Une tendance peut être rassurante sans pour autant autoriser à baisser la garde. C'est ce que suggèrent les derniers chiffres de Bank Al-Maghrib (BAM) sur la contrefaçon monétaire. Le rapport 2024 de la Banque centrale, portant sur les infrastructures des marchés financiers et les moyens de paiement ainsi que sur leur surveillance, révèle un recul net et continu du faux-monnayage. Celui-ci est passé de 9.575 faux billets détectés avant la pandémie à 4.495 en 2024. Le taux, lui, n'est plus que de 1,5 billet frauduleux pour un million en circulation. Une performance saluée, mais qui ne permet de baisser en rien le cran de prudence nécessaire. Car derrière ces indicateurs positifs, le défi reste entier. Les faussaires s'adaptent, ciblent les nouvelles coupures (notamment la série 2012, visée à 91%) et exploitent encore massivement les techniques d'impression couleur basiques, certes, mais suffisamment efficaces pour tromper un œil non averti. La nouvelle série de billets émise en 2023 est déjà concernée, bien que marginalement (3%). Mais rien ne garantit que cette proportion n'augmentera pas demain. À mesure que les instruments de paiement se modernisent, il va donc de soi que les capacités de détection suivent aussi. BAM agit sur plusieurs fronts, entre renforcement des contrôles, agrément d'équipements certifiés, exigence de vérifications annuelles… Une stratégie de professionnalisation du filtrage qui accompagne la dématérialisation des paiements tout en veillant à ce que le cash reste un support sûr. C'est donc dans un contexte de progrès continu qu'il faut maintenir une vigilance accrue. Les chiffres en baisse doivent néanmoins être assortis d'une lecture lucide, dans le sens où, si la fausse monnaie recule, c'est aussi parce que la prévention s'intensifie. Voilà pourquoi aucun relâchement n'est possible. En matière de sécurité fiduciaire, la prudence n'est pas l'ennemie du progrès. Elle en est la condition. Meriem Allam / Les Inspirations ECO