire depuis le port en chantier de Nador West Med, la plateforme ne dispose pas encore de capitainerie. Autrement dit, c'est comme un aéroport qui dispose d'une piste d'atterrissage mais pas encore de guichets pour l'enregistrement des passagers. Pour pallier cette carence, les services de Nizar Baraka ont décidé d'impliquer l'Agence nationale des ports (ANP) depuis un autre port, situé non loin. «En attendant le déploiement complet de tous les moyens humains et matériels au niveau du port Nador West Med, les formalités de traitement des escales des navires destinés à être traités au quai de fond de darse du terminal roulier du port de Nador West Med sont réalisées au niveau du port de Nador Beni Nsar (création et gestion de l'escale, conférence, formalités douanières, etc.)». Autrement dit, les navires qui vont provisoirement accoster à Nador West Med, sont enregistrés depuis le port de Nador Beni Nsar. Pour l'heure, «les mouvements des navires sont réalisés exclusivement pendant la journée, du lever au coucher du soleil (...). Les services aux navires (remorquage et lamanage) sont assurés par les moyens de Marsa Maroc», alors que le pilotage est assuré par la société Nador West Med. 60 pales par mois Pour le gouvernement, c'est une manière de respecter ses engagements avec les investisseurs chinois. En effet, Aeolon Renewable Energy Morocco a déjà commencé à produire ses pales éoliennes dans la région de l'Oriental, et ce, depuis mai dernier. On parle d'une cadence de 60 unités par mois qui ont besoin d'être exportées. La seule solution provisoire consistait à trouver cette parade permettant aux navires d'accoster à Nador West Med, tout en assurant le suivi depuis le petit port de Nador Beni Nsar. «C'est aussi une manière de se rendre compte que l'important retard pris dans la réalisation du port de Nador West se fait aujourd'hui ressentir dans les opérations d'import-export de la région», commente un expert maritime. Pour sa part, le professeur Najib Cherfaoui y voit «l'urgence de confirmer la place du Maroc sur les Nouvelles routes de la soie promues par la Chine». Quoiqu'il en soit, selon le ministre de l'Equipement et de l'Eau, qui s'exprimait au Parlement ces derniers jours, «le port est prêt. Nous entrons maintenant dans la phase d'opérationnalisation avec des partenaires internationaux de premier plan». Ainsi, des accords ont déjà été conclus avec de grandes compagnies mondiales, dont le géant français CMA CGM. «Ces derniers sont en train de se préparer pour faire le nécessaire en termes d'équipements, ce qui permettra de réaliser des opérations portuaires comme cela se fait dans les autres ports», renseigne Najib Cherfaoui. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO