Kebir Mustapha Ammi est écrivain franco-marocain. Il est l'auteur de plusieurs livres, notamment, « Ben Aicha », « Les vertus immorales » ou encore « Mardochée ». Dans cet entretien, l'auteur revient sur son dernier roman, « Le Coiffeur aux mains rouges », distingué, le 4 octobre 2025, du prix Moussa Konaté au festival Vins Noirs à Limoges. Dans cet entretien accordé à Maroc Diplomatique, en marge de la 5e édition du Forum MD Sahara, qui a eu lieu du 13 au 16 novembre 2025 dans la ville de Dakhla, Kebir Mustapha Ammi nous replonge dans son dernier roman « Le Coiffeur aux mains rouges ». Une fiction passionnante qui pointe du doigt l'instrumentalisation de la guerre d'Algérie des deux côtés de la Méditerranée, en France et en Algérie, avec la volonté de s'approprier une mémoire aux dépens de l'autre partie. « Chacun croit détenir la vérité humaine. C'est cela que je voulais dire et dénoncer en filigrane dans une espèce de polar où il y avait à la fois le fils d'un descendant de bourreau et un descendant de victime. Ils se trouvaient face à face et essayaient de résoudre ce problème, alors que personne d'entre eux n'a vécu la tragédie de la guerre d'Algérie », raconte l'auteur franco-marocain. Une histoire qui, ajoute l'auteur, représente avant tout une ode à la paix, au désir d'avancer, de bâtir des ponts, malgré les antagonismes. Lire aussi : Kebir Mustapha Ammi : « Il faut accepter que l'autre, fut-il notre adversaire, possède une part de vérité » « Si c'est difficile, on peut quand même parvenir à vivre en bonne intelligence les uns avec les autres en dépit des différences que l'on peut avoir. Car la paix est aujourd'hui une nécessité, à l'heure où les guerres font rage à travers le monde », soutient l'écrivain de 73 ans. Le pouvoir de l'imagination À la question de savoir pourquoi le romancier s'est emparé d'un sujet qui date des années 60, l'auteur, qui vit le plus clair de son temps en France, considère que, plus d'un demi-siècle plus tard, on n'arrive pas à sortir de certaines problématiques et que cela devenait intenable. « Le pouvoir de l'imagination chez un écrivain, c'est quand même bien. C'est ce qu'un politique ne peut pas faire, ce qu'un historien ne peut pas faire non plus. Le romancier, lui, imagine des choses même impossibles et on lui accorde cela », décrit Kebir Mustapha Ammi, selon qui son roman lui a permis de faire converger deux personnes que tout oppose, sinon la tragédie de la guerre d'Algérie. « Le coiffeur aux mains rouges » est un miroir tendu pour voir ou approcher, sinon saisir, ce qui se passe sous le visage tranquille des choses », conclut le romancier.