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« Orangez le cinéma » : Briser le silence sur les violences contre les femmes dans le 7ème Art
Publié dans L'opinion le 26 - 11 - 2025

Le cinéma marocain sort de l'ombre des tabous. La campagne nationale « Orangez le Cinéma », lancée depuis la Cinémathèque marocaine, place la lutte contre les violences faites aux femmes au centre du 7ème Art. Une étude choc de l'Association des Rencontres Méditerranéennes du Cinéma et des Droits de l'Homme (ARMCDH) révèle que 80% des professionnelles du secteur ont subi des abus, qu'ils soient sexuels, psychologiques, économiques ou physiques. L'initiative transforme ainsi les salles, les écoles et les plateaux en espaces de sensibilisation, avec projections, ateliers et concours de courts-métrages, et vise à instaurer une culture de tolérance zéro.
Le Maroc a donné, depuis la Cinémathèque marocaine du CCM, le coup d'envoi de la campagne : «Orangez le Cinéma», première initiative nationale entièrement consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes dans le secteur cinématographique. Portée conjointement par l'Association des Rencontres Méditerranéennes du Cinéma et des Droits de l'Homme, (ARMCDH), ONU Femmes, le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication et le CCM, cette opération s'inscrit dans la dynamique mondiale «Orange the World» et dans le cadre des «16 jours d'activisme contre les violences fondées sur le genre».
Mais loin d'être un simple événement symbolique, cette campagne se fonde sur une réalité alarmante : une étude de terrain menée par l'ARMCDH a révélé que 80% des femmes travaillant dans le cinéma au Maroc ont subi au moins une forme de violence, qu'elle soit sexuelle, psychologique, économique ou physique. Un chiffre déstabilisant, qui donne à l'initiative toute son urgence et sa légitimité, et qui rompt enfin un silence longtemps dénoncé par les professionnelles du secteur.

Un constat brut qui fait vaciller

Selon l'étude, la violence sexuelle figure parmi les abus les plus répandus, touchant particulièrement les jeunes actrices et les femmes en début de carrière. Ce phénomène, rarement signalé par peur de rétorsion ou de perte d'opportunités, traduit un rapport de force profondément déséquilibré entre celles qui aspirent à intégrer la profession et ceux qui détiennent les clés du casting, de la production ou de la technique.
La dimension psychologique est également centrale : elle représente la forme de violence la plus récurrente, selon le rapport. Elle s'exprime à travers l'humiliation, l'intimidation, la manipulation ou la mise en concurrence toxique – autant de stratégies tirant parti de la précarité et des rapports hiérarchiques. L'étude relève aussi des cas de violence économique, souvent liés à l'opacité des contrats, au flou des missions ou à la faiblesse structurelle des statuts professionnels dans les métiers techniques et de production.
En miroir de cette vulnérabilité, l'ARMCDH souligne que 55% des étudiants dans les écoles de cinéma sont des femmes, un chiffre qui illustre la féminisation rapide de la filière mais aussi l'urgence de créer des environnements de formation et de travail sûrs, équitables et respectueux.

Le cinéma, levier de transformation

Pour le directeur du CCM, Mohamed Réda Benjelloun, la campagne ne se limite pas à un engagement moral : elle s'inscrit dans une vision stratégique visant à professionnaliser le secteur et à en faire un levier culturel ancré dans les valeurs d'égalité et de dignité. Il rappelle que le cinéma, espace de création et de projection collective, doit devenir un milieu «dépourvu de toute forme de discrimination» et assumer son rôle moteur dans la diffusion d'un imaginaire social exempt de violence.

La directrice de la Cinémathèque marocaine, Narjis Nejjar, abonde dans ce sens. Pour elle, la violence contre les femmes «n'est ni une fatalité ni une donnée immuable», et le cinéma, par son pouvoir d'influence, doit contribuer à façonner une société où l'égalité n'est pas un idéal abstrait mais une norme culturelle.
La présidente de l'ARMCDH, Fadoua Maroub, détaille les étapes d'une campagne conçue comme un processus continu. Tout commence dans les écoles et instituts de cinéma, où des rencontres de sensibilisation sont menées pour instaurer des bases saines dès la formation. Vient ensuite un concours national de courts-métrages, invitant les étudiants à traiter du thème de la violence basée sur le genre. L'actuelle phase marque l'entrée de la campagne dans toutes les salles de cinéma du pays, où un film de sensibilisation sera projeté avant chaque séance.
Cette entrée dans le circuit commercial représente un changement d'échelle majeur : le message ne vise plus seulement les professionnels, mais le grand public, pour briser un tabou qui, selon Maroub, a été «longtemps passé sous silence».

Entre choc, adhésion et appel à l'action

Le vice-président de la délégation de l'Union Européenne au Maroc, Daniel Doto, voit dans cette initiative une démonstration d'engagement collectif : «La parole peut briser le silence, et l'action peut combattre l'indifférence». Une vision que partagent de nombreuses institutions partenaires.
Du côté des écoles, Hakim Belabbes, directeur de l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et du cinéma (ISMAC), adopte une position ferme : la violence et le harcèlement constituent une «ligne rouge». Il rappelle que nombre d'étudiantes approchant la fin de leur cursus aspirent à devenir productrices, un espace de responsabilité où la représentation féminine doit être protégée et renforcée.
Son témoignage met en lumière une réalité inquiétante : certaines candidates se présentent aux castings dans un état de méfiance, marqué par des expériences traumatisantes antérieures. Cette situation crée une relation déséquilibrée entre elles et les superviseurs, et souligne la nécessité d'un cadre éthique clair, renforcé par la campagne.
L'ampleur des violences révélée par l'enquête rend évidente l'importance de cette campagne. Elle intervient dans un moment charnière où le cinéma marocain gagne en dynamisme, en diversité et en visibilité internationale. Face à cette évolution, la question du respect des droits des femmes devient un enjeu central, autant artistique qu'économique.
Benjelloun rappelle que l'avenir du cinéma passe par une professionnalisation réelle, et qu'aucun modèle de développement ne peut durablement s'appuyer sur un milieu miné par la violence, l'impunité ou la peur. Le CCM s'engage ainsi à collaborer avec ses partenaires pour instaurer une culture de tolérance zéro.
Repères

Prévalence des violences psychologiques
Sur la base des expériences personnelles des interviewés dans le cadre de l'étude de l'Association des Ren- contres Méditerranéennes du Ciné- ma et des Droits de l'Homme (ARM- CDH), parmi toutes les violences vécues (ou/et témoignages), les violences psychologiques s'imposent, encore une fois, comme la forme qui prévaut dans le secteur du cinéma au Maroc, soit 40% par rapport au total. Sur le plan de la hiérarchie organisationnelle du cadre d'exercice de la profession, ces violences sont réparties à titre égal entre violences horizontales, c'est-à-dire commises par des assistants techniques envers des assistantes techniques, ou entre professionnelles relevant de la même catégorie, et violences verticales, c'est- à-dire commises exclusivement par des réalisateurs envers des assistantes techniques.
Les chiffres du fléau
L'enquête menée par l'ARMCDH auprès de l'opinion publique montre que la majorité des personnes interrogées est consciente de la réalité des violences basées sur le genre (VBG) dans le secteur du cinéma au Maroc. Au total, 69,1% estiment que ces violences y sont présentes, dont 20,8% les jugent «très présentes» et 40,8% «présentes». Les 30,9% restants considèrent qu'elles sont plutôt relativement ou faiblement fréquentes. Concernant les formes de violences les plus souvent évoquées, l'enquête en ligne révèle que : 74,6% des répondants citent en premier lieu les violences sexuelles, suivies par les violences économiques (67%), puis les violences psychologiques (64,1%). Les violences physiques ont été citées par seulement 19,1%.


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