Le rappeur franco-marocain Maes, de son vrai nom Walid Georgey, a été condamné à sept ans de prison ferme par la chambre criminelle de première instance de Tanger, dans le cadre d'une affaire liée à un différend financier transformé en opération punitive. Le verdict est tombé dans la nuit du 25 au 26 novembre 2025, mettant un terme à une trajectoire marquée par le succès artistique et la fuite à l'étranger. Arrêté en janvier 2025 à l'aéroport Mohammed V alors qu'il arrivait en jet privé, Maes était déjà sous le coup d'une condamnation en France et visé par un avis de recherche international. Selon l'enquête marocaine, il aurait orchestré depuis Dubaï, où il résidait avec sa famille, un projet d'enlèvement et de séquestration d'un individu avec lequel il était en conflit au sujet de revenus issus de concerts.
Les investigations, menées par la Brigade nationale de la police judiciaire, ont mis au jour un réseau impliquant plusieurs exécutants, dont le propriétaire d'un café à chicha servant d'intermédiaire et retrouvé en possession d'armes et de stupéfiants. Les charges retenues contre l'ensemble des prévenus incluent tentative de meurtre volontaire, enlèvement et séquestration et constitution de bande criminelle.
Malgré les dénégations de Maes et les arguments de sa défense, le tribunal a confirmé sa condamnation à sept ans de prison. D'autres prévenus ont écopé de peines allant d'un an avec sursis à dix ans ferme : Mourad L., considéré comme chef de la bande, a été condamné à dix ans, Tarik L. à sept ans, et quatre autres à cinq ans de prison. Parallèlement, trois accusés ont été condamnés à verser solidairement 23,6 millions de dirhams (près de 2,2 millions d'euros) au titre de dommages financiers, une sanction qui ne concerne pas Maes.
Maes, âgé d'une trentaine d'années, était au sommet de sa carrière en 2020, figurant parmi les rappeurs les plus écoutés en France et jouissant d'une forte popularité auprès de la jeunesse marocaine. Selon l'enquête journalistique L'Empire : au cœur du rap français, des tensions liées à des tentatives de racket à Sevran auraient précipité son exil à Dubaï. La fusillade survenue dans ce contexte et l'assassinat ultérieur de son manager ont contribué à transformer un différend commercial en une affaire judiciaire internationale.
Au Maroc, la nationalité de l'artiste empêche toute extradition vers la France. Sa seule voie reste désormais un recours devant la Cour de cassation, mais la gravité des faits et son rôle présumé dans la planification de l'opération punitive réduisent fortement les chances d'allègement de peine.