Porté par une ambition affirmée de souveraineté numérique, le Maroc accélère sa transition vers l'intelligence artificielle. Entre structuration institutionnelle, montée en compétence des talents, déploiement de projets concrets et création d'infrastructures dédiées, le Royaume entend se positionner comme un acteur régional de référence. Le Maroc accélère sa transition numérique, plaçant désormais l'intelligence artificielle au cœur de son modèle de développement. Lors de la 2e édition de l'AI Institute lancé par Holmarcom, la ministre de la Transition numérique, Amal Fellah, a affirmé que la révolution de l'IA n'était plus un concept lointain mais une réalité en marche, porteuse d'un changement de paradigme qui redéfinit la manière de produire, d'apprendre et d'organiser les activités économiques. Le Royaume affiche une ambition claire : construire une souveraineté numérique fondée sur l'innovation, la maîtrise des technologies stratégiques et le développement massif des compétences nationales. Cette dynamique s'appuie sur un écosystème déjà foisonnant mais qui nécessitait un cadre, une vision et un pilotage centralisé. Le ministère a ainsi joué un rôle structurant dans l'organisation de ce mouvement, tandis que l'AI Institute de Holmarcom s'impose comme un pont entre la recherche académique et le monde professionnel. En un an, cette initiative a permis de tester des concepts, de déployer des cas d'usage concrets et d'intégrer l'IA dans les processus internes du groupe, transformant la manière de travailler et de décider. Elle constitue également un outil de formation qui prépare les jeunes talents aux nouveaux métiers de l'IA, car la montée en compétences demeure l'un des leviers essentiels de souveraineté. Les Assises nationales de l'Intelligence artificielle, organisées en juillet, ont posé un jalon stratégique. Elles ont permis d'élaborer une feuille de route nationale alignée avec les orientations royales, identifiant treize secteurs prioritaires à moderniser grâce à l'IA. L'Intelligence artificielle a ainsi été replacée au cœur de la stratégie Maroc Digital 2030, aux côtés de la cybersécurité et de l'Internet des objets. Pour la ministre, il n'est plus possible de concevoir la transformation numérique sans intégrer ces technologies devenues le moteur de l'innovation mondiale. Des réalisations concrètes Cette ambition se traduit déjà par des réalisations concrètes. Une direction générale de l'Intelligence artificielle a été créée au sein du ministère, chargée de diffuser les usages de l'IA dans les administrations et de piloter les projets structurants. Les sept dernières années du Bulletin officiel ont été entièrement digitalisées et dotées d'un moteur de recherche avancé. 400 procédures administratives ont été réarchitecturées grâce à l'analyse automatisée des textes afin de simplifier le parcours des usagers. Un vaste chantier de modélisation linguistique est en cours, nourri par 30.000 heures de données vocales et un corpus de 80 milliards de mots pour construire des solutions conversationnelles en darija et en arabe. Le Maroc prépare aussi l'avenir avec le réseau d'instituts Jazarin, dédié à l'innovation en IA, énergie, santé et éducation. Douze centres régionaux verront le jour afin de rapprocher chercheurs, startups et donneurs d'ordre tout en transformant la recherche en applications industrielles. L'institut de Rabat verra le jour en janvier 2026 et se spécialisera dans la gouvernance des données publiques. Par ailleurs, le Maroc a été sélectionné par le PNUD comme hub digital pour l'Afrique arabophone, consacrant son rôle de moteur régional dans le développement de solutions numériques souveraines et collaboratives.