La Namibie fait face à une crise alimentaire imminente : plus de 612.000 personnes, soit 20% de la population, risquent de souffrir d'insécurité alimentaire aiguë durant la saison maigre d'octobre 2025 à mars 2026. L'arrêt du programme d'aide à la sécheresse, le chômage élevé et la vulnérabilité des ménages ruraux aggravent une situation déjà alarmante, dans un pays durement touché par les effets du climat et de la flambée des prix des denrées. La situation de la sécurité alimentaire en Namibie devrait se détériorer entre octobre 2025 et mars 2026, avec plus de 612.000 personnes, soit 20% de la population, susceptibles de faire face à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë, selon les données d'un récent rapport. Le rapport du «Système intégré de classification de la sécurité alimentaire» (IPC) pour la période de juillet 2025 à juin 2026 révèle que la détérioration attendue de la sécurité alimentaire est due à l'arrêt du programme gouvernemental d'aide à la sécheresse en août, au taux de chômage élevé de 36,9% et aux mauvaises conditions du bétail dans les régions sujettes à la sécheresse. Le document note que, bien que la plupart des barrages restent remplis à plus de 85% et que les conditions de pâturage soient favorables, les réserves alimentaires stratégiques nationales ne contiennent que 3.505,7 tonnes, soit environ 15% de la capacité, laissant au pays une marge de sécurité limitée. «La saison maigre exposera des milliers de ménages à de graves pénuries alimentaires, en particulier dans des régions telles que Kunene, Kavango Ouest, Zambèze et Omaheke, où jusqu'à 30% de la population pourraient faire face à une pénurie alimentaire de niveau crise», indique la même source. Le rapport précise que la hausse des prix des denrées alimentaires, la diminution des opportunités de travail et le recul du pouvoir d'achat continuent d'accentuer la vulnérabilité des ménages, notamment dans les zones rurales et marginalisées. Il fait remarquer que l'inflation annuelle des prix alimentaires a atteint 6,4% en juin, en raison de l'augmentation des prix des fruits, de la viande, des huiles et des céréales. «Les prix élevés des denrées alimentaires exercent une pression importante sur les ménages à faibles revenus, contraignant beaucoup à réduire la fréquence et la qualité des repas», souligne le document. Le rapport indique toutefois que la sécurité alimentaire s'est nettement améliorée au début de 2025 par rapport à l'année précédente, le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire passant de 1,15 million à 456.000 entre juillet et septembre 2025. Cette amélioration est attribuée à une augmentation de 75% de la production agricole communautaire et à des précipitations supérieures à la moyenne qui ont restauré les pâturages et les sources d'eau. Selon l'Indice de la faim dans le monde 2024, la Namibie (3 millions d'habitants) souffre d'un niveau sérieux de faim et se classe au 86e rang sur 121 pays. En mai 2024, le gouvernement namibien a déclaré l'état d'urgence en raison de la sécheresse provoquée par El Niño, considérée comme la pire en 100 ans.